Le tome reprend deux pièces écrites à des moments fort différents de la vie de
Sacha Guitry. La première date de 1942. La seconde dans le recueil date de 1916. On sait les rapports "mixtes" entretenus par
Guitry avec l'occupant nazi, mais la première pièce reste un marivaudage assez classique. Une seule allusion est faite à l'occupation quand le personnage joué par
Guitry signale qu'il tient la boutique d'antiquité pour "dépanner un ami". On comprend que cet ami est juif et ne peut exercer de commerce. Mais la formulation exacte reste ambiguë.
N'écoutes pas Mesdames débute par un long monologue dans lequel
Guitry s'adresse au public... pardon ! au Public, car
Guitry aime choyer ses ouailles. le public se prend une majuscule, bien sûr. L'homme va raconter ses déboires au public qui s'en délecte, il n'attend que cela. Et quand sa femme va elle aussi s'adresser au public en fin de pièce, il le lui reproche et elle se justifie: lui aussi l'a fait.
Entre les deux moments, on a droit à un marivaudage classique. Il est cocu, mais pas vraiment. Elle cherche ailleurs, mais pas tant que cela. Sa première femme revient sur une méprise. Pendant ce temps, la seconde femme lui présente son meilleur ami parti en amérique du sud, qu'elle ne connaît pas. Lui croit que
Guitry est toujours marié à la première femme qui est là, etc. Les portes claques, les malles vont et viennent. On devine que
Guitry cabotine un maximum et que le public rit et s'esclaffe à chaque réplique.
La seconde pièce est encore plus classique, si c'était possible.
Guitry est l'amant d'une femme mariée. Profitant d'une soirée d'affaires de son mari, elle vient retrouver son amant. Hélas, ils s'endorment et se réveillent le lendemain... Comment va réagir le mari qui saura qu'il est cocu...? Mais voilà que le mari débarque, il a lui-même découché et vient s'en épancher chez l'amant de sa femme, et il ignore, suprême extase, que sa femme est dans la pièce voisine...
Deux exemples fort classiques, donc, de ce qu'on appelle le
théâtre de boulevard.
Guitry se donne le beau rôle, l'amant qui tombe les femmes. C'est plus pratique quand on écrit la pièce et qu'on veut se faire applaudir quand on entre en scène. Courtes répliques la plupart du temps, des dialogues qui font mouche et doivent provoquer les rires du public. Les décors sont de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell... euh non, pas ici.