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Critique de OverTheMoonWithBooks


C'est une voix très vraie et mesurée que l'on peut lire dans ce témoignage d'Irène Hajos, une jeune Hongroise née juive et déportée en 1944.

De mémoire, je ne me souviens pas avoir lu des propos aussi mesurés dans un autre témoignage. Irène Hajos témoigne de son histoire avec simplicité et franchise et une sagesse de l'expérience qui fait qu'on se dit parfois que ça aurait pu être notre grand-mère !
L'intérêt de son témoignage, en dehors du fait que son regard est croisé avec celui de Chantal Gerbaud (ancienne professeur d'histoire-géographie devenue principale) est que cette rescapée aborde des thèmes "qui fâchent" et ne se contente pas de parler de son expérience de la déportation qui ne prend "qu' " un quart du récit. Elle nous parle d'abord de sa vie de jeune Hongroise avant la guerre. La Hongrie, une patrie à laquelle sa famille est très attachée bien plus qu'à la religion qui fait bien sourire lorsque la matriarche conservatrice tente d'en parler. Puis elle parle de la vie après Auschwitz, de la dépression et d'une vie en apparence "normale" pour s'accrocher à quelque chose et aller de l'avant. Oui, de beaux voeux pieux : mais comment peut se passer un retour à la vie quand on revient d'un royaume de morts ?
Elle explique aussi très clairement pourquoi elle, en tant qu'individu s'est sentie coupable d'être revenue, et pourquoi certains juifs rescapés se sont sentis (comme elle) honteux d'avoir été des victimes pendant cette guerre. Avec des mots qui ne mettront pas tous le monde d'accord ; mais pour sûr, comme tous arguments, ils doivent être entendu - en regard avec d'autres - pour se faire une opinion sur la question.
Et pour être sûre que toutes les dents vont grincer, elle parle aussi de la "concurrence" malsaine qui a pu s'installer entre certains déportés.

Pourtant, à aucun moment Irène Hajos ne juge. Elle interpelle, interroge, questionne, se remémore tendrement les membres de sa famille - notamment son père qui a longtemps survécu et qu'elle a eu longtemps l'espoir de revoir. A aucun moment elle ne met "tout le monde dans le même sac" ce qui donne bien sûr beaucoup de poids à ses mots très pertinents.

Un témoignage incontournable qui n'a pas (et n'a pas eu) l'écho qu'il mérite, non seulement pour ce qu'il y est dit, mais pour la réflexion plus poussé qu'il apporte sur l'utilité et l'utilisation du témoignage dans l'historiographie, et le dossier rédiger par Chantal Gerbaud est aussi très bien construit et peut servir de base à une discussion sur le sujet avec des lycéens.

Une lecture qui m'a beaucoup émue et que j'ai découvert grâce aux suggestions de Babelio.
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