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Critique de PrettyYoungCat


Les loups ne se mangent pas entre eux dit-on. Mais l'Histoire nous l'a montré, les nazis étaient toujours prêts à se tirer dans les pattes entre eux. La morale, la loyauté n'existaient pas dans ce monde-là. Fatherland, une uchronie qui nous mène en 1964 où l'Allemagne nazie est sortie vainqueur en 1946, nous le confirme aussi.

J'étais impatiente de lire ce qu'aurait pu être l'Europe et même l'histoire du monde si le Reich de 1000 ans s'était accompli… Une excitation faite de frissons d'effroi, bien sûr, tant je l'imaginais épouvantable et redoutable.

Fatherland ne nous délivre pas « comme ça » ce futur imaginaire. Il égrène petit à petit les différences historiques et ne joue pas dans les révélations spectaculaires (et je ne vous en apprendrai donc pas plus sur cet aspect afin de ménager le suspense qui d'ailleurs se « mérite »). Il prend l'angle de l'intrigue policière et de l'espionnage pour nous promener dans l'Allemagne et ses hautes sphères nazies, ainsi que les jeux de pouvoirs subtils entre la Orpo (police ordinaire), la Sipo incluant la Gestapo (police spéciale, la Sûreté, du parti, tout en haut de l'échelle hiérarchique) et la Kripo… à mi-chemin entre les deux. « Un état policier est un Etat géré par des criminels » et rien ne se confirme le mieux.

L'inspecteur Xavier March de la Kripo, SS par défaut, enquête sur la mort de deux hauts gradés SS et d'un autre porté disparu… Notre anti-héros n'est pas un nazi franchement zélé ni convaincu par les dogmes du parti (ce qui nous le rend… pas trop antipathique). Il est même considéré comme « asocial » selon le critère nazi et risque tôt ou tard d'atterrir en « KP » (camp de concentration). Il se questionne, s'émeut presque, de retrouver une photo d'une famille juive glissée derrière la tapisserie de son appartement…. La propagande a à tel point lessivé les cerveaux et bâillonné ceux qui savaient, qu'ils croient qu'ils ne savent plus. On ne parle pas de ces choses-là. L'holocauste n'est pas clairement établi, il est plutôt comme une rumeur pour le monde entier. Et la version officielle est que les Juifs aient été déportés à l'Est…

Je n'en dis pas plus sous peine d'en révéler trop. J'ai été légèrement déçue par cette lecture que j'imaginais plus prenante, plus « spectaculaire », mais finalement les changements avec la vraie Histoire sont plus subtils. le rythme est un peu lent et de base, je ne suis pas très enquête policière, mais il s'agit plutôt ici d'une enquête sur les arcanes du pouvoir et sur les secrets dissimulés derrière la version officielle que le Reich a érigé pour vérité.

Et même si cette partie est fictionnelle (l'auteur a toutefois, il faut le préciser, appuyé son roman sur nombre de personnages ayant existés et certains faits sont véridiques jusqu'à une certaine date) cela nous rappelle qu'il faut toujours s'interroger sur les informations qui nous parviennent, même de source « officielle ».

Pour conclure, j'ai tout de même passé un bon moment avec ce livre qui rejoint pour moi le genre de lectures dont on a envie l'été.
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