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Critique de Biblioroz


Ce petit recueil à deux euros nous fait découvrir le travail de nouvelliste de Thomas Hardy avec deux contes qui mettent en scène, chacun à sa manière, un fermier prospère confronté à son mariage plus ou moins malheureux.

Le bras atrophié (1888)
Dans la laiterie où trayeuses et trayeurs terminent de remplir les seaux, les conversations tournent immanquablement autour de la toute nouvelle et toute jeune épouse du riche fermier Lodge. Parmi les trayeuses, il en est une, Rhoda Brook, que le fermier a délaissée, avec un fils d'une douzaine d'années qu'il n'a pas reconnu. C'est ce fils que Rhoda enverra sur les chemins et à l'église pour obtenir tous les détails sur le physique de la jolie Gertrude. C'est ainsi que « Rhoda était à même de se faire de Mrs Lodge, qui ne se doutait de rien, une image mentale aussi proche du réel qu'une photographie. » Pleine de cette image de la jeune épouse, c'est en rêve qu'elle la voit comme assaillante et, lui saisissant le bras gauche, s'en dégage violemment en la poussant. Un rêve qui lui semble si réel qu'il quittera son côté onirique pour basculer dans la réalité.

Je ne connaissais pas encore Thomas Hardy dans le domaine mi-fantastique, mi-maléfique et j'ai aimé ce conte tout à fait marquant. Sortilège, mauvais oeil, superstitions campagnardes plutôt morbides, il nous offre ici un conte dont le déroulé tend, nous le sentons dès le début, vers un tragique destin. Sa plume, toujours aussi accrocheuse, s'ancre dans des petits détails d'époque, souvent liés à cette campagne du Wessex imaginaire et pourtant si réelle.
Cette confrontation de femmes, malgré elles, car leurs sentiments réciproques ne sont finalement pas du tout entachés de haine, coule inexorablement vers une issue dramatique.

Les intrus de la Maison Haute (1884)
Le fermier Charles Darton et l'un de ses laitiers qui doit être son garçon d'honneur, chevauchent sur une route de campagne interminable, dans l'obscurité hivernale du Wessex. Sans réel amour, ni réel enthousiasme, Charles va épouser Sally. Les raisons, plutôt froides, de son choix sont que Sally sera une femme pratique et simple, raisons que son ami ne partage pas !

Ce conte est bien moins surprenant que le précédent mais il dénonce, ironiquement, la bonne position sociale et financière d'un fermier. Ce beau parti, finalement, ne se verra pas si facilement ouvrir les portes vers un gentil destin matrimonial.
Thomas Hardy s'est attaché à nous livrer ici un personnage féminin déterminé, beaucoup moins inconsistant qu'un richissime fermier.

Deux petits contes, vite lus, dans lesquels j'ai encore une fois pu déguster l'élégante plume de cet auteur.
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