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EAN : 9782742799527
118 pages
Actes Sud (01/08/2011)
3.37/5   60 notes
Résumé :
Héritiers maudits d’une féroce répression sexuelle qui s’est exercée trente ans plus tôt et a marqué leurs destins respectifs, quatre hommes liés par la fatalité du sang traversent la Méditerranée où s’écrit, sous le ciel algérien, l’ultime épisode de leur inconsolable désastre.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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J'étais passé à côté de ce livre sorti en 2011. Bien avant Kamel Daoud, Kaoutar Harchi aborde la délicate question de la misère sexuelle à travers le destin tourmenté de son malheureux héros, Arezki. L'ampleur du saccage, c'est d'abord une histoire d'hommes confrontés à leur violence, leur désir et à l'impossibilité de s'en libérer. Sur le fil du rasoir, l'auteur dénonce ces sociétés patriarcales et machistes pour lesquelles la femme est tantôt mère, tantôt putain – aucune échappatoire possible. L'intrigue, que je ne vous dévoilerai pas, en est le puissant contrepoint. le sang est au centre de ce livre. le sang du sacrifice des animaux, le sang des vierges devenues femmes, le sang des jeunes garçons circoncis, le sang des crimes perpétués. Les pages 84-85 en sont l'éblouissante et terrifiante illustration. L'écriture est belle, de candeur et de précision, comme un sabre effilé. Pendant les trois quarts du roman, j'étais persuadé que seul un homme pouvait aussi bien parler du désarroi de ses frères, avant de découvrir – honte à moi – que Kaoutar était une femme. Mon admiration en fut décuplée. Une seule réserve, quelques similitudes (ou du moins coïncidences) avec l'inoubliable film « Incendies » de Denis Villeneuve tiré de la pièce de Wajdi Mouawad.
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La talentueuse Kaoutar Harchi, la belle et élégante dame, par son style d'écriture bien particulier et envoutant, ne m'a jamais laissé indifférent à ses trois beaux romans.
Et je n'en sors jamais indemne, ceux-ci me laissant toujours une griffure.


Et même si les âpres récits de Kaoutar, restent centrés sur le thème de la détresse humaine, ils sont toujours excellemment bien écrits, par une plume fluide et poétique. Mais surtout c'est la profondeur des personnages qui me donnent souvent le vertige.
« L'ampleur du saccage », est encore un roman particulièrement tortueux, à l'atmosphère superbement pesante et désespérante.


Kaoutar Harchi m'a happé une fois de plus, par son histoire larmée de tristesse.
L'auteure s'est glissée dans chaque personnage dont elle fait un portrait tragique.
Des êtres tous démolis, fracassés, bousillés par la vie, à l'image d'Areski.
Areski, un jeune orphelin de trente ans, muré dans sa tour de béton grise et vide, quelque part dans Paris. Avec sa solitude qui l'étouffe, sa misère qu'il crache sans pouvoir s'en défaire, et surtout l'ombre du visage de sa mère inconnue qui le hante.


Il y a aussi Si Larbi, un chauffeur, lui aussi déjà usé par la vie. C'est lui qui loge et veille comme un père, comme un frère depuis très longtemps sur Areski.
Si Larbi, rongé par un énorme secret qui le lie au jeune homme et qu'il ne peut pas lui confier.
Si Larbi avec des souvenirs d'enfance en lambeaux, de Nour sa mère, une prostituée d'Alger qui ne s'occupait pas de lui et que tous les hommes convoitaient, désiraient.


S'en suit Riddah, sans père ni mère, aujourd'hui directeur de prison. Un ami d'enfance de Si Larbi dont il partage aussi de lourds secrets. Riddah qui fuira, il a trente ans Alger avec son ami, en laissant derrière lui des vies s'effriter.


Puis il y a Ryeb, issu lui aussi de travailleurs pauvres algériens, débarqués en France dans les années 50. Un veilleur de nuit, qui est lui aussi hanté par le souvenir de sa mère, la Folle, la cancéreuse. Ryeb avec la peur effroyable que ce mal vienne aussi le détruire.


Ces quatre hommes, tous liés à jamais dans leurs souffrances, dans leurs regrets, dans leur culpabilité et surtout pour certains dans des secrets glauques qu'ils voudraient oubliés. Ces secrets si pesants qu'ils imprègnent leur rêve, leur âme et leur peau
Quatre hommes qui affronteront les ruines de leur passé.


