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Critique de karmax211


Considération : fait de considérer.
Considérer : envisager par un examen attentif, critique.
Tel est selon le dictionnaire ce que fait Sebastian Haffner dans son essai intitulé - Considérations sur Hitler - paru en 1978.
J'ai fait connaissance récemment avec cet Allemand antinazi exilé en Angleterre en 1938, ayant travaillé pour l'Observer et ayant écrit un livre à succès posthume (édité en 1999) - Histoire d'un Allemand - Souvenirs 1914-1933 -, lequel offre une immersion en 3D dans ce que fut l'Allemagne... et les Allemands durant cette période.
Après cette lecture, sachant que Raimund Pretzel de son vrai nom, avait écrit cette "biographie" à succès sur Hitler, j'ai voulu en savoir plus.
Haffner, en sept essais donne sa vision sur Hitler et le nazisme.
Sa thèse est que l'Allemagne fut davantage sous l'emprise de l'hitlérisme que du nazisme.
Dans ces sept essais, il analyse ce que furent la vie, les réalisations, les succès, les fautes, les crimes et la trahison de cet homme qui passant de trente ans d'obscure médiocrité, dix ans de piteux ratages, de la plus crasse obscurité, va, à force de volonté et d'obstination, connaître la plus "éblouissante lumière", vivre comme führer dix ans de surprenants et figurants succès, puis cinq années de gâchis et de destruction.
Pour Haffner, ce qui caractérise Hitler, c'est sa dualité.
Orateur qui fascine, subjugue et homme médiocre, sans culture.
Homme politique habile mais qui n'est pas un chef d'État.
Conquérant à l'intuition visionnaire et meurtrier de masse.
En dehors de la thèse de la dualité, il y a celle de l'homme qui ayant compris dès la fin novembre 1941 qu'il ne gagnerait pas la guerre, se lance dans une folie suicidaire, s'entêtant sur le front russe dans un combat d'arrière-garde perdu d'avance et, suprême folie, déclarant la guerre aux USA... ce à quoi il n'était absolument pas obligé, ce qui signa sa perte et celle de l'Allemagne... perte volontaire, quasiment planifiée.
À partir de là son but de guerre va être de faire durer celle-ci, "gagner du temps", afin, prétend Haffner, de réaliser le projet qui tenait tend à son esprit malade : anéantir les Juifs d'Europe.
Des sept essais, celui qui reste le plus controversé concerne les réalisations.
Trop laudatives au goût de certains historiens.
On lui a aussi beaucoup reproché d'avoir affirmé qu'Hitler ne voyait rien d'autre qu'Hitler, ne préparant pas sa succession et ignorant au passage "le testament d'Hitler" dicté la veille de son suicide.
L'offensive de 1940 et ses buts... "la paix sur le sable de Dunkerque", qui expliquent que l'Allemagne est passée tout près d'une victoire durable à cause d'une Angleterre fortement encline à abandonner la lutte échappe en partie à Haffner qui "s'approche de beaucoup de vérités (la psychose d' Hitler, ses talents, sa centralité dans son propre régime) mais gâche sa synthèse par un certain nombre d'affirmations bien peu étayées : sa joie de tuer, sa haine des Allemands, son aspiration démente à la domination du monde…"
Une ou des thèses que Sebastian Haffner défend avec conviction force analyse, démonstration, explications, références... qui contiennent des vérités historiques, des lacunes, mais qui apportent un plus dans la vision de qui fut Hitler, et qui donnent à réfléchir.
En conclusion, à la limite de la lapalissade, Hitler qui a un sens politique mais aucune vision d'État, qui fut un conquérant pour l'espace vital, qui n'a jamais compris qu'une guerre devait aboutir à la paix... qui ne voyait dans celle-ci que la victoire sous la forme de l'anéantissement de l'adversaire, qui devint l'un des plus grands meurtriers de masse qu'ai connu l'humanité, occupe une place à part, mais une "grande" place dans celle-ci, parce qu'il a bouleversé le cours du XXème siècle et changé la face du monde... entre autres...
Un livre bien structuré, bien séquencé, bien pensé et bien écrit.
Un livre dont je ne regrette pas la lecture.
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