Ici s’affrontent et se dissolvent, au service de choix pratiques qui s’excluent absolument, toute une série de morales de l’histoire d’autant plus incompatibles qu’elle font appel aux même symboles, s’expriment dans le même langage
Peuples, classes, ordres, castes… Autant d’approximations pour des formations mouvantes ou inachevées, dont l’histoire et la configuration bifurquent au gré des hasards de la guerre, et qui ne sont rien d’autre que ce qu’elles sont à tel ou tel moment de ces destins changeants, quelle que soit par ailleurs l’idée qu’elles ont d’elles-mêmes
Il ne s’agit pas de les renvoyer dos à dos, mais au contraire de montrer comment le sionisme, produit de l’antisémitisme, et réaction face à l’antisémitisme, se fonde et se consolide avec l’antisémitisme. Et qu’ayant renoncé au messianisme qui faisait de la fin des nations le but de leur histoire, ou du dépérissement de l’Etat l’avenir des sociétés, il ne peut que penser une judéité éternellement fondée sur un antisémitisme éternel
le caractère instable, inachevé et fluctuant des cercles discordants de l’identité collective et des contours du « Nous », voilà sans doute la véritable normalité
nulle essence n’est à l’oeuvre dans cette trajectoire où une formation antique change de physionomie et de configuration au fur et à mesure des transformations sociales auxquelles elle est soumise
besoin universel des colonisateurs d’effacer les traces de l’histoire pré-coloniale et de transformer les exterminations en dépérissement naturel
Le refus nationaliste arabe de reconnaître Israël en tant que fait national non arabe et indépendamment de toute question de structure fait ici écho à la négation des droits des kurdes en Irak ou des azaniens au Sud-Soudan : une fois encore dans une démarche globale dont les juifs-israéliens ne sont pas les seules cibles