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Critique de Sachenka


J'ai dû lire le lent retour deux fois. La première, j'en avais fait une lecture trop rapide. Mes yeux avaient glissé sur les mots, les phrases, des pages entières. Avant que je ne m'en rende compte, j'étais rendu à la fin mais je n'avais rien retenu. Ou presque. Que les vagues divagations d'un homme égaré. Pourtant, plusieurs phrases ici et là m'avaient interpelé, la plume de Peter Handke, me laissait une impression de trésor (bien) caché. Donc, j'ai pris sur moi de recommencer le bouquin du début.

Qu'est-ce que j'en ai tiré? Un homme, trois moments, trois lieux et beaucoup de réflexion. Solger est un type solitaire. On le rencontre d'abord dans le Grand Nord (l'Alaska), où il s'est retiré pour procéder à de vagues travaux sur les « espaces ». Géographiques? Intérieurs? Éventuellement, une lettre mise de côté puis ressortie le hante, le rappelle en Europe. Mais avant, un long arrêt sur la Côte Ouest, dans une de ces grandes villes, puis enfin ce retour longuement repoussé.

Pendant ces trois étapes, Solger regarde autour de lui. Je veux dire, il regarde vraiment. Il porte attention à tous les détails qui l'entourent. Les grands espaces nus (qui, en fait, ne le sont pas et cachent une multitude de choses), la nature. « Parfois embrassant le paysage du regard il lui semblait être un explorateur de la paix. » (p. 97). Une journée, dans le soleil de l'après-midi, il s'assoit en un endroit surélevé « pour dessiner un profil du paysage. » (p. 98). C'est joli, comme expression. D'autres fois, il admire le paysage à en oublier de le prendre en photo. Cela, jusqu'à ce qu'une lettre ramène au présent (et, par le fait même, à son passé), au monde des humains.

En effet, le monde qui entoure Solger, c'est aussi le bourdonnement et la luminosité des villes, le flot du va-et-vient des gens qui vaquent à leurs occupations comme des fourmis (mes mots, pas ceux de l'auteur), etc. C'est ce qu'on peut percevoir quand on est sensible à tout ce qui touche les sens. Quand on est disposé à percevoir, à s'acclimater puis, surtout, à prendre des chances. Tout porte Solger à se rappeler (parfois, des souvenirs enfouis au plus profond de lui-même), à réfléchir, à (re)trouver son identité, sa paix intérieure. Il est partagé entre la contemplation de son environnement et l'introspection et cela l'amène à philosopher sur la vie et sa place dans ce monde. « Il se trouvait qu'il était en lui et le miroir, le néant et la gravité se frôlèrent. » (p. 167). Chose que, peut-être, nous devrions faire davantage.
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