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Critique de isathomasgutt


"Nous vivions au coeur d'un système arabe où l'érostisme et la violence étaient les deux alibis d'une époque fondamentalement privée d'amour et qui trouvait dans l'échauffement sexuel une forme de compensation à son incurable sécheresse. Nous, gamins des rues, nous étions les piliers de ces déserts et nous n'avions que le droit de regarder. Nos pantalons étaient lourds de frustrations millénaires".

L'Algérie de 1954 - la banlieue de Paris 30 ans plus tard, mais toujours, constante et intacte, cette même frustration, ce même sentiment des personnages que l'accès à une sexualité leur est refusée. Eux, ils le savent, eu égard à leurs origines modestes, n'auront jamais droit à ces filles, promises au mariage, dont l'honneur est farouchement défendu par les pères et les frères.

Alors cet excès de testostérone mal gérée va les amener à prendre de force ce qui leur est dénié, à commettre l'irréparable; c'est ainsi que le roman s'ouvre sur la scène du viol suivi du meurtre d'une jeune fille par le personnage principal, Arezki.

On le voit, il ne s'agit ni de sentiments ni d'amour: ici, la femme se contente d'être une enveloppe charnelle recelant mille mystères, et ce corps n'est conçu que comme pris d'assaut, "saccagé" comme le dévoile le titre.

Ce qui dérange, c'est le sentiment laissé au lecteur que cette issue fatale n'est finalement qu'inéluctable, bien qu'il n'y ait aucune empathie pour ces personnages qui se voient désormais dans une stricte impossibilité d'exister.

Face à ces péchés dont les personnages sont eux-mêmes conscients qu'ils sont impardonnables, les voilà partis dans une sorte de quête, sous forme de fuite, expiatoire, qui va les mener sur le chemin de la découverte de soi, de la construction identitaire, de l'hérédité et de la représentation de la figure maternelle.

S'il est des lectures perturbantes, celle-ci en fait immanquablement partie.
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