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Critique de Nastasia-B


Quadrille est un joli petit vaudeville, écrit avec la délectable finesse qu'on connaît à Sacha Guitry, mais avec cette nuance douce-amère et un peu grave qui le démarque des autres vaudevillistes.
En effet, c'est un vaudeville, avec tout ce qui fait son charme, son lot de cocus et de relations adultérines avortées ou cocasses ou incroyablement plus compliquées qu'elles ne le paraissaient au départ, avec les charmes raffinés de la société bourgeoise, avec ses quiproquos à gogo, oui, avec tout ça donc, mais ici il y a plus.
Si l'on creuse un tout petit peu, on s'aperçoit que ce vaudeville sent le vécu, que ce vaudeville sent la vie privée de son auteur.
Si le Philippe de Morannes s'appelait Sacha Guitry et si la Paulette Nanteuil de la pièce s'appelait Yvonne Printemps (seconde épouse de Guitry), alors vous auriez une histoire qui mime la vraie rupture entre l'auteur et sa femme. Si la Claudine André de Quadrille s'appelait en réalité Jacqueline Delubac (troisième épouse de Guitry) vous auriez le calque exact du ressenti d'un homme qui se sent vieillissant auprès d'une femme plus jeune, tel que Sacha Guitry l'était auprès de Jacqueline Delubac.
Il y a donc un je-ne-sais-quoi d'une incroyable sincérité dans cette pièce en quatre actes, quelque chose d'une grande lucidité, quelque chose d'une amertume vécue, quelque chose d'une désillusion réelle sur les relations hommes/femmes.
Très intéressant est le personnage de Paulette Nanteuil car elle est tout sauf une femme facile, elle est sincèrement amoureuse, du moins le croit-elle, mais elle est soulevée, tel un fétu de paille par un raz-de-marée, lorsqu'elle rencontre un homme qui fait frétiller son coeur au-delà de toute limite, au-delà de toute raison, au-delà de tout contrôle. Ce sont ses chairs qui parlent et non plus sa tête, le magnétisme est trop fort, trop inéluctable pour qu'une quelconque barrière, un quelconque verrou puisse entraver une liaison évidente, naturelle, obligatoire.
L'histoire, en deux mots : Philippe de Morannes est le directeur d'une journal de Paris et vient interviewer une star de Hollywood, le bellâtre Carl Hérickson dont toutes les femmes sont éprises. À son rendez-vous, Philippe rencontre Claudine André, une journaliste qu'il a connue il y a quelques années et qui connaît désormais un certain succès en tant que pigiste pour des journaux américains. Philippe est surpris de l'avantageuse transformation physique de Claudine qu'il avait connue plus insignifiante.
Philippe, de son côté, est le concubin d'une actrice en vue, Paulette Nanteuil, qu'il envisage d'épouser… Quatre personnages, deux hommes, deux femmes, tout ce qu'il faut pour danser un quadrille admirable et effectuer de jolies figures !
Très finement observé, très finement écrit, très finement décrit, j'ai pris grand plaisir à cette pièce, sauf peut-être à son final un peu trop convenu. Mais, une fois encore, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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