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Critique de afriqueah


Dans un pays africain où la corruption règne (tiens, tiens, c'est nouveau, ça) dans une dictature sanglante, dans un village inventé par l'auteur, des culs-reptiles, ou glandeurs, un jeune essaie de faire entendre sa voix. Sont-ils obligés de ne rien faire, vu le manque de travail offert, ou sont-ils « vaincus par un fatalisme héréditaire » ? 
Puis, par chance, ce jeune répond à une annonce et comme il est le seul, il est choisi pour se présenter comme nageur lors des Jeux Olympiques d'été en 2000 à Sydney.
Il est né à Malabo, la capitale de Guinée Équatoriale, et seul l'hôtel Ureca possède une piscine de 20 mètres, dans laquelle Eric Moussambani peut s'entrainer de 5 à 6 heures du matin : Il le fait, nage aussi dans la mer (en prenant une pirogue, puisqu'il n'existe pas de plage proprement dite à Malabo).
Et se présente à Sydney, seul, recevant des subsides qui lui font admettre, malgré ses tergiversations, qu'il doit continuer le défi.
Nous avons tous vu cet athlète à Sydney, presque mort noyé lors de ses 100 mètres nage libre qu'il n'avait jamais exécutés de sa vie.
Nous avons vu cette video avec émotion et tendresse, mesurant ce qu'il a fallu d'héroïsme à Eric Moussambani pour accepter, douter, puis être obligé de participer à ce challenge dont il ne connait même pas les enjeux. Il incarne exactement l'idéal de Coubertin, pour qui l'important, c'est de participer. Il n'a pas d'entraineur, personne ne l'aide, il regarde en boucle des cassettes d'autres champions, un entraineur sud-africain lui donne un slip de bain pour remplacer son bermuda, et des lunettes réglementaires.

Ceci, c'est l'histoire.
Le bloubi boulga que nous présente Mahamat- Saleh Haroun est un mélange d'imposture et d'ignorance. le héros, selon l'auteur, parle français, alors que la Guinée Equatoriale a été colonisée par l'Espagne, et seuls quelques privilégiés parlent français. Il est selon MSM musulman : là encore, ignorance crasse de ce pays où le catholicisme n'a pas fait place à un islam qui voudrait pourtant conquérir mais qui ne s'implante pas.
L'auteur parle de l'extinction du pétrole, rien de plus faux.
C'est donc une biographie ou « roman librement inspiré » basé sur le non-respect de la vie de son protagoniste, un insipide mélange d'ébats sexuels et de croyances islamistes, une non- connaissance du pays que pourtant l'auteur aurait eu intérêt à visiter que nous présente – innocemment- MSH.
Autant la vie politique tordue (celle qu'il connait, donc facile) est parfaitement décrite, avec ses chantages, ses promesses non tenues, ses compromissions, ses petitesses et ses perversions, autant tout ce qui touche au nageur est simplement faux.
Avec un vocabulaire irritant, parce que faisant appel à des phrases toutes faites, venues d'un français des années cinquante, du style : « clairs comme de l'eau de roche, politique de développement inclusive (?), passer l'arme à gauche, au petit bonheur la chance, pour casser la croûte, des vertes et des pas mûres, à coeur vaillant, heureux comme un pape, bouillir la marmite, à l'encan, le mitan, passer à la casserole, peu lui chaut, etc, etc…
Imposture sur le personnage d'Eric, sur son pays, alors que je me faisais une joie d'entendre enfin parler de ce pays où j'ai vécu et que j'ai aimé.
MSH nous prend vraiment pour des andouilles (pour parler comme lui, ah ah , je me venge comme je peux ) lorsqu'il parle de l'estuaire du Chari : c'est un fleuve intérieur au Tchad, pays d'origine de l'auteur, ignorerait-il qu'il ne débouche pas dans la mer, or, si l'on accepte qu'il ne parle pas de la Guinée Équatoriale, ce pays imaginaire qu'il nous concocte doit au moins être près de la mer, puisque son personnage y nage et s'affronte aux vagues…
Pense-t-il vraiment que parler de n'importe quel pays d'Afrique revient au même, et qu'on n'en a rien à faire ?
Imposture quant au destin du nageur, à la fois hué et applaudi à Sydney : contrairement à l'avenir bouché et au retour à l'inactivité décrit dans le livre, Eric Moussambani a continué à s'entrainer, et s'apprêtait à exécuter un cent mètre en temps record, en 2004 sauf qu'une erreur administrative du Comité olympique Equato-Guinéen ayant perdu la photo de son passeport, l'en a empêché. Ça aussi, c'est curieux, qui a parlé d'incapacité administrative en Afrique, qui ?
Il ne zone pas comme le dit MSH, au contraire, il est devenu entraineur de l'équipe de natation nouvellement crée.

A-t-on le droit de s'inspirer de la biographie d'un personnage vivant, pour le dévaluer, l'affubler d'une religion et d'une langue qui ne sont pas les siennes ?
Et de plus en utilisant une langue vieillotte, et pas très intéressante.
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