Tout nous oppose. Il croit au pouvoir des Hommes, à la civilisation, au progrès. Je crois que nous ne sommes qu'un tas de terre glaise mal cuite s'effondrant sous son propre poids.
La race des seigneurs qui a fait régner sa terreur[…]. La race qui a ravagé le monde. Serait-ce donc cela qu’il fallait faire depuis le début, choisir ? Partir ou rester, collaborer ou se battre, aimer et mourir peut-être.
C'est une bataille pour la survie, tu ne comprends pas ? On ne veut plus vivre, c'était le boulot de la génération d'avant, et maintenant on doit se démerder avec leur échec. Non, on veut juste survivre. Et pour ça il faut agir maintenant. (p. 72-73)
Un train qui file dans la plaine, ce n'est pas le grand chamboulement que j'escomptais. Mais quand le départ n'est plus, que l'arrivée n'est pas encore, c'est déjà un putain de paradis suspendu.
Se battre pour soi, c’est assez peu intéressant. Les règles du jeu sont connues d’avance : à la fin, on perd, et on meurt. Se battre pour un enfant, pour une histoire, c’est différent. Rattraper ses torts, parier une énième fois sur l’avenir, racler les fonds de tiroir et regarder les canalisons sur la ligne de départ, l’espoir et la boule au ventre.
Je ne veux pas mourir avant d'être sûr d'avoir été vivant.
Il fallait des racines plutôt qu'une fuite, c'était donc si simple.
Au fond, on fait la même chose. On essaye de tenir à bout de bras un monde qui craque, on nettoie pour les autres, on fait le propre autour de nous. On se tue pour rien. Sauf que moi j'ai décidé d'arrêter, avant d'avoir le dos en miettes comme elles.
Qu'est ce qui éteint un homme, l'épuisement du chantier, la peur de l'avenir laissé à ses enfants ?
Peut-être simplement, le poids de la vie, celui des morts qui morcellent le chemin jusqu'à soi.