AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Parfois, il y a un tel décalage entre les attentes préalables à une lecture et la réalité de son contenu que cela crée une déception importante. Ce roman qui, sur le papier, avait tout me le faire apprécier, m'a au final souvent agacée.

Le contexte historique est passionnant : le procès des sorcières de Pendle en 1612. C'est le plus célèbre de l'histoire anglaise, le plus documenté aussi grâce au greffier de la cour Thomas Pott qui a tout consigné dans un ouvrage complet. le tout dans un comté de Lancashire, considéré à cette époque comme une contrée sauvage à la population farouche peu encline à se plier à l'anglicanisme d'Etat que le nouveau roi Jacques Ier promeut. Stacey Halls survole tout l'aspect historique, sacrifiant même le procès en lui-même, à peine évoqué ( et de façon plutôt confuse ). En fait, il y a plus de sorcières dans le titre que dans le récit lui-même. Ce manque de profondeur m'a profondément frustrée.

Si l'auteure s'est inspirée du procès de Pendle, si tous les personnages de son roman ont existé , elle a fait un choix très clair, celui de centrer son roman sur la vie conjugale de Fleetwood Shuttleworth, très jeune châtelaine de dix-sept ans, par le regard duquel toute l'intrigue est vue. Elle en fait une héroïne à la Catherine Morland ( Northanger Abbey, Jane Austen ) avec laquelle elle partage l'âge, l'impétuosité innocente ainsi que de épreuves à affronter.

Pourquoi pas ? Sauf que son héroïne est beaucoup trop moderne dans ses réflexions souvent anachroniques presque post metoo. Et puis, son attitude invraisemblable m'a détachée d'elle : alors qu'elle a déjà fait trois fausses couches tardives et qu'elle est enceinte à nouveau, alors qu'elle risque de tout perdre (enfant et mari ) si elle ne mène pas cette grossesse à terme, elle parcourt à cheval la campagne avec l'aval de son mari, n'arrête pas de tomber et s'agite dans tous les sens pour sauver sa sage-femme accusée de sorcellerie qu'elle ne connait que depuis quelques semaines ! de plus, l'épilogue cinq ans plus tard est bien lourdaud et n'apporte rien à l'intrigue initiale.

Le personnage qui aurait pu être vraiment intéressant, c'était justement la sage-femme, Alice Gray, seule des accusées du procès à être innocentée. Ce personnage est sacrifié, inconsistant, seulement caractérisé par un certain calme et son expertise dans les plantes médicinales. A l'arrivée, on a l'impression de ne pas connaître ni comprendre ce personnage bien falot. C'est d'autant plus frustrant que l'auteure a un certain talent pour peindre l'incertitude de la condition féminine au XVIIème siècle, mettant tout particulièrement en lumière l'angoisse liée à la maternité, que celle-ci ne vienne pas et menace l'existence même du mariage, ou que celle-ci se termine par la mort de la mère en cas de complications.

Bref, ce roman n'était pas pour moi ...

Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
Commenter  J’apprécie          1318



Ont apprécié cette critique (126)voir plus




{* *}