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Critique de Sachenka


Le prince et le moine est un roman qui nous transporte dans l'Europe centrale du Xe siècle. Les Magyars sèment la panique mais commencent à rencontrer une résistance plus concertée et se replient dans la plaine pannonique, se sédentarisent. Alors, ils deviennent l'enjeu de l'Église catholique de Rome et de l'Église orthodoxe de Constantinople. Cette lutte exacerbe les rivalités entre les différents clans et elle éclate presque en guerre civile. C'est dans ce climat que le moine Stephanus de Pannonie est envoyé pour évangéliser les « Türks » comme on les appelait (apparemment). Mais il a un agenda secret : évangélisés, avec un roi chrétien, ils pourraient servir de contrepoids dans les luttes entre le pape et l'empereur germanique.

Aventure, politique, religion, guerre… tous les éléments d'une intrigue magistrale réunis en un seul bouquin. Bref, c'est une histoire avec beaucoup de potentiel. D'emblée, j'étais preneur car je suis fasciné tant par l'histoire que par la Hongrie. Et l'auteur Robert Hasz réussit rendre le tout accessible au lecteur. La traduction française inclut une carte géographique et une chronologie, au début. Ça peut en aider plus d'un.

Ceci étant dit, je me demande si une narration centrée sur le moine Stephanus était la meilleure option. le bon côté, c'est qu'on voit les Magyars d'un point de vue externe. C'est une belle façon de faire découvrir les us et coutumes d'un peuple nouveau, aux traditions différentes, à la religion polythéiste et aux mythes originaux. Et Hasz parvient à tisser beaucoup de liens entre ces traditions et mythes et l'histoire qu'il raconte. Toutefois, tout est vu à travers le prisme d'un religieux (qui est particulièrement ouvert d'esprit pour l'époque, heureusement). Ajouter celui d'un Magyar aurait été intéressant. Malheureusement, tout le long de ma lecture, ce peuple me paraissait étranger. Distant. Incidemment, la charge émotive à leur endroit était réduite.

Étrangement, malgré les éléments de la culture magyare mentionnés plus haut, je n'ai pas l'impression en avoir tant appris sur ce peuple. Peut-être manquait-il des descriptions? J'avais de la difficulté à le visualiser physiquement. Eux, leurs vêtements, leurs armes, leurs campements, etc. L'auteur passe beaucoup de temps à raconter leurs luttes intestines alors, incidemment, l'organisation politique est largement décrite. Toutefois, parce que l'auteur emploi alternativement les noms des personnages et leurs titres (les deux dans une langue autre), je n'arrivais plus à les distinguer. Peut-être qu'un arbre généalogique des principaux clans et chefs aurait été utile?

Aussi, ça m'a pris du temps découvrir quel était le fameux prince du titre car on rencontre plusieurs chefs magyars. Une fois son identité dévoilée, ma lecture du roman était très avancée et mon intérêt pour toute cette histoire s'étiolait déjà. Peut-être parce que très peu de personnages secondaires arrivaient à sortir du lot. J'avais l'impression de lire une grande épopée dans un petit vase clos, avec seulement des rumeurs d'événements extérieurs grandioses. À cela s'ajoutait une troisième difficulté : une couche supplémentaire de narration. L'histoire est racontée après-coup, par Alberich de Langres, un moine de l'abbaye de Saint-Gall, qui tente de reconstituer les événements. Ouf! Ce n'était pas nécessaire.

Bref, le prince et le moine est un roman avec beaucoup de potentiel qui, selon moi, n'est pas pleinement exploité. J'aurais voulu aimer davantage ce bouquin.
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