Il y aura un premier drame, infâme.
Une ruelle sombre et humide.
Une jeune fille que l'on viole.
Du sang qui gicle sur le trottoir.
Un crâne qui résonne et des mains qui tremblent.
Une fuite insensée à perdre haleine dans la capitale hostile.
Ferry et retour case départ à Alger.


Il y aura un avant premier drame, immense, il y a trente ans, dans cette cour d'Alger.
Une femme, une mère git au sol.
Seulement deux jambes et un sexe offert.
Un cercle de mâles excités, affamés et le sexe bandé.
Deux ombres, deux témoins qui s'approchent, ruisselantes elles aussi d'une sueur abjecte...
Puis un long silence.
Un fantôme sur le sol. Un corps saccagé, désarticulé et couvert immondes souillures.
Et de ce viol bestial dans cette nuit de folie, un enfant naîtra.


Puis c'est un dernier drame intense où la colère a envahi les âmes et les corps.
Deux frères se font face. Une lame jaillit. Une gorge béante vomit son sang.


Un hôpital psychiatrique. Un dépossédé de son identité avec ses médicaments qui l'abruti, qui le font délirer, qui le font halluciner.
Et puis il y a cette visite où ces deux hommes torturés, disloqués par tant de misère et oubliés du monde, parlent chacun de leur mère.


Au loin là-bas, mais très loin, hideux, poisseux, le visage du désespoir rit toujours…
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Difficile de parler d'un tel roman : la qualité d'écriture est indéniable… mais l'histoire est tellement épouvantable qu'il est difficile de s'enthousiasmer, à fortiori quand on sait (et heureusement !) qu'il s'agit d'une fiction.
Il s'agit d'un viol, de deux viols à commis à 30 ans d'écart et dont le point de départ est une insupportable frustration et misère sexuelle : voilà pour l'ambiance, on n'est pas dans La Petite Maison dans la prairie !
Une atmosphère glauque et sordide donc, mais éclairée par une très belle écriture.
Mais voilà, il se passe à mon avis suffisamment de trucs horribles tous les jours dans le monde sans qu'on aie besoin d'en inventer de nouveaux... et je n'ai que très moyennement apprécié ce roman. J'attend cependant le prochain opus de l'auteur.
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C'est un récit qui vous cueille à froid, vous immergeant aussitôt dans une narration d'où suintent détresse et souffrance...

Arezki, toxicomane désoeuvré, délaissé, passe ses journées au lit, ressassant ses angoisses et ses obsessions, essentiellement nourries par le secret qui plane sur son ascendance, dont il ignore tout. Ses errements psychiques sont ponctués par la crainte autant que par l'espoir du retour de Si Larbi, sorte de père de substitution que son métier de chauffeur routier rend souvent absent.
Une nuit d'égarement, attiré par les lumières d'une fête de mariage, Arezki commet l'irréparable, et se retrouve en prison. C'est là qu'il rencontre Riddah, directeur de l'établissement qui, ayant reconnu dans ce jeune prostré et terrifié on ne sait quelle manifestation de son passé, décide de l'aider...
A ce trio va s'ajouter Ryeb, gardien de prison lui aussi aux prises avec des démons ancrés dans le mystère de ses origines.

Ces quatre personnages font alternativement entendre leurs voix, au fil de l'entrecroisement de leurs destins douloureux que constitue "L'ampleur du saccage".

Roman polyphonique, donc, mais aussi roman mosaïque, dont les différents éléments s'emboîtent peu à peu, avec à mon avis un peu trop de facilité. J'y ai trouvé trop de coïncidences, voire d'invraisemblances, et de raccourcis qui nuisent à la crédibilité du récit. C'est bien dommage, car l'écriture de Kaoutar Harchi m'a par ailleurs séduite : j'ai aimé ses longues phrases travaillées où chaque mot, rendu indispensable, est à sa place, et la profusion de verbes qui confère au récit cette lancinance brutale, en adéquation avec son propos. L'auteure dépeint une société machiste, dans laquelle les frustrations sexuelles engendrées par la rigueur religieuse et morale génèrent hypocrisie et violence, produisent des individus qui ignorent l'amour, la tendresse, le respect de l'autre. Et d'exprimer cette réalité glauque et barbare par l'intermédiaire de voix uniquement masculines est sans doute une des forces de ce roman, ainsi nourri de de la complexité et des contradictions qui torturent ses héros. Ces derniers sont dépassés par leurs pulsions, et cohabitent difficilement avec l'image d'eux-mêmes que leurs renvoient le souvenirs d'actes qu'ils ont commis sous leur emprise.

