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Citations sur Ubasute (27)

Elle aime les poètes comme on aime une soupe - sans avoir jamais osé l'avouer à personne, la comparaison étant fort peu poétique -, elle aime goûter chacun des mots comme elle s'amuse encore à laisser fondre chaque légume qui compose le potage. La douceur de la courge et l'amertume du fenouil.
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Vois-tu, mon petit roi, il y a des gens qui se perdent entre les lignes d'un livre comme d'autres se perdent dans la nuit. Ils parcourent les chemins d’encre en passant la tête à travers les personnages qu'ils ont choisis. Ils ressentent leurs peurs, leurs désespoirs, leurs désirs, leurs soifs, leurs passions et, l'ouvrage refermé, les emportent dans leur cuisine ou dans leur lit. Quelques fois même, ils le tiennent prisonnier dans leurs propres greniers, dans leurs caves les plus secrètes, forçats sur leurs routes intimes, ils ne veulent plus s’en séparer, ils préféreraient même mourir que les abandonner.
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Ils ne forment plus qu'un seul et même corps, informe, dont on ne saurait reconnaître les bras des jambes. Une seule et même douleur en mouvements presque imperceptibles. Ni l'un ni l'autre ne savent encore s'ils auront la force de s'arracher, de se dénouer. Le fils avance très lentement, il lui semble que sa mère s'est endormie dans son dos.
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Son corps et elle avaient toujours vécu heureux l'un en l'autre, frère et soeur de coeur et d'âme. Il était son allié, son élan, ses colères, celui qui l'avait faite femme et mère. Et puis, un jour sans prévenir - elle s'en souvient -, la trahison, inattendue et violente.
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J'étais néanmoins en bonne compagnie car l'hospitalité de mon imagination n'est plus à prouver. Depuis quelques années maintenant, les portes s'ouvrent facilement et il y fait douillet.
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Les gens s’imaginent que la perte, celle d’un être ou d’un objet, nous rend plus sensible. C’est faux, notre sensibilité se nourrit de ce que l’on nous donne et certainement pas de ce que l’on nous prend. Comment croire que le vide, l’absence, nous rend plus riche, nous fait approcher au plus près cette complicité avec le monde ? (page 75)
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L'Ubasute est une tradition ancestrale japonaise : lorsqu'une personne se sent proche de la mort, on l'abandonne dans la montagne pour qu'elle finisse ses jours.
Ici, Marie sait qu'elle va mourir et demande à son fils de l'emmener sous le grand rocher. Celui-ci va donc porter sa mère et au cours de ce périple celle-ci va se livrer et dérouler le fil de sa vie, dire ce qu'elle n'a jamais dit, offrir à son fils le récit de ses années passées. Epouse, mère, femme, Marie dévoilera tous les pans de sa vie par petites touches, telle un peintre.

C'est un court roman poétique, intense qui pose les grandes questions de la vie et de la mort, fait de silences, d'ellipses, de souvenirs... Une lecture qui m'a beaucoup touchée.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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C’était arrivé il y a quelques années, cinq, six peut-être, après que la photo a été prise. Le pays s'est arrêté, les écoles fermées, les familles au nid, le monde était suspendu au souffle de l'humanité qui vacillait. Un souffle devenu court, si court que certains en perdaient la vie.
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Tu essuyais tes mains sur ton vieux tablier de gros coton bleu, finissais de laver bols et cuillères et reprenais le livre commencé bien avant notre réveil alors que nous franchissions le seuil en criant, promis maman, on sera là à midi.
Des livres il y en avait plein la maison, dressant des hauteurs d’isolation improvisée le long des murs, dessinant des labyrinthes qui changeaient selon tes humeurs ou tes découvertes. Une fois par an, en plein été, lorsque tu restais seule avec nous de longs mois, tu décidais de les trier, classer, donner, ranger. Tu ouvrais alors toutes les fenêtres de la maison, pour aérer, les livres c’est plein de poussière, et commençais la journée par le premier que tu avais sous la main. Je restais assis sur la marche du milieu de l’escalier qui menait aux chambres et je te regardais les caresser, les palper, les respirer. Ils devenaient, entre tes mains, de petits mondes à l’intérieur desquels êtres de papier vivaient, aimaient et mouraient. Tu les ouvrais et plongeais, ressortais, la peau encore un peu mouillée, les cheveux froissés, le regard quelque fois hagard ou la bouche dessinée d’un drôle de sourire et les refermais. Peu à peu les tas se déplaçaient, disparaissaient pour grandir ailleurs, dans le couloir, dans le salon, sous le bureau. Au bout de deux ou trois heures, notre espace de vie avait pris forme nouvelle, d’autres chemins creux se dessinaient, des plaines dégagées voyaient le jour, la lumière jouait des partitions originales sur les murs. Tu levais alors la tête, me regardais, l’air d’une presque noyée, que fais-tu là ? tu n’es pas avec tes sœurs au jardin ? et sans attendre ma réponse, regagnais la cuisine. Tu n’avais ni trié, ni classé, ni donné, ni rangé.
L’après-midi, après le déjeuner, alors que nous étions censés nous reposer et fuir la piqure du soleil, allongé sur mon lit, je guettais le bruit des pages tournées. Cette fois, c’est toi qui étais assise sur la première marche de l’escalier (je n’ai jamais vraiment compris pourquoi tu choisissais le bois dur au lieu de la tendresse du fauteuil jaune d’or qui trônait au milieu du salon), le visage penché, le corps plié, les genoux comme lutrin, je vais jeter un œil avant de m’en défaire, partie, enlevée, ravie par les mots.
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Pour finir, elle était rentrée chez elle, sous le joug des pires prévisions médicales qui la préféraient enchaînée.
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