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EAN : 9782354802721
160 pages
Editions Amsterdam (18/08/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Une synthèse originale qui replace les rapports de domination au cœur de l’écologie politique.

Selon une ritournelle de la politique contemporaine, « l’écologie commence à la maison ». Du style de vie à la consommation raisonnée, nous serions, en tant qu’individus, les sujets de la transition environnementale. Voilà comment, d’un même geste, on instaure une gouvernementalité écopolitique et l’on masque les rapports de pouvoir qui structurent le désast... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Bien que j'ai trouvée la lecture un peu ardue par moment, j'ai beaucoup apprécié les prises de position de l'auteur et ses liens vers des théories anti-impérialistes, anti-coloniales et féministes concernant la division sociale du travail et comment ce dernier aliène, dépossède et dévalorise les forces qui la constituent.

Pareillement, j'ai été positivement surprise par le deuxième chapitre qui aborde la "mise au travail" des vivants non humains et la part ou non d'agentivité et d'aliénation au travail de ces derniers. Une approche que je n'avais jamais retrouvée auparavant dans des essais écoféministes comme écologistes ou anticapitalistes, c'est super intéressant et ça fait du bien !

Enfin, l'auteur m'a fait découvrir différents travaux sur les stratégies écologistes possibles pour lutter contre le capitalisme écocidaire actuel. Toujours via l'angle du travail, j'y ai appris beaucoup de choses sur l'écologie prolétarienne ainsi que sur le communisme de la décroissance. On y lit aussi de belles piques envers les apôtres du "mieux consommer", les voitures électriques des classes sup' dont le lithium est extrait par des gosses en Afrique, et la nouvelle ruée sur des produits bio/écolo/verts qui favorise tout de même la surproduction et le capital.

Bref, pas toujours fluide à lire pour moi, sûrement plus pour des gens au bagage universitaire plus conséquent, mais un vrai plaisir que de lire un essai sur le rapport travail-nature dans une approche évidemment de lutte des classes mais qui fait la part belle aux écrits antiracistes/impérialistes et féministes !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Selon Thimothy Mitchell, la transition du charbon au pétrole à partir des années 1910 s'expliquerait en effet par la volonté de briser le pouvoir politique du mouvement ouvrier. [...] Grâce à la matérialité du charbon, le mouvement ouvrier acquiert une plus grande autonomie politique. Mitchell avance trois raisons pour expliquer le pouvoir ouvrier sur les infrastructures fossiles. La première tient à la géographie de la mine. Avant la mécanisation des techniques d'extraction, le prélèvement et le transport du charbon du sous-sol à la surface suscite "la création de lieux et de méthodes de travail caractérisés par une autonomie inhabituelle". [...] La deuxième raison du pouvoir des mineurs tient à la matérialité de la ressource elle-même. Difficile à déplacer par voie maritime, le charbon circule grâce aux infrastructures ferroviaires. Cette centralité des voies terrestres autorise des alliances efficaces entre mineurs et cheminots. [...] Enfin, la dernière raison du pouvoir acquis par les travailleurs dans la seconde phase de l'économie fossile tient à la maîtrise sociotechnique de l'espace économique. Tous les grands centres industriels et militaires de l'Angleterre du XXe siècle sont reliés entre eux par des infrastructures ferroviaires à des mines de charbon. Les usines et l'armée coloniale dépendent de cette ressource éminemment politique. Une grève des mineurs ou des cheminots peut facilement paralyser ces secteurs clés du capitalisme colonial. (p.47)
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Ce programme philosophique vise à inventer de nouveaux imaginaires politiques et à éviter deux écueils des pensées contemporaines du vivant. Le premier renvoie aux théories de la libération animale qui formulent le problème de l'exploitation dans les termes d'une éthique, c'est-à-dire du type de comportement conforme à ce qui est défini abstraitement comme bien ou mal. Dans la plupart de ces travaux, les animaux apparaissent seulement comme des êtres souffrants, des victimes de l'exploitation humaine. Mais leur agentivité - leur capacité à entrer en relation ou en résistance, à collaborer ou à refuser le travail - est complètement niée. Les animaux ne peuvent rien nous apprendre. Il s'agit là d'un paternalisme moral dont témoignent aussi des analogies nombreuses avec l'antiracisme moral et le féminisme libéral que contiennent les textes sur la libération animale. En somme, le problème de la mise au travail relèverait seulement d'une injonction morale à "ne pas faire de mal", non du désir de transformer des rapports sociaux fondés sur une division du travail et de la propriété privée. Enfin, en se focalisant sur les animaux définis par leur individualité ou leur espèce, ces théories rejouent un aveuglement très moderne sur la richesse des relations écologiques interspécifiques.
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Je propose d'utiliser la catégorie de subsomption totale de la vie pour désigner l'étape caractéristique du biocapitalisme contemporain. La modification génétique du vivant ouvre une nouvelle étape dans la subsomption de la nature. A certains égards, il ne s'agit que d'une accentuation des formes anciennes. Mais la modification de la vie à l'échelle de l'ADN pour la rendre plus productive marque aussi une rupture historique dans les formes de l'appropriation. Bien que la subsomption totale façonne aussi les paysages, elle échappe à la perception sensible. [...] Rupture historique, la subsomption totale de la vie par le capital implique à la fois une transformation des processus d'engendrement du vivant à l'échelle de la structure génomique et une dépossession des connaissances sur la vie elle-même. Par la subsomption totale du vivant, le capital déclare la guerre aux communs naturels et aux communs de la connaissance. (p.128)
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Les travailleurs et les personnes qui dépendent de leur revenu font face à un dilemme : défendre la réduction de la production ou bien défendre leur salaire. Idéologie du capital, cette alternative entre production de la planète et préservation des conditions salariales ne relève pourtant pas d'une simple stratégie de diversion. Elle vise à constituer un bloc hégémonique transclasse où les travailleurs et les capitalistes font face à un mouvement écologiste décroissant qui s'opposerait à leur intérêt commun, la poursuite illimitée de la production. Idéologique, elle l'est encore puisqu'elle nie la possibilité d'une diminution de la production sans réduction du salaire ou du nombre d'emplois. Or, on peut très bien réduire le temps de travail et donc le volume de la production sans toucher aux salaires et aux emplois. Ce sont les profits qui en seraient réduits, non les revenus du travail. (p.150)
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Les usages productifs de la nature ne sont pas nécessairement destructeurs. De même que l'appropriation sociale de la nature peut être déprédatrice ou non selon selon qu'elle respecte les conditions de "reproduction écosociale" de la vie, de même la mise au travail peut être holocénique ou anthropocénique, soutenable ou aliénée. Je reprends à Anna Tsing l'idée qu'il existe différents modes d'existence de la nature selon le type de relation que les sociétés humaines entretiennent avec elle. Holocéniques sont les relations qui assurent les conditions d'une reproduction de la biodiversité et d'une richesse des écosystèmes, anthropocéniques sont celles qui tendent à appauvrir les milieux par la simplification et la réplication à l'identique des mêmes espèces, c'est-à-dire par la standardisation des milieux enrôlés dans la production humaine.
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