Il sourd de "L'ampleur du saccage" un désespoir profond, un sentiment de malheur inéluctable. Et Kaoutar Harchi n'avait nullement besoin, à mon sens, de doter son intrigue de tant de rebondissements pour le rendre fort et marquant, son écriture y aurait suffi. J'ai personnellement été gênée par ces invraisemblances évoquées plus haut, qui m'ont empêché de savourer pleinement ma lecture.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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« - Je te raconte tout ça pour que tu comprennes que j'ai besoin de le faire…Partir là bas, ce n'est pas simplement réaliser ses dernières volontés…c'est surtout me libérer et avancer ! »

L'ampleur du saccage…. Je dirais les saccages….saccages des corps, saccages des âmes, saccages des vies, saccages humains….

A lire le titre, à lire le mot de l'éditeur, à regarder la couverture terne, grisâtre, montant un enfant nu de dos maigrichon, penchant la tête de côté, il y avait de quoi avoir quelques à priori quant au contenu.
Le sujet est lourd, les paroles sont souvent insoutenables, les faits à peine croyables…
La construction de ce court, et c'est une heureuse initiative, et pesant roman, est chaotique, comme le sont les vies de nos 4 personnages. L'auteur saura, au fur et à mesure mettre en place un puzzle aux pièces complexes, tortueuses, mais qui finalement s'emboitent bien. C'est un des aspects du livre que j'ai apprécié.
La narration est une sorte de quatuor. Comme en musique où les instruments ont tour à tour la parole, Arezki le meurtrier, Si Larbi son tuteur, Ryeb le gardien de prison, et Riddah le directeur de prison ont leur propre partition à l'intérieur de laquelle le passé resurgit au détour de paragraphes.
De nos personnages qui au départ nous paraissent indépendants les une des autres, nous apprendrons, qu'ils sont liés entre eux par de terribles secrets, prisonniers d'une éducation où la tradition, les non dits, la violence sont les fondations.
Ce mode narratif multiple, chaotique correspond en tout point à l'atmosphère du livre.
L'auteur emmène son lecteur sur les chemins de l'enfance sacrifiée, de l'errance et de déracinement de l'étranger, du retour aux origines, de la destruction humaine inexorable.

En laissant décanter un peu , et en tentant de rassembler mes idées, mes réflexions, et finalement en y pensant souvent après, je me dis que c'est finalement ça un coup de coeur : un livre dont le sujet n'enthousiasme pas forcément mais qui laisse des traces, un livre que j'aimerais faire voyager, non pas pour le faire aimer, mais simplement le faire découvrir, pour faire parler ceux qui le liront, en bien ou en mal…car il en restera forcément quelque chose.
Je remercie Libfly et le furet du nord qui m'ont offert la possibilité de lire avant tout le monde cet ouvrage de la prochaine rentrée littéraire.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivions au coeur d'un système arabe où l'érotisme et la violence étaient les deux alibis d'une époque fondamentalement privée d'amour et qui trouvait dans l'échauffement sexuel une forme de compensation à son incurable sécheresse. Nous, gamins des rues, nous étions les piliers de ces déserts et nous n'avions que le droit de regarder. Nos pantalons étaient lourds de frustrations millénaires.
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La vie de ces jeunes, c'était de survivre à un système en guerre contre leurs désirs, les condamnant à une chasteté illusoire, sorte d'aphasie libidinale, désastreuse, qui les forçait à considérer le corps des femmes comme une denrée rare et précieuse sur laquelle il fallait se jeter avant la prochaine famine.
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La vie de ces jeunes, c'était survivre à un système en guerre contre leurs désirs, les condamnant à une chasteté illusoire, sorte d'aphasie libidinale désastreuse qui les forçait à considérer le corps des femmes comme une denrée rare et précieuse sur laquelle il fallait se jeter avant la prochaine famine.
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Et Nour était là, à quelques mètres de moi, comme endormie. Je me souviens de ses bras couverts de traces de coups et de son visage marqué par de profondes griffures. A terre, elle n'était plus qu'un corps désarticulé, douloureux, fantôme de lui-même, ayant conu la mort, regrettant d'y avoir échappé tant l'idée d'avoir à vivre encore était insurmontable.
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J'ai grandi à Alger, dans une famille musulmane réduite à une mère folle et prostituée dont certains des hommes de la ville étaient les clients.
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Videos de Kaoutar Harchi (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kaoutar Harchi
Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme “une véritable oasis de culture”.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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