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Critique de dvall


« Je suis ce que je suis. Il est ce qu'il est. Il n'y a rien à « montrer », à exhiber à la face réprobatrice du monde. Il n'y a que nous dans nos têtes. Que nous deux avec nos choix, nos inhibitions et notre potentielle inclination au pire. Gün-Aïdrinn n'est au final que la somme de son humanité. »

Gün-Aïdrinn est le nom donné par Gundrup au dernier garçon qu'il a capturé, son Numièr Zeïsch, numéro six. Il y en a eu d'autres, mais qui ont été vite consommés ou vendus à d'autres amateurs de chair fraîche pour satisfaire quelque faim venant du ventre ou de plus bas encore. Seuls ceux que l'ogre forestier garde comme esclaves et s'applique à formater selon ses déviances et la loi de la forêt reçoivent un numéro. Et Gün-Aïdrinn est doté d'un grand potentiel. Tendre Günni qui a fui ses terres d'origine avec les siens pour échouer dans cette forêt mortelle. le pays est infesté de migrants comme lui, que des miliciens pourchassent, et Gundrup est un abject prédateur pour les uns comme pour les autres.

« L'enfant des forêts » est un conte moderne et dérangeant, dont l'atroce toile de fond est composée de fuite désespérée de migrants, d'esclavage infantile, de cannibalisme et de pédophilie. Si ces choses sont introduites sans détour, pour autant il n'y a pas de complaisance voyeuriste dans les descriptions. On tourne les pages de ce roman avec une sorte de fascination malsaine, induite par le fait que le récit est écrit à la première personne, tantôt avec la voix de l'ogre, tantôt avec celle de l'enfant. Il y a un travail intéressant sur la langue et la graphie, même si la manière dont le garçon s'exprime, initialement très primitive, devient étrangement soutenue au fil des pages, ce qui laisse parfois une impression d'artificialité. Certes, l'enfant est instruit et les mois passés sous la coupe de l'ogre contribuent à le transformer, à l'endurcir, à le corrompre aussi. La façon dont l'homme et l'enfant se jaugent, se manipulent l'un l'autre, fomentent des plans machiavéliques pour asservir jusqu'à la moëlle ou recouvrer la liberté aiguise l'envie de découvrir comment tout cela va se finir.

Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, il est certain, mais une expérience de lecture qui rappelle les profondeurs cruelles des « Contes de l'enfance et du foyer » des frères Grimm.
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