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Critique de le_chartreux


Je remercie les Éditions du Seuil ainsi que Babelio et sa Masse Critique pour m'avoir soumis ce merveilleux roman empli d'excellentes surprises, au point que je pourrais pratiquement paraphraser Dostoïevski ; « Moi qui ai toujours aimé les chemins de traverse, les sentiers sombres au bas de la route principale - là-bas, au beau milieu des Anémones Sauvages, se trouve de la belle aventure et beaucoup de surprises, ainsi que du métal précieux caché dans la terre ».
Mais de ça vous vous en serez doutés car dès que quiconque ose pénétrer le domaine des fées – si le courage ou la folie ne lui fait pas défaut – il y a toujours quelques leprechauns pour lui promettre monts et merveilles… à moins que ce soit la damnation éternelle.

Les Anémones Sauvages est un très beau roman, bien emmené, et très bien écrit ; il est difficile de le reposer pour reprendre son souffle.
Mais que voulez-vous, il faut bien prendre le thé…

Ce roman possède toutes les qualités d'un joli succès.
Au départ, il y a eu la guerre ; on parle ici de la Seconde, à peine moins pire que la Première. Mais est-ce vraiment une surprise car il y a la guerre depuis que les hommes foulent cette Terre. Et si les guerres font pléthore de victimes parmi la poignée d'hommes qui les déclenchent, ou parmi les cohortes de ceux qui la nourrissent (bien plus nombreux), ou dans la masse grouillante de tous les autres qui la subissent (encore plus nombreux, parfois pusillanimes, parfois lâches ou poltrons, souvent ici ou là par le plus malheureux des hasards), elle étend bien davantage son bras vengeur et séculier parmi les femmes qui ne se relèvent que difficilement de ce désastre.

Mais au départ, il y a aussi la bêtise et l'honneur. Qui sont un peu la même chose.

Le fils part à la guerre ; il est résistant. A lui seul, il sauve ainsi plusieurs générations de pleutres. Mais son combat n'est pas sans dangers car il affronte aussi bien l'ennemi nazi, que l'ennemi français de l'intérieur.
Alors il meurt, introuvable, dispersé aux quatre vents avec les cendres de l'Histoire ; on enterrera un cercueil vide et avec lui l'avenir radieux de ses soeurs.
L'heure devient grave car le garçon « disparu » emporte avec lui l'espoir que le seul homme de la maison puisse un jour reprendre la ferme. Il convient désormais de sauver les meubles ; c'est-à-dire qu'il revient aux deux cadettes la tâche ingrate de se marier « raisonnablement ».

Alors que Blanche, l'aînée, soit amoureuse d'Henri, le fils de la p***** du village, n'a aucune importance. Ce beau et gentil garçon a une tâche indélébile qui le place parmi la caste des Intouchables. Et tant pis si Blanche attend un enfant de lui ; Henri et l'enfant pourront s'en aller au diable Vauvert ! de ça, le père y tient mordicus.
Et tant pis aussi si Zélie, la cadette, est amoureuse du fils du métayer.
Tout ira de mal en pis parce que les hommes aiment à laver le linge sale en famille, en faisant bouillir et à la Javel par-dessus le marché, dussent partir toutes les couleurs et la trame s'user pour que le tout finisse en charpie…

Mais bien des années plus tard, arrivent dans ce lieu maudit Alice (10 ans) et sa mère qui fuient un autre danger ; un homme méchant, pervers et narcissique.
Cela les entraine à se réfugier au coeur du Marais Poitevin, dans l'ancien pigeonnier de la ferme aux incertitudes, là où s'était joué le drame soixante-cinq ans plus tôt.

Y seront-elles en sécurité ?
Alice pourra-t-elle jouer le rôle de sa vie au sein de cette forêt désenchantée composée de marais desséchés et de marais humides, sillonnée de milliers de kilomètres de fossés, de canaux et de rigoles creusés, de trous d'eau dangereux, et de ces millions d'arbres plantés pour fixer les berges qui sont autant de témoignages d'une relation étroite avec l'eau et - Alice en est certaine - avec le monde des fées.

Ce roman est magistral.
Comme la force des femmes à remettre la vie au centre de la vie.
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