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Critique de Zoeprendlaplume


Les sorcières de Pendle est un roman comportant une trame historique, le procès des sorcières de Pendle ayant bien eu lieu.

Bon, pour l'Histoire il faudra repasser malgré tout. C'est léger. C'est là juste pour dire. L'autrice a fait beaucoup de recherches pour rendre vraisemblable son récit. Je m'attendais donc à quelque chose de plus fourni.
Car tout ce travail de recherche ne se voit pas vraiment et c'est dommage.
D'une part, ça manque d'épaisseur tout ça. Ça manque de socle, de contextualisation. Je n'y connais rien à cet épisode de l'Histoire, on ne peut pas dire que j'en sais plus maintenant.
D'autre part, les archives comportent beaucoup d'inconnues sur le contexte de ce procès et le sort de certaines femmes. Pourquoi certaines femmes s'en sortent ? Mystère. Pour combler les trous, la fiction prend le relais.
Oui, mais.
Mais on arrive alors dans le roman classique, au récit classique, avec une histoire classique et une héroïne classique. Tout cela est bien ficelé : élément perturbateur, noeud, moments de doute et de suspense… c'est dans l'ordre, ça fonctionne, scolairement c'est très bien. L'héroïne est attachante, on adore l'adorer, fière, courageuse, battante, qui fait face à l'injustice et à l'incompréhension : Angélique l'indomptable (oups, pardon, je me suis trompée de bouquin).


Alors certains parlent de roman féministe… Je suis mitigée sur ce point. Oui le regard sur cette société archaïque est critique, mais ce n'est pas être féministe ça. C'est juste poser un regard postérieur de 4 siècles dessus, regard (plus ou moins) documenté. le roman reste d'ailleurs dans son époque : Fleetwood reste à sa place de femme bourgeoise du 17ème, derrière son mari, épouse, ayant pour seul et unique but de donner un héritier; en aucun cas, le roman ne donne un rôle contemporain aux protagonistes féminins. Fleetwood le dit d'ailleurs très bien à sa sage-femme : "une femme ne fait pas ci, une femme ne fait pas ça…". On s'en offusque, oui, mais est-ce pour autant du féminisme de s'offusquer de ça ? Je ne pense pas. Après ça n'en reste pas moins un récit assez juste sur la condition féminine de cette époque, et c'est quelque chose que j'ai bien aimé (oui j'ai quand même aimé quelque chose !).


Alors il reste l'écriture. C'est une traduction donc il est difficile de juger l'oeuvre originale. En l'état, l'oeuvre en français n'est pas mauvaise, mais banale. Il n'y a pas d'effets de style, pas de musicalité de la langue, pas de surprises narratives, pas de vocabulaire ébouriffant, pas de travail poétique particulier sur le langage… J'ai quand même du mal à imaginer que la traduction serait ratée au point d'avoir retiré du texte original tout son sel; je suis donc plutôt encline à penser qu'on a là un texte commun. En tout cas, je ne lui ai trouvé aucune âme.


Il reste que c'est un récit captivant, qui se lit bien, avec une héroïne qu'on aime apprécier, des personnages masculins qui nous offusquent et qu'on adore détester (ah le rustre Roger !), des situations qui nous scandalisent aujourd'hui… bref un roman qui provoque des réactions, mais encore heureux en fait, parce que c'est quand même ce qu'on attend a minima d'un roman (en tout cas en ce qui me concerne).


Bref, toute cette bafouille pour dire que l'idée de départ de ce roman est certes très bonne mais malheureusement elle est largement sous-exploitée. Je crains que ce bouquin ne reste pas longtemps dans ma mémoire, ni son contenu ni sa forme ne m'ont marquée.
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