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Critique de Fenkys


Quand j'ai commencé à lire ce livre, j'ai été surpris par l'histoire. Elle se situait dans les Caraïbes, lors de l'âge d'or de la piraterie. Il y a bien des bateaux, des pirates, des cargos, des îles, des gouverneurs. Et pourtant l'histoire était notablement différente de ce à quoi j'avais l'habitude. En fait, il me rappelait plus les mangas que les romans de cape et d'épée de mon enfance bercée par les oeuvres de Louis Garneray. Et en relisant le service de presse, j'ai compris. Shonen. J'avais bien affaire à la version littéraire d'un manga. Et là, tout s'expliquait : la structure de l'équipage d'Ali, la parité homme/femme strictement respectée, les compétences de chacun (qui est le meilleur dans son domaine). J'ai pu alors entrer dans le récit et y prendre du plaisir.

Les personnages :
Ali : c'est le capitaine du navire. Jeune esclave acheté au Maroc par un noble français. Il sera libéré par un pirate qui lui apprendra le métier. Il est exceptionnel au combat à l'épée.
Mamadou : meilleur ami d'Ali, ancien esclave aussi. Son vrai nom est inconnu, même d'Ali. Mamadou n'étant qu'un surnom méprisant.
Urumi : jeune Japonaise. Entraînée par un ronin et ayant suivi l'enseignement des ninjas, elle est la meilleure au corps à corps, malgré sa petite taille.
Bernard Lore : le pirate qui a rendu sa liberté à Ali et lui a appris à se battre.
Alistair Burton : principal concurrent d'Ali. C'est un pirate sanguinaire qui ne conçoit la victoire que dans la mort de ses ennemis, d'où son surnom de tranchegorge.
On peut noter la distribution des seconds rôles, qui atteint rarement un tel niveau dans un livre : Édouard Teach (Barbe noire), Anne Bonny, Mary Read et John Rackam (Calico Jack) et quelques autres aussi célèbres.

L'univers :
C'est un roman historique. L'histoire se situe donc dans notre monde à une époque passée. En l'occurrence, nous nous situons dans les Caraïbes au début du XVIIIe siècle. On visitera New Providence, Nassau, Haïti, Albuquerque. Toutefois, nous sommes sur un navire et la plus grande partie de l'action se déroule en mer.

Le scénario :
Ce roman est le premier tome d'une trilogie. Il raconte donc le début de l'histoire. D'où l'aspect peu homogène. En effet, il doit présenter les personnages et débuter l'action. Pourtant il suit une progression logique : l'entraînement d'Ali, la formation de son équipage, les premières aventures et pour finir l'arrivée en scène des trois galions du titre de la trilogie sous forme d'une rumeur, promesse de trésors fabuleux. Nous avons donc une montée en puissance qui maintient l'intérêt du lecteur éveillé sans le perdre. Bien que le roman ne se termine pas en cliffhanger, il ouvre plusieurs questions qu'il ne résout pas pour préparer la suite : que sont ces trois galions, existent-ils réellement, quels mauvais coups leur préparent les autorités anglaises et françaises et comment cela va-t-il finir avec Alistair ?

Le style :
Quand on n'est pas habitué au shonen – ce qui était mon cas au début de cette histoire –, les situations peuvent paraître caricaturales et exagérées. Mais c'est tout à fait normal dans ce genre originaire du Japon. L'auteur maîtrise ce style à la perfection en respectant les codes du genre que je ne vais pas détailler ici (la page Wikipedia « Nekkutsu », les détaillera mieux que moi). L'auteur a préféré des descriptions courtes qui créent une l'ambiance, préférant détailler sans les rendre lourdes les scènes de combat au point qu'on peut les visualiser sans problèmes. Ce texte est servi par le riche vocabulaire qu'a utilisé l'auteur. le combat qui met aux prises deux équipages de pirates en deux endroits différents et qui se subdivise en plusieurs duels au cours de la progression constitue un grand moment qui n'est pas sans rappeler le voyage à Londres de d'Artagnan dans « Les trois mousquetaires », à ceci près qu'Alexandre Dumas a un peu bâclé la scène en nous l'expédiant en un seul chapitre. Au contraire, Nasim Hamou nous la développe et en exploite pleinement le potentiel. On ne peut regretter que par moment un choix discutable de mots et deux ou trois coquilles, mais qui ne gâchent pas le plaisir de la lecture.

Mon avis :
Le shonen, comme tout ce qui est inspiré du Japon, entraîne souvent des avis tranchés : on aime ou on déteste. Pour ma part, j'ai aimé. J'ai commencé cette lecture en ne connaissant ce style qu'à travers quelques mangas et mes connaissances dans ce domaine étaient si faibles que j'ignorais qu'elle traitait d'autres choses que de superhéros, combat du bien contre le mal. C'est comme ça qu'en lisant un livre français, j'ai appris quelque chose sur la culture japonaise.
Je trouve le personnage d'Ali attachant, bien que par moment on ait envie de lui donner des baffes, en particulier quand son ego surdimensionné met son équipage en danger de mort. Mais Surcouf n'était guère différent sur ce point, il a gagné sa notoriété en attaquant une frégate de 129 hommes avec un équipage de seulement 19 marins. Il y a d'autres points communs entre le célèbre corsaire et notre capitaine aux pieds légers que je vous laisserai le plaisir de découvrir.
À héros exceptionnel, il fallait un méchant exceptionnel. On le trouve dans le personnage d'Alistair. Il représente l'exact opposé d'Ali comme le verso d'une pièce de monnaie dont Ali sera le recto. Cette idée est renforcée par les noms très proches des protagonistes. Cela promet une rencontre épique entre eux qui devrait constituer le pinacle de la trilogie. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Enfin, l'auteur maîtrise son sujet. Lorsqu'on situe une aventure dans un contexte historique existant, on court le risque d'entrer en contradiction avec les événements passés. le souffle de l'Aquilon échappe à ce piège. Les personnages historiques sont placés à bon escient.
Enfin, bien que le roman soit catégorisé shonen, il est accessible au lectorat féminin. Les personnages féminins sont en effet nombreux, quasiment à parité, et ne sont pas de simples faire valoir comme c'est souvent le cas, mais des héros à part entière.

« Le souffle de l'Aquilon » est donc un roman que j'ai aimé et qui tout en me faisant connaître un aspect de la littérature encore vierge pour moi, m'a permis de passer un moment agréable en le lisant.
Lien : https://helariapedia.wordpre..
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