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Critique de latina


latina
05 décembre 2017
Ah les jeunes !
Paul Guth, dans ses lettres à son neveu, dit les aimer, mais pourtant il n'arrête pas de les critiquer. Ils sont lâches, ils sont veules, ils sont mous, ils sont incapables d'aligner deux phrases correctes, ils réclament la liberté sans savoir ce que c'est vraiment... « le délire de notre société te pilonne, te broie, te lessive le cerveau. A la fin de tes études, l'école te jette à la rue, pour affronter la vie, hagard, titubant, vide. » Je m'arrête parce que je sens que je vais m'énerver.

Dans une diatribe enflammée, Guth lance l'anathème contre les jeunes et leurs parents qui les ont mal élevés, eux-mêmes influencés par une société où règne la violence, la lâcheté, et... le porno (ah, il n'arrête pas de parler du porno, faut croire que ça l'obsède). C'est la faute aux femmes, aussi, qui travaillent, qui abandonnent leurs pauvres petits enfants à leur sort. Femmes qui n'allaitent plus, qui ne cajolent plus, abruties qu'elles sont par la fatigue et leur labeur idiot (car le travail abrutit, vous êtes d'accord !)
Femmes qui veulent « singer » l'homme, qui veulent s'affranchir de leur protecteur d'antan et oser vivre indépendamment de lui. C'est la faute aux mécréants, également, qui ont renié Dieu et l'Eglise. C'est la faute aux homosexuels, tous plus ou moins pédophiles.
Je m'arrête encore une fois, mon énervement atteint ses limites.

Et puis, Paul Guth, c'est l'Ecrivain qui manie la plume avec délectation, lui qui a été nourri par le latin et par des maîtres qui lui ont fait découvrir les subtilités de nos classiques.
Et puis, Paul Guth, c'est l'enfant gentil et bien élevé, obéissant à ses parents sans rechigner.
Et puis, Paul Guth, c'est l'adolescent respectueux des jeunes filles, c'est l'élève-modèle premier en tout.
Et puis, Paul Guth, c'est le mari aimant, amant magnifique.
Et puis, Paul Guth, c'est le citoyen responsable, fier de la France d'autrefois, intellectuel respectueux du travail manuel.
Paul Guth est parfait, vous ne le saviez pas ?

Je sens que mon énervement me dépasse. Donc, pour me calmer, je vais quand même reconnaitre mon acquiescement à sa théorie « intérieure » : oui, il faut cultiver son jardin intérieur, sa musique intérieure. Oui, l'être humain ne peut s'accomplir qu'à partir de lui-même, en se forgeant avec droiture et confiance. Cela lui donnera de bonnes bases pour affronter le monde, mais aussi pour en saisir toutes les nuances et les respecter.

Paul Guth doit vraisemblablement se retourner dans sa tombe en voyant ce qu'il se passe aujourd'hui...car ses fameuses lettres, il les a écrites en 1975, alors qu'il avait 66 ans.
Si j'accepte certaines de ses idées (et encore, en prenant des gants), je refuse tout bonnement ses flèches empoisonnées. Lui qui se dit apôtre de la nuance, il n'en a fait preuve d'aucune.
Ca ne m'étonne pas que son neveu en ait eu ras-le-bol.
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