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Critique de DemonAuChapeauBleu


« Ce nom lui avait été décerné 30 ans plus tôt, alors qu'il était scout, et qu'on allait l'introniser dans l'ordre secret des Webelos. le chef de troupe qui dirigeait également l'orchestre du collègue était une sorte de visionnaire ; il lui plaisait de doter ce garçon morose d'un nom qui le ferait basculer dans les replis les plus sombres du ciel : Sorcier. »

Sorcier est mon livre préféré de Jim Harrison et l'un des livres les plus éclatants qu'il m'ait été donné de lire au cours de mon existence mélancolique. Jim Harrison (de notoriété publique, l'un des meilleurs écrivains de la galaxie) l'a publié en 1981, il avait 44 ans.

De quoi s'agit-il ? D'un type prénommé Johnny, mais qui parle de lui-même à la troisième personne, en s'affublant du sobriquet – infiniment plus lyrique et mystérieux que son vulgaire prénom – de Sorcier. Ce qui fait de lui un puissant et pathétique Don Quichotte, occupant le plus clair de son temps à s'escrimer contre des moulins à vent.

Si ce livre m'est allé droit au coeur, c'est bien parce qu'il ne m'a pas fourni seulement une bonne dose de rigolade, mais également une philosophie savoureuse et hautement gargantuesque de vie. Si Sorcier ne se laisse pas abattre, s'il ne perd pas complètement les pédales, s'il garde la patate en toutes circonstances, c'est grâce à cette façon qu'il a de mener sa vie, non pas en se tourmentant ET se molestant ET se maltraitant en toute circonstance de cette chienne de vie – comme nous avons tous tendance à le faire – mais en se pardonnant tout, en se racontant sur lui-même des histoires réconfortantes, en prenant des poses poignantes, bref en s'inventant miraculeusement une réalité dont il est le héros dérisoire et charmant, l'inaltérable gentleman, le guerrier-ours aux muscles d'acier, le suprême Shaman, le bouffon héroïque, le noble touareg marchant droit vers l'Oasis dont il sait pourtant qu'il est un mirage de son imagination tourmentée.

Et n'est-il pas sage d'ensorceler ainsi sa vie ? de se faire le magicien vaseux de sa propre existence pathologique ? Ainsi donc BIG JIM ne fait pas que nous divertir ou nous charmer ; il nous instruit, nous édifie. Il dit, à qui sait l'entendre : « Prends en de la graine, petit gars. Aime-toi toi-même comme Sorcier s'aime, glorifie excessivement tes réussites, apitoie-toi exagérément sur toi-même, admire-toi, aie pitié de toi, petit homme. »
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