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Critique de Patsales


Trois femmes impuissantes en Afghanistan.
Rahima, notre contemporaine, mariée tout juste nubile après avoir été bacha posh (faute de fils dans la famille), devient aide parlementaire. Shekiba, un siècle auparavant, habillée en homme, avait surveillé le harem royal, avant de devenir deuxième épouse. de l'une à l'autre, une vieille fille bossue.
« Cette nuit-là, Khala Shaima se mit à nous raconter l'histoire de mon arrière-arrière-grand-mère, Shekiba, une histoire que mes soeurs et moi n'avions jamais entendue auparavant. Une histoire qui me transforma. »
L'histoire est donc clairement placée sous le signe des Mille et une nuits où une femme en état d'infériorité absolue ne doit sa vie qu'aux récits infinis par lesquels elle maintient la mort à distance.
Entre Shekiba et Rahima, les échos sont multiples et soulignent l'impossible avancée des mentalités. Si le roman est souvent passionnant comme témoignage sociologique, le parallélisme des deux histoires souligne lourdement des évidences. Et le réalisme souffre des efforts romanesques induit par la volonté de faire coïncider les deux destinées. Qu'on m'explique comment il est impossible d'arrêter un visiteur nocturne dont on sait exactement par quelle porte du sérail il entre presque chaque nuit!
Scheherazade la conteuse a gagné la vie sauve. Rahima, elle, fait mieux, en s'émancipant. Elle a gagné sa liberté en préférant aux sortilèges de l'oral le pragmatisme de l'écrit:
« C'était uniquement parce que je savais lire et écrire que j'avais eu la possibilité d'accompagner Badriya à Kaboul. C'était uniquement parce que j'étais capable de tenir un stylo et de m'en servir à bon escient que j'étais devenue son assistante et avais pu me joindre à Hamida et Sufia au centre de documentation sans me sentir à la traîne. C'étaient mes quelques années d'école qui m'avaient permis de lire le prospectus du salon de beauté dans la vitrine, de repérer la rue où Miss Franklin m'attendait nerveusement pour m'aider dans ma fuite. »
L'éducation des femmes est la seule façon de « mettre un frein à l'immobilisme » (comme disait Raymond Barre). C'est la leçon du livre et on ne peut qu'y souscrire et en recommander la lecture, même si on aurait souhaité un peu plus de subtilité.
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