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Critique de ChatDuCheshire


Merci à Babelio et aux éditions Nouveau Monde de m'avoir fait parvenir ce livre, figurant sur une liste de titres que j'avais soumise dans le cadre d'une opération Masse critique.
Le sujet du livre m'intéresse, à savoir des portraits de femmes injustement méconnues. La lecture fut néanmoins extrêmement laborieuse. J'en conserve quelques pépites mais aussi le souvenir d'un ennui assez rapide à survenir. Je dus m'y reprendre à de multiples reprises et me forcer souvent. Les raisons de cette relative déception sont multiples.
Tout d'abord l'intention de l'auteur. Il s'agit de dresser des portraits de femmes choisies en raison de leur peu de notoriété. Mais après avoir annoncé ce louable projet, l'auteur déclare immédiatement une exception : Théodora, à laquelle il consacre une évocation plus longue (une trentaine de pages contre une quinzaine pour les autres) et néanmoins indigeste (à la fois trop et pas assez) probablement du fait de l'existence de sources nombreuses et sans doute plus détaillées. Pourquoi annoncer vouloir aborder des destins peu connus et mettre ensuite en exergue un destin hyper connu. Marketing ? La seule raison communiquée réside dans le fait que l'auteur n'a pu résister à cette évocation.
Autre source d'inconfort pour moi : le caractère disparate et arbitraire des destins évoqués. On y trouve de véritables épopées signifiantes sur le plan de l'histoire politique (Victoria Woodhull, Joséfina Lehnert), scientifique (Hypathia, Sophie Germain, Hélène Metzger) ou littéraire (Louise Labé, Marie de Régnier). Mais ceux-ci se trouvent mélangés sans ordre autre que chronologique à des récits de vie bien anecdotiques (une femme pirate, une femme bourreau, une contributrice à l'Encyclopédie mais dont on ignore la contribution exacte). du coup on a l'impression que l'auteur doit "gratter" pour trouver des destins de femmes intéressants, si on ne se rappelle pas bien sûr son parti pris théorique de ne traiter que de destins méconnus.
Deux autres choses m'ont également dérangée. D'abord le style de l'auteur, hésitant, parfois simple parfois nettement plus ampoulé. C'est bien d'utiliser le subjonctif imparfait mais dans ce cas il faut veiller à la concordance des temps, qui n'est pas toujours respectée.
Mais ce qui m'a le plus incommodée c'est le ton de l'auteur, que je qualifierais de "vieux jeu" et un rien machiste, étonnant au regard de la "matière" abordée. Ainsi l'auteur insiste-t-il lourdement sur le physique de ses héroïnes. Cela peut se comprendre s'il s'agit d'aborder des séductrices mais il y en a peu dans l'ouvrage qui se soient imposées uniquement par leur pouvoir de séduction. A quoi bon souligner le superbe physique d'une mathématicienne voire d'une religieuse et ce alors même que les sources existantes ne pemettent aucunement de procurer une description précise des attributs de ces dames (cas d'Hypathia, notamment). Cette obsession procure une coloration "sauce Harlequin" à un ouvrage qui a tout de même une petite prétention historique. On y devine une analyse marketing (encore ?) du lecteur ou plutôt de la lectrice cible pour ce livre : la femme d'âge moyen s'échappant du quotidien par la lecture de force romans d'amour. On sourit en imaginant le traitement de personnages historiques masculins avec une telle attention accordée à leur physique.... Enfin il y a, de ça et là, de bons gros clichés genre "Une femme reste toujours une femme", pour signifier que la belle ne pouvait que tomber amoureuse d'un beau flibustier, qui en tant que tels demeurent tout de même effarants de platitude et de misogynie ordinaire.
Au final j'ai quand même été intéressée par quelques-uns des destins évoqués : Woodhull, Lehnert, Sforza... Mais en dépit de son caractère assez court (254 pages), la lecture de ce livre ne fut pas une sinécure alors que le sujet m'intéressait au départ.
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