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Critique de KotolineBastacosi


Affrontement des plus physique et métaphysique avec les tableaux de cette exposition pour Yannick Haenel qui, encore une fois, nous livre une oeuvre d'art litteraire et picturale. Nous savons que pour l'écrivain la peinture est une catharsis, tant pour le peintre que pour celui qui regarde un tableau. Et l'écrivain, sensible par ses mots, essaie de faire partager ses émotions et ses découvertes lors d'une confrontation aux oeuvres maitressses des grands peintres de toutes époques, pris cette fois « au piège » d'un Bacon dont on sait qu'il recèle de mystérieuses répulsions et attractions pour de nombreux spectateurs..

De migraine ophtalmique en apaisement progressif, de réflexions, interrogations en découvertes inouïes telles que, sur un tableau de Bacon, le pied gauche interverti d'un Oedipe qui donne une réponse incomplète à la Sphinge, - pour Haenel la réponse à la fameuse énigme est « homme et meurtrier » tout à la fois.

La lumière intérieure de l'âme se fait dans l'obscurité, de couloir en couloir, de couleur en couleur, de voix en voix qui sont celles des tableaux, ou parvenues d'une explication de spécialiste, tel ce rapprochement jusqu'à la dernière torsion du mouvement comme du choix de la couleur qui donne le titre de ce nouvel opus, le bleu Bacon, celui du Vert Veronese ou du Jaune Utrillo. Ainsi cette peinture bleu tendre d'un filet d'eau inspire une douceur particulière au conteur et devient comme la spécificité d'un peintre qui n'était guère connu auparavant pour inspirer douceur et sentiment de plénitude.

Bacon en impose et le regard de l'analyste voit s'ouvrir les portes de la compréhension d'un peintre qui livre ses secrets en pleine lumière, exposant les chairs nues et les carcasses qui apitoient l'oeil le plus tendre et le plus compatissant.

J'ai rarement lu un témoignage d'une telle force et beauté, et Bacon m'apparaît comme un des peintres les plus sensibles et les plus humains, tandis qu'il demeure pour la plupart des regardants un guignol post moderne sans intérêt, inspirant dégoût et mépris.

Yannick Haenel demeure sans conteste un esthète de l'écriture et la met au service de la peinture, depuis de longues années, sachant que l'art passe par une catharsis indispensable pour être sauvé de l'ignorance et de la peur, en déchirant le rideau opaque des impressions erronées.
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