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Critique de florencem


J'ai découvert l'oeuvre de Joanne Harris grâce au film du même nom avec Juliette Binoche et Johnny Depp. J'en garde un excellent souvenir et je voulais connaître le roman qui avait fait naître cette histoire. Avec le recul, le film a, je trouve, un côté plus enchanteur et bon enfant, moins lugubre par certains aspects, mais en même temps moins « réel ». Ma préférence ira cependant au film, ce qui est assez rare même si cela ne s'est joué à pas grand-chose.

Nous rencontrons donc Vivianne et sa fille Anouk, deux « étrangères » qui débarquent dans un petit village du Périgord. Lansquenet a ce côté un peu cliché où le curé, Reynaud, n'est qu'un sermonneur de première, où les secrets les plus honteux sont connus de tous mais tus, où la différence n'est pas la bienvenue, où l'apparence est tout ce qui compte. Nos deux héroïnes sont rapidement cataloguées comme des perturbatrices, et l'ouverture de la chocolaterie de Vianne ne va pas arranger les choses.

Le décor est vite planté, cependant, il y a tout de suite une douceur qui s'installe malgré l'hostilité. Vivianne, notre première narratrice, y est pour beaucoup. Il y a dans sa façon de nous narrer les choses un calme, une sérénité qui rend tout de suite la lecture plaisante et douce. Elle a des moments de doutes et de colères mais impossible de se défaire de cette ambiance délicate et rêveuse. Elle est une perturbatrice, en un sens, mais pas turbulente. Elle apprivoise le village et ses habitants comme on apprivoise une bête sauvage. Elle écoute, apprend, sourit, cajole. Pas d'entourloupe, elle est vraie et sincère et de là, nous découvrons des personnages attachants pour la plupart avec des vies pleines de surprises. Il y a aussi les pommes pourries du village, ce n'est pas non plus une communauté entière de bons samaritains, loin de là, mais ils déclenchent malgré eux des événements positifs.

Une fresque pittoresque qui nous amène de rencontres en rencontres à travers les yeux d'une femme qui n'a jamais cessé de fuir depuis son enfance et qui cherche pourtant des racines où s'ancrer, un lieu où elle pourra partager ses dons et apaiser ces âmes que le curé Reynaud ne sait pas du tout gérer. le tout saupoudré de chocolat sous toutes ses formes avec un tout petit peu de magie (mais alors un tout petit peu). Quoique en un sens, la vraie magie de ce roman est de voir Guillaume, Luc, Joséphine, Roux et les autres changer. S'ouvrir, évoluer, s'apaiser, nouer de nouvelles relations. Joanne Harris arrive parfaitement à rendre magique la nature humaine à de nombreuses reprises et c'est déjà en soit une jolie prouesse.

Bien entendu, il y a aussi de la laideur. Un mari violent, des dindes méprisantes (milles excuses aux volatiles pour cette comparaison…), un curé épouvantable, du racisme, de la méchanceté pure, de la mesquinerie et j'en passe… Mais passer à côté de cela serait un peu comme mentir aux lecteurs. Et puis, Vivianne et les autres doivent surmonter des épreuves qui les font évoluer grâce à cette bande de mécréants. Un très bon équilibre.

Parlons un peu maintenant de nos deux narrateurs. Reynaud… Mon dieu… Sans jeu de mot, le curé est pitoyable, antipathique, méprisable, égoïste, incompétent, intolérant, pourri jusqu'à la moelle, imbu de lui-même… et je pourrais continuer. Il a droit à quelques chapitres et franchement, j'ai lu le premier, les suivants pas tellement. En diagonale pour récolter quelques informations mais c'était à la limite du supportable. Ses délires psychotiques et cette façon de croire que Vivianne est en guerre contre lui… Je veux dire, le type est même pas foutu de faire son travail, à savoir guider ses paroissiens, les aider, les écouter, être bon, et il n'arrête pas de se plaindre. Des « moi je » à longueur de temps, du mépris et des critiques mesquines… A vomir. Il apporte son lot, certes, mais… je m'en serais passé.

Vivianne est comme je l'ai dit un peu plus tôt un personnage très agréable à suivre. J'ai aimé sa façon d'être, le bonheur qu'elle apporte, sa gentillesse et sa compréhension. Elle ne juge pas. Ses différentes expériences lui ont donné cette capacité à être ce qu'elle est : une femme intelligente, adorable, à l'écoute, loin des préjugés. Cependant, même si je peux le comprendre en un sens vu sa vie, j'ai trouvé qu'elle était égoïste par rapport à sa fille. Un point qui se répercute notamment à la fin du roman à savoir : font-elles partir ou pas. Dès le départ, Vivianne se convint que oui, mais on sent qu'elle va finir par de nouveau s'enfuir très rapidement. Elle se ment à elle-même et ne pense pas à ce que sa fille peut ressentir, alors qu'elle-même la vécu. Un aspect que je n'ai pas tellement apprécié.

Un très joli roman qui traite de la vie et de la mort, des choix que l'on fait, de ce qu'on décide de faire avec ce que l'on nous a donné. Une bonne morale, un petit réchauffement du coeur. Il y a cependant des longueurs qui alourdissent le récit même si l'intérêt demeure. J'ai rapidement survolé les résumés et les avis des deux tomes suivants et je pense que je m'arrêterais à Chocolat qui se suffit à lui-même.
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