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Critique de ivredelivres


Deux moines tibétains dessinent un mandala avec du sable coloré. Ils vont lentement observent avant d'agir, d'abord un dessin d'ensemble puis les détails.
Maintenant imaginez que vous êtes biologiste, comme ces moines vous vous fixez un coin de nature, une zone bien délimitée mais qui est capable par sa richesse de représenter le monde vivant, plantes et bêtes.
« J'a choisi l'emplacement en marchant au hasard jusqu'à trouver un rocher où m'asseoir. L'espace devant moi est devenu mon mandala. »
L'observation de cette parcelle forestière de 1 mètre carré est votre nouvel espace de travail, nous sommes dans les forêts des Appalaches.
Notre biologiste choisit une petite fenêtre pour contempler le monde. Il se fixe quelques règles :
« y venir aussi souvent que possible, observer le déroulement d'un cycle annuel, garder le silence, déranger le moins possible, ne pas tuer d'animaux ni en évincer, ne pas y creuser ni y pénétrer, ne m'autoriser qu'un simple effleurement des doigts. »
Nous lecteurs, allons le suivre dans ce voyage fantastique vers l'infiniment petit, l'infiniment simple et l'infiniment complexe de cette forêt primitive. Une grande richesse écologique et une grande diversité biologique nous attendent.
Dans ce carré de forêt presque chaque jour notre biologiste va aller s'asseoir et tenir un journal, c'est là l'objet de ce livre.

Prenons donc la route en direction de Sewanee dans le Tennessee.
Au fil des pages David Haskell nous fait découvrir la vie qui grouille sous les feuilles, la physiologie des lichens comme la façon de se nourrir des cerfs, la coopération qui existe parfois entre les occupants du mandala. Nous subissons la neige, des trombes d'eau, « les assauts du vent », la chaleur estivale et même un tremblement de terre.
Quand il pleut le mandala se transforme en « Serengeti à mollusques », les fleurs sortent à profusion aux premiers jours d'avril et elles se déploient « Ce matin la tige a la forme d'un élégant point d'interrogation, toujours recouvert de duvet, la fleur bien close suspendue à l'extrémité de sa courbe ».
La civilisation se rappelle parfois brutalement à lui, comme avec cette balle de golf venant perturber le fragile équilibre de son mandala biologique.
Il lève parfois la tête pour apercevoir « le vol de l'épervier brun ». Il nous dévoile le combat pour la vie qui se déroule sous ses yeux scrutateurs, il nous révèle les miracles d'une nature foisonnante, papillons et champignons, arbres et fleurs, tout est bon pour nous transmettre un message « Toutes nos actions font des vagues et les effets de nos désirs se répercutent à travers le monde ».
Ce journal est passionnant de bout en bout, savant, érudit, il sait nous apprendre la vie mais sait faire sa leçon avec l'âme d'un poète.
Dans les interviews il dit que c'est sa femme qui lui a fait regarder la nature avec empathie, elle qui est artiste, biologiste, éleveuse de chèvres et fabricante de savon ! Qu'elle en soit remerciée.
Je suis sûre que David Haskell est un lointain cousin d' Henry d'Thoreau, d'Annie Dillard ou encore d'Aldo Léopold dans son lointain Comté des sables.
Si l'on veut faire un peu de chauvinisme on peut aussi le rapprocher de Jean-Henri Favre et ses Souvenirs entomologiques.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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