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Critique de Pat0212


Maya est l'ainée de sept enfants, nous la suivons de ses six ans à l'âge adulte. Elle vit dans la banlieue parisienne dans un petit appartement toujours animé et bruyant. Ses parents sont d'origine malienne, analphabètes et très attaché à leurs racines. le père est plongeur et la mère femme au foyer. Les enfants se succèdent, la mère est épuisée et peu disponible. Mais surtout les parents sont très attachés au modèle éducatif du Mali et pour eux il est essentiel de faire des filles de bonnes épouses et de bonnes mères, qui serviront leur mari. Les coups pleuvent, les interdictions sont très nombreuses, même à l'âge de la maternelle, il n'est pas question que les petites filles jouent avec les garçons. Si Maya est très attachée à Machèle, sa cadette de deux ans, elle a peu de lien avec ses autres frères et soeurs. Les filles et les garçons sont élevés de manière différente, les filles n'ont que des devoirs et doivent participer très activement aux soins du ménage et des plus petits, alors que les garçons ont déjà dès leur plus jeune âge beaucoup de droits. Les filles sont quantité négligeable et doivent intégrer au plus vite la soumission obligatoire à la loi des hommes. Si ce modèle d'un autre temps lui est imposé à la maison, Maya découvre grâce à l'école une autre vision, les parents ne peuvent pas empêcher leurs enfants d'aller à l'école vu que c'est obligatoire, mais ils craignent que cela ne les pervertisse et en fasse des petites Françaises. Maya aime l'école, elle est bonne élève et découvrira la littérature grâce à une professeur du lycée, avant de céder pour un temps aux pressions familiales.

Maya est prise en étau entre ces deux modèles, elle devra apprendre à ruser et à mentir pour avoir un peu de répit. Elle ne rejette pas ses parents et comprend rapidement qu'ils ne peuvent faire autrement, ils ne connaissent pas d'autres modèles et n'ont pas profité des apprentissages des enfants pour évoluer. La cité est peuplée de nombreux immigrés africains qui perpétuent leurs traditions alors que leurs enfants essaient de conjuguer leurs racines avec la culture occidentale.

A l'âge de six ans, Maya vit son plus grand traumatisme, lors de vacances au Mali, elle est excisée. Elle comprend vite que c'est la volonté de ses parents et qu'elle doit taire sa douleur. D'ailleurs la meilleure amie de sa mère, qui habite dans la même cité pratiquera cette mutilation sur ses deux petites soeurs. Pour les parents, il ne s'agit pas de maltraitance, mais dans la croyance populaire, une femme non excisée est impure et ne saurait trouver un mari convenable. Près de vingt ans plus tard, elle subira une opération pour restaurer ce qui peut l'être comme de nombreuses victimes de ces pratiques.

L'histoire de Maya est tirée de la vie de l'auteure devenue un militante très active contre l'excision. L'abandon de ces pratiques passe par l'éducation des femmes, en particulier des mères, qui même si elles en souffrent beaucoup perpétuent la tradition, car il est difficile pour elles d'y voir une mutilation et non une nécessité pour le bonheur futur de leurs filles, même si en tant qu'Occidentale cette notion du bonheur me paraît relever du cauchemar, qui a envie d'être soumise à un mari violent qui a tous les droits ?

Maya m'a beaucoup touchée, en particulier sa façon de conjuguer sa culture d'origine et la nôtre, on imagine sans peine ses difficultés et aussi son bonheur avec la découverte de la littérature française. Les instituteurs ferment les yeux sur les maltraitances dont sont victimes les enfants, non par indifférence mais plutôt par culpabilité. Ils n'osent pas imposer nos normes et se mêler de la culture des parents, pensant que la colonisation a déjà fait assez de dégâts. Une institutrice dit à la mère de Maya qu'il ne faut pas battre les enfants, mais celle-ci ne comprend pas comment se faire obéir sans les frapper. La culture est totalement patriarcale et les femmes sont à peine plus que des animaux domestiques, j'ai évidemment trouvé cela très choquant, on peine à croire que tant de gens dans nos sociétés puissent connaître un tel décalage culturel. Je trouve indispensable de lire ce témoignage, un très grand merci à Netgalley et aux Editions du Rocher pour cette magnifique découverte.

#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance !
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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