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Critique de domi_troizarsouilles


Un thriller pas tellement haletant, mais oppressant comme cette sécheresse omniprésente, due à une canicule qui frappe cette commune rurale d'éleveurs en Australie : plus de pluie depuis plus d'un an, un soleil impitoyable dans un ciel désespérément bleu, la rivière autrefois tumultueuse est désormais à sec, même plus une flaque ; les hommes (et leurs bêtes) sont désespérés, à deux doigts de la folie… C'est dans ce contexte lourd comme la menace d'incendie qui plane, qu'a eu lieu ce qui ressemble à un crime familial : Luke Hadler aurait tué sa femme et son fils avant de se donner la mort. C'est alors que le père de Luke presse Aaron Falk, policier (dans une branche financière) à Melbourne où il a fui depuis des années, mais surtout l'ami d'enfance de son fils, de venir aux obsèques, insinuant que ce meurtre-suicide ne serait pas dû au hasard…

On suit donc cette enquête qu'Aaron accepte de faire officieusement, avec le concours du jeune policier local, et malgré l'hostilité croissante d'un grand nombre d'habitants du lieu, non par gaité de coeur mais parce qu'il porte le poids d'une dette envers Luke. Passé et présent sont ainsi remués, d'une façon qui semble lourde et parfois un peu figée, comme l'air ambiant qui est brassé au rythme des ventilateurs inutiles dans cet air chaud implacable. Et ainsi le lecteur s'enfonce dans une enquête pleine de lenteurs… et plusieurs heures après avoir terminé ma lecture, je ne sais pas encore très bien si ça m'a semblé ennuyeux (par moments peut-être ? mais jamais au point d'avoir la moindre envie d'abandonner le livre en tout cas…), ou si je suis juste épatée par ce rendu d'une ambiance suffocante comme la chaleur, mais tellement difficile à rendre à travers des mots ! En fait, l'auteure réussit ce tour de force à ne pas tellement se plaindre de ces conditions climatiques extrêmes, mais elle en parle çà et là, comme si de rien n'était, et le résultat est qu'on « baigne » dedans – mais on dégouline de sueur, on voudrait secouer cette poussière qui tout à coup nous colle à la peau, on est sur le point de prendre son chapeau de soleil quand on va faire un tour dehors, alors qu'on est en Europe et en tout début de printemps encore bien frisquet par 50° Nord !

Cela dit, la plume est plutôt classique et fluide, sans être particulièrement remarquable. Toute la richesse du récit, outre l'ambiance créée comme expliqué ci-dessus, se trouve plutôt dans le choix de plusieurs niveaux de narration, ce qui est aussi surprenant qu'inhabituel. Ainsi donc, l'histoire du présent est présentée par le biais d'un narrateur extérieur focalisé sur Aaron, qui est alors toujours nommé par son nom (Falk) à part dans les dialogues, tandis que les éléments du passé, qui se découvrent par petites doses, sont systématiquement présentés en italique, mais du point de vue d'un narrateur omniscient qui aurait eu connaissance de toute cette histoire 20 ans auparavant et qui la présente par petits bouts selon le point de vue des différents personnages impliqués. Cette technique est inhabituelle – dans un policier/thriller traditionnel, on voit plus souvent les enquêteurs découvrir des traces ici ou là, grâce à des vieux papiers ou autres photos retrouvés, des dialogues avec des témoins d'alors, et ainsi reconstituer l'histoire. Ici, on a bien quelques passages du genre, mais ce ne sont pas ces mini-découvertes matérielles dans le présent qui font avancer l'histoire : ça ne fait que donner quelques indices ou, pire, perturber le lecteur. Et puis tout à coup arrive un passage en italique qui dévoile un nouveau pan de ces faits anciens, d'une façon qui entretient le suspense car ils ne sont pas non plus présentés de façon chronologique, si bien que c'est au lecteur de reconstituer les choses petit à petit. A noter aussi que, dans ces passages-là, Aaron est le plus souvent désigné par son seul prénom… comme la communauté l'appelait alors, lui enfant puis ado. Cette double narration m'a surprise au début, mais peu à peu on s'y habitue… et on veut en savoir toujours plus !

En résumé, je peux donc dire que j'ai passé un bon moment de lecture et j'ai apprécié la façon d'écrire de cette auteure qui, l'air de rien, parvient à entretenir une ambiance particulière et à maintenir malgré tout l'intérêt du lecteur. Mais ça manque quand même un peu trop d'action à mon goût pour que je puisse parler d'un coup de coeur.
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