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Critique de Altervorace


de Gisèle Halimi, je connaissais ce que tout le monde sait : une avocate militante, celle qui a défendu les accusées du procès de Bobigny, jugées pour complicité ou pratique de l'avortement. Une grande militante qui a lutté pour nos droits… Pas grand-chose finalement et c'est donc avec beaucoup de curiosité que j'ai ouvert La Cause des Femmes…

Tu ne vas pas être surpris ami-lecteur mais je n'avais pas fait attention au fait que l'ouvrage contient deux textes distincts : le Temps des Malentendus et La Cause des Femmes. Cette première publication, je dois le dire, a refroidi mon ardeur. Parce que le Temps des Malentendus semble destiné au public le plus large et pas à ceux ou celles, comme moi, qui se sont déjà renseignés sur le féminisme. Madame Halimi vulgarise à l'extrême pour rendre les notions qu'elle explique le plus accessibles possible. du coup je me suis ennuyée… J'ai même été un tantinet agacée par le simplisme et les raccourcis que nous offre ce court texte. Heureusement cette brièveté a sauvé ma lecture car quand j'en suis – enfin – arrivée à La Cause des Femmes, ça a été tout autre chose.

Gisèle Halimi aborde sa jeunesse et la manière dont elle est devenue avocate, quel combat ce fut pour elle, et de quelle manière la cause féministe s'est imposée à elle. C'est fort, c'est fascinant, c'est admirable. Très vite, on ne peut oublier que c'est une juriste qui nous parle sans pour autant que le récit ne soit froid. Madame Halimi raconte ses avortements, ceux qui l'ont menée à militer. le procès de Bobigny est raconté sans fard et elle ne cache rien des errances militantes qui ont eu lieu à cette occasion. Ça indigne, ça émeut, ça serre la gorge. le genre de bouquin qui rappelle à quel point la question de l'avortement est au centre des combats, qu'il s'agisse du droit de disposer de son corps ou d'avoir la possibilité de choisir sa maternité. Parce qu'au-delà de philosophie ou de théorie, Gisèle Halimi a mis les mains dans le cambouis… Elle nous dévoile ainsi l'aspect meurtrier de la loi de 1920, elle nous présente certaines de ces victimes et c'est parfois très dur. Dur mais nécessaire.

Là ou La Cause des Femmes m'a impressionnée, c'est par sa lucidité. Ainsi quand elle aborde la question de l'éducation sexuelle Gisèle Halimi met tout de suite en évidence ce que personnellement je reproche à la manière dont l'Éducation nationale traite ce domaine, page 155 :

"Ce que je crains dans les programmes officiels d'information sexuelle, dont j'ai parlé plus haut, c'est que celle-ci, uniquement dirigée vers la procréation n'ampute la sexualité, l'amour, de leurs dimensions fondamentales de liberté et de plaisir. J'ai peur qu'elle ne se limite, comme déjà dans certains lycées, à une première leçon comportant l'étude des planches anatomiques, une 2e leçon consacrée à l'étude des maladies vénériennes et le tout baignant dans le refus traumatisant à parler du plaisir."

La Cause des Femmes n'est pas seulement passionnant, il est indispensable et, à l'avenir, si je dois conseiller des ouvrages sur la question féministe, il sera un des premiers que je citerais…
Lien : http://altervorace.canalblog..
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