Citations sur Une cosmologie de monstres (29)
J'étais presque endormi quand il se posa dans une petite clairière. La forêt alentour, touffue, ne laissait voir que les ténèbres entre les troncs. Les arbres, l'herbe, tout était d'un noir d'encre ; le ciel verdâtre et sombre me sembla familier. Un monticule herbu avec une entrée sur le côté se dressait au centre de la clairière, entouré de grâces d'ébène, identiques à la fleur que j'avais offerte à Donna.
Alors que je jetais un coup d'oeil dans la pénombre derrière elle, j'eus l'impression de contempler un espace plus vaste, plus profond — une immense salle de balle de conte de fées, avec des fenêtres qui grimpaient jusqu'au plafond et laissaient entrer le clair de lune. Je reportai mon attention sur le visage fatigué et impatient d'Eunice. Quand je regardais de nouveau dans la chambre, elle ressemblait bien à celle de ma soeur — bien rangée, pleine de livres, et avec le petit poste de télévision pose sur la commode qui diffusait une lumière bleue pâle."
Harry est réveillé, assis bien droit dans leur lit. Deux petites silhouettes rampent sur lui, elles flairent et reniflent. De forme vaguement humaine, elles n'ont pas de peau. Elles rappellent à Margaret les schémas de son vieux manuel d'anatomie au lycée, les muscles luisants se contractant et s'étirant à chaque mouvement. Les têtes de ces créatures, en revanche, n'ont rien d'humain : leurs longs visages s'apparentent à des crânes au museau saillant ; leurs yeux orange vif évoquent des cônes de signalisation. Ces choses rampent sur Harry, prélevant des bouchées de sa chair. (p. 64-65)
Vivre au sein d'une famille marquée par un deuil dont ne garde aucun souvenir est comme d'être assis derrière un spectateur de très grande taille au cinéma. Autour de soi, tout le monde rit, pleure et réagit à des choses dont on ignore tout.
Je me suis toujours senti à l’aise dans l’obscurité
Mais j’ai encore une petite histoire à raconter. Un peu plus de bonheur, de chagrin, quelques réponses à apporter, quelques points de détail à régler. Une sorte de paquet-cadeau, en espérant disposer d’assez de matière pour faire un joli noeud.
Quand je me regarde dans la glace, je ne vois plus mon visage, mais une chose en lente désintégration, avec des cercles sombres sous des yeux troubles, perdus dans le vague ; des lèvres gercées qui saignent si elles tentent un sourire. (249)
L,'amour est ridicule ... un déséquilibre, une maladie. Et le monde tourne comme ci il n'y avait rien de plus naturel, de plus souhaitable. Nous fredonnons, à n'en plus finir, des airs à la gloire d'une maladie et des cicatrices complexes qu'elle laisse derrière elle.
Libéré de l’altération provoquée par la tumeur, il voudrait dire tant de choses à ce garçon, mais il va à l’essentiel, ce qui lui semble peut-être le plus important : la vie transforme n’importe qui en monstre, mais ce n’est jamais irréversible. La souffrance et la mort sont bien réelles, mais l’amour, la famille et le pardon aussi.
À première vue, un bloc de pierre obscur se dressait entre moi et la cour intérieure. Ce monolithe imposant semblait agité de sombres remous, comme des volutes de fumée. Alors que je me penchais en avant pour tenter d'estimer sa taille, son sommet bougea e descendit rapidement vers moi. Un visage se porta à ma hauteur, allongé et poilu, son museau contre la vitre embuée. Ses yeux étaient orange vif.
J'eu d'abord un mouvement de recul, une réaction dictée par ce que la télévision et le cinéma m'avaient appris du comportement à adopter face à un monstre. mais je n'avais pas vraiment peur. Je voulais voir cette créature.