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Citations sur Exploiter les vivants (13)

L'abondance ne doit pas s'entendre comme un antonyme de la sobriété mais comme la multiplication des relations humaines et autres qu'humaines qui garantissent une satisfaction plus complète des besoins socio-naturels.
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D'un point de vue d'une écologie de classe, la principale contradiction à laquelle font face les travailleurs provient de leur dépendance au salaire, condition de leur subsistance. [...] Fonder la subsistance sur le salaire implique donc une dépendance au marché de l'emploi et au marché de la consommation. [...] Une écologie des travailleurs doit donc arracher la subsistance au salaire, c'est à dire arracher la reproduction sociale à la production capitalisation responsable de l'exploitation et de l'écocide. [...] Cette marchandisation de la vie est l'effet d'une séparation avec les conditions naturelles et sociales de la subsistances. [...] Le salariat reproduit en permanence cet acte inaugural en privant les individus des moyens socio-écologiques de satisfaire leurs besoins sans passer par le marché. (p. 163)
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Les travailleurs et les personnes qui dépendent de leur revenu font face à un dilemme : défendre la réduction de la production ou bien défendre leur salaire. Idéologie du capital, cette alternative entre production de la planète et préservation des conditions salariales ne relève pourtant pas d'une simple stratégie de diversion. Elle vise à constituer un bloc hégémonique transclasse où les travailleurs et les capitalistes font face à un mouvement écologiste décroissant qui s'opposerait à leur intérêt commun, la poursuite illimitée de la production. Idéologique, elle l'est encore puisqu'elle nie la possibilité d'une diminution de la production sans réduction du salaire ou du nombre d'emplois. Or, on peut très bien réduire le temps de travail et donc le volume de la production sans toucher aux salaires et aux emplois. Ce sont les profits qui en seraient réduits, non les revenus du travail. (p.150)
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Pas de profit sans exploitation du travail salarié ni sans dépossession des produits des activités humaines et autres qu'humaines d'engendrement du monde. Si toute la valeur produite était rémunérée, il n'y aurait plus de profit.
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Je propose d'utiliser la catégorie de subsomption totale de la vie pour désigner l'étape caractéristique du biocapitalisme contemporain. La modification génétique du vivant ouvre une nouvelle étape dans la subsomption de la nature. A certains égards, il ne s'agit que d'une accentuation des formes anciennes. Mais la modification de la vie à l'échelle de l'ADN pour la rendre plus productive marque aussi une rupture historique dans les formes de l'appropriation. Bien que la subsomption totale façonne aussi les paysages, elle échappe à la perception sensible. [...] Rupture historique, la subsomption totale de la vie par le capital implique à la fois une transformation des processus d'engendrement du vivant à l'échelle de la structure génomique et une dépossession des connaissances sur la vie elle-même. Par la subsomption totale du vivant, le capital déclare la guerre aux communs naturels et aux communs de la connaissance. (p.128)
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Les usages productifs de la nature ne sont pas nécessairement destructeurs. De même que l'appropriation sociale de la nature peut être déprédatrice ou non selon selon qu'elle respecte les conditions de "reproduction écosociale" de la vie, de même la mise au travail peut être holocénique ou anthropocénique, soutenable ou aliénée. Je reprends à Anna Tsing l'idée qu'il existe différents modes d'existence de la nature selon le type de relation que les sociétés humaines entretiennent avec elle. Holocéniques sont les relations qui assurent les conditions d'une reproduction de la biodiversité et d'une richesse des écosystèmes, anthropocéniques sont celles qui tendent à appauvrir les milieux par la simplification et la réplication à l'identique des mêmes espèces, c'est-à-dire par la standardisation des milieux enrôlés dans la production humaine.
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Les peuples de collecteurs-chasseurs développent de nombreuses pratiques d'appropriation, par prélèvement ou prédation. La littérature anthropologique montre cependant que ces pratiques d'appropriation sont rarement gratuites : elles impliquent le plus souvent une réciprocité matérielle ou symbolique. Ce qui est pris doit être rendu. Le métabolisme des sociétés et de leur milieu est garanti par des rapports sociaux qui assurent la reproduction des conditions d'un échange permanent de matière, d'énergies et d'esprits.
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Si [le cheval] résiste à sa mise au travail, c'est qu'il ressent l'activité qu'on lui impose comme une contrainte qui le prive d'agir comme il le voudrait. Un élément important apparaît ici. L'aliénation suppose une expérience de la dépossession, c'est-à-dire une forme de conscience - même minimale - de la privation d'autonomie. L'un des signes de cette conscience est la résistance que suscite la mise au travail. La littérature sur les révoltes animales témoigne de nombreux cas où des animaux ont refusé de se plier aux exigences d'une rationalité économique.
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Ce programme philosophique vise à inventer de nouveaux imaginaires politiques et à éviter deux écueils des pensées contemporaines du vivant. Le premier renvoie aux théories de la libération animale qui formulent le problème de l'exploitation dans les termes d'une éthique, c'est-à-dire du type de comportement conforme à ce qui est défini abstraitement comme bien ou mal. Dans la plupart de ces travaux, les animaux apparaissent seulement comme des êtres souffrants, des victimes de l'exploitation humaine. Mais leur agentivité - leur capacité à entrer en relation ou en résistance, à collaborer ou à refuser le travail - est complètement niée. Les animaux ne peuvent rien nous apprendre. Il s'agit là d'un paternalisme moral dont témoignent aussi des analogies nombreuses avec l'antiracisme moral et le féminisme libéral que contiennent les textes sur la libération animale. En somme, le problème de la mise au travail relèverait seulement d'une injonction morale à "ne pas faire de mal", non du désir de transformer des rapports sociaux fondés sur une division du travail et de la propriété privée. Enfin, en se focalisant sur les animaux définis par leur individualité ou leur espèce, ces théories rejouent un aveuglement très moderne sur la richesse des relations écologiques interspécifiques.
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Dans la mesure où les capitalistes ont besoin de travailleurs prêts à vendre leur force de travail contre un salaire, ce mode de production suppose leur séparation d'avec leurs conditions naturelles de subsistance. Le capital ne peut se constituer que quand les travailleurs et les travailleuses n'ont plus accès à la terre et aux moyens de production agricole. Alors, contraints de vendre leur force de travail sur le marché, les producteurs directs se prolétarisent. Dans ce grand mouvement d'enclosure, les capitalistes brisent les liens entre la paysannerie et la terre, accumulent des moyens de production, transforment la force de travail en marchandises.
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