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Critique de Cricri124


Ce roman picaresque à l'humour grinçant est un régal à découvrir.

L'archiduc François-Ferdinand vient d'être assassiné et les autorités austro-hongroises arrêtent à tour de bras tous ceux qui émettraient la moindre critique politique contre la monarchie. Evidemment, ce qui est considéré comme une « critique » est très subjectif. Et évidemment, Chvéïk, l'anti-héros de cette histoire, qui a toujours quelque chose à dire sur tout, est embarqué.

Considéré comme un idiot, réformé par le passé pour ce même motif, c'est un peu l'archétype de l'imbécile heureux. Il s'accommode des événements avec bonhomie et bonne humeur mais l'enthousiasme zélé avec lequel il s'empresse d'obéir aux ordres l'entraine (et le lecteur avec) dans un tourbillon de situations absurdes qui s'enchainent comme de petits épisodes.

Paru en 1921, ce brave soldat Chvéïk est impayable. Il n'existerait pas, il faudrait l'inventer ! Il est même devenu au fil du temps (cela n'a pas toujours été le cas) une figure nationale en Tchéquie. Par certains aspects, il m'a rappelé Sancho Panza, le fidèle compagnon de Don Quichotte, avec sa naïveté et ses innombrables anecdotes aux messages pleins de bon sens.

Mais est-il réellement l'idiot qu'il prétend être ? Son regard de grand enfant innocent ne cacherait-il pas au contraire un habile mystificateur ? Car Chvéïk peut aussi être parfois amoral, égoïste, roublard. C'est un personnage plus ambigu qu'il n'y parait dont la sottise peut tout aussi bien être perçue comme une forme d'échappatoire salvatrice à toutes formes d'autorités ou, au contraire, comme une arme pour lutter contre elles, une lutte où tous les coups seraient permis…

En tout cas l'idiotie de Chvéïk est un catalyseur pour mettre en lumière celle de la société qui l'entoure et il est accompagné d'une palanquée de personnages secondaires hauts en couleur qui lui répondent à merveille. Par le biais de la dérision et de l'absurdité, l'auteur s'en donne à coeur joie pour ridiculiser et fustiger toutes les formes d'autorités et de pouvoir : les règlements militaires, la religion, la justice, la monarchie. etc. Tous en prennent pour leur grade. Plusieurs niveaux de lecture donc et une certaine liberté d'interprétation, à commencer par la personnalité de Chvéïk lui-même. Savoureusement pimenté.
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