AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Verteflamme


Parallèlement à ma lecture de la Guerre des Mondes, qui fut assez rapide, j'ai lu le début d'une biographie de Wells, ainsi que la riche préface, et je compte écouter l'émission de France Culture sur Wells en tant que visionnaire. J'ai donc lu la première attaque de martiens (ou marsiens, dans les premières éditions, preuve que ce n'était même pas dans le langage) de l'histoire de la littérature. Bien que les histoires d'invasions par l'ennemi soient fréquentes, celle d'une "guerre" extrêmement inégale et d'un affrontement entre Martiens et humains terriens est réellement novatrice.

Sur le plan politique, est remise en question la grandeur humaine, et si tout n'est que désolation, . Est aussi remise en cause, brièvement mais de manière mémorable, la colonisation : Wells n'était pas communiste mais socialiste fabien (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabian_Society) et ironise au sujet de ce royaume si puissant et de cet immense empire, lui même réduit en miettes par les Martiens. Peut on le qualifier de livre décolonial ? Je dirais que oui.

On oppose parfois grossièrement Wells à Verne, le premier étant moins rigoureux scientifiquement, le second manquant de profondeur sociale. Je veux bien le croire, et c'est vrai qu'à ma lecture j'ai vu de la profondeur sociale et psychique : la désolation, le point de vue du vicaire (le narrateur anonyme, en n'ayant pas de compassion pour lui "il pleurniche" est peu humain, mais dans son état on ne peut le blâmer. Quand on sait que Wells était antireligieux et que sa seule croyance était l'imagination humaine, on comprend mieux que le vicaire nous agace autant), celui du soldat (qui imagine et spécule sur des élevages d'humains par les Martiens - à mon sens, il est aussi question de la manière dont nous traitons les animaux)... Scientifiquement parlant, ça m'a l'air bien aussi, la description de l'atmosphère terrestre, celle des martiens... le fait que les martiens ne connaissent pas la roue alors que leurs mécanismes sont très sophistiqués m'évoque l'Amérique du Sud.

Par ailleurs, j'ai trouvé que Wells utilise parfois des procédés comme l' "ineffable" : le narrateur/témoin étant confronté à des situations inconnues, il peine parfois à décrire les Martiens car sa connaissance du monde n'est pas assez grande. Contrairement à une oeuvre fantastique, cependant, on a des explications après coup.

Je sais que la fin a déçu, mais pour ma part je trouve que scientifiquement, surtout avec les connaissances de l'époque, elle est plausible, je pense même que c'est la meilleure conclusion à donner à cette spectaculaire attaque. Deus ex machina, non, c'est tout de même amené par l'explication sur l'immunité et par l'Herbe Rouge. Des bacilles (type de bactéries), donc, mais pas de virus, le mot virus étant apparu en labo... en 1898, soit l'année de publication, et les virus n'ont été observés qu'en 1930 du fait de leur petite taille.

Une oeuvre que j'ai apprécié lire, qui possède par moment une couleur un peu apocalyptique même si c'est du court terme, au caractère précurseur indéniable, et (même si j'apprécie peu ces injonctions) qu'il faut avoir lue.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}