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EAN : 9782370553720
Le Tripode (31/08/2023)
3.5/5   31 notes
Résumé :
La découverte d'un auteur hors norme, un roman hypnotique entre Le Grand Cahier et My Absolute Darling.

Un homme et un enfant habitent une forêt sans nom. L'un est chasseur, et aussi ogre, l'autre une innocence capturée. De saison en saison, ils s'observent, s'épient, avides de trouver une issue à leur vie.
Livre-monde hypnotique, L'Enfant des forêts de Michel Hauteville ne peut guère s'oublier, tant sa langue rejoint celle des fables. Chargé d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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🌳Chronique 🌳

Souvent j'ai honte d'être cette cicatrice en devenir

L'enfant des forêts, c'est un enfant. Un enfant migrant. Un enfant devenu orphelin. Un enfant capturé. Un enfant c'est un mets de choix pour les ogres. Un enfant c'est une proie facile pour un chasseur expert. Un enfant c'est vulnérable, malléable, attirant. Un enfant on peut le briser, on peut le blesser, on peut lui apprendre le Mal.
Et c'est pour cela, que L'enfant des forêts craint de ne plus être lui-même, de ne plus se voir que par cette déchirure en lui, de toujours subir cette sensation intérieure, de l'innocence bafouée. La honte c'est un sentiment pénible, persistant, complexe. Mais cet enfant est une victime, et s'il a honte de sa propre déshumanisation, cela veut dire qu'il lui en reste encore beaucoup à contrario de l'Ogre.

L'ogre c'est le géant. L'ogre c'est l'effrayant. L'Ogre c'est la brute qui se nourrit de chair fraîche et dévore les enfants. L'Ogre c'est le chasseur surentraîné qui traque, capture et tue selon les besoins, les migrants qui passent sur son territoire. L'Ogre c'est celui qui va ramener dans sa tanière, cet enfant, pour en faire son apprenti. L'apprenti du Mal. En lui inculquant de force la chasse, en le violentant, en l'emmenant chaque fois plus près de l'horreur, il espère en faire un Ogre, tout aussi, performant que lui. Et plus si affinités…

nous avons donc traversé la forêt (…)
parfois la vie n'est pas juste avec les gens/les faibles/ les démunis/ et au lieu de les tirer vers le haut elle les enfonce au contraire encore plus bas qu'auparavant

Cette forêt est devenue terre d'abîmes, théâtre des pires ignominies, lieu de perdition. Et si l'Ogre peut agir à sa guise, c'est que le contexte lui est favorable: ces migrants n'ont pas de nom, de visage, de reconnaissance, ils ont juste une « valeur marchande »…Et la figure de l'Ogre dans l'inconscient collectif, est riche. En cela, l'auteur réussit parfaitement à nous conter cette légende horrifique, elle prend toute sa force évocatrice, elle devient possible. Palpable. Les migrants existent, la stratégie de leur effacement, aussi. Et dans cette forêt sans nom, personne ne verra rien de ce qu'il se fait en douce puisque elle n'a pas de coordonnées géographiques…Donc si personne ne regarde, alors le mal peut agir en toute impunité…

-Tu manges! Sinon c'est moi qui te mange!

Tour à tour, nous aurons les pensées de l'un et de l'autre. le lent déroulement d'une relation toxique et tragique qui ira fatalement jusqu'au drame, tout en passant par toutes les phases de domination abominable du Maître sur son prisonnier…Ce livre est dérangeant. Je dirai que mon coeur durant cette lecture s'est fracturé un millier de fois. Mais.
Mais, si nous savons effectivement, que l'Ogre est cannibale, violent, riche et puissant, nous savons aussi -et grâce à cela, j'ai pu aller jusqu'à la fin de ma lecture- c'est qu'il est, aussi, bête…Maigre espoir, après tant de fluctuations émotionnelles, mais comme on s'attache à L'enfant des forêts, il me fallait bien un peu d'ancrage-réconfort…En ajoutant la voix de cet enfant, ses sentiments et cette ponctuation particulière presque poétique Michel Hauteville nous ramène au plus près, de l'essentiel: la part d'humanité en tout un chacun. Parfois, il faut aller creuser loin, dans la terre et le sang, mais elle est bien là, elle sent les orages et la mousse, mais si ça sent le pourri, alors, c'est que c'est bel et bien fini…

nous aussi nous humerons l'air et saurons alors qu'il est temps de partir

Remerciements:
Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions le Tripode de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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« Je suis ce que je suis. Il est ce qu'il est. Il n'y a rien à « montrer », à exhiber à la face réprobatrice du monde. Il n'y a que nous dans nos têtes. Que nous deux avec nos choix, nos inhibitions et notre potentielle inclination au pire. Gün-Aïdrinn n'est au final que la somme de son humanité. »

Gün-Aïdrinn est le nom donné par Gundrup au dernier garçon qu'il a capturé, son Numièr Zeïsch, numéro six. Il y en a eu d'autres, mais qui ont été vite consommés ou vendus à d'autres amateurs de chair fraîche pour satisfaire quelque faim venant du ventre ou de plus bas encore. Seuls ceux que l'ogre forestier garde comme esclaves et s'applique à formater selon ses déviances et la loi de la forêt reçoivent un numéro. Et Gün-Aïdrinn est doté d'un grand potentiel. Tendre Günni qui a fui ses terres d'origine avec les siens pour échouer dans cette forêt mortelle. le pays est infesté de migrants comme lui, que des miliciens pourchassent, et Gundrup est un abject prédateur pour les uns comme pour les autres.

« L'enfant des forêts » est un conte moderne et dérangeant, dont l'atroce toile de fond est composée de fuite désespérée de migrants, d'esclavage infantile, de cannibalisme et de pédophilie. Si ces choses sont introduites sans détour, pour autant il n'y a pas de complaisance voyeuriste dans les descriptions. On tourne les pages de ce roman avec une sorte de fascination malsaine, induite par le fait que le récit est écrit à la première personne, tantôt avec la voix de l'ogre, tantôt avec celle de l'enfant. Il y a un travail intéressant sur la langue et la graphie, même si la manière dont le garçon s'exprime, initialement très primitive, devient étrangement soutenue au fil des pages, ce qui laisse parfois une impression d'artificialité. Certes, l'enfant est instruit et les mois passés sous la coupe de l'ogre contribuent à le transformer, à l'endurcir, à le corrompre aussi. La façon dont l'homme et l'enfant se jaugent, se manipulent l'un l'autre, fomentent des plans machiavéliques pour asservir jusqu'à la moëlle ou recouvrer la liberté aiguise l'envie de découvrir comment tout cela va se finir.

Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, il est certain, mais une expérience de lecture qui rappelle les profondeurs cruelles des « Contes de l'enfance et du foyer » des frères Grimm.
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"L'enfant des forêts" est l'un des romans de la rentrée littéraire de 2023, le deuxième roman de Michel Hauteville, qui paraît dix-neuf ans après le premier : "La grosse Marfa". Dans ce livre, nous nous retrouvons projeté.e.s au milieu d'une forêt, dans une cabane sordide, en compagnie d'un homme, garde forestier, et d'un enfant, esclave, et jouet sexuel de l'homme. le ton est donné d'emblée, le garde forestier est un être immonde, qui exploite et viole régulièrement l'enfant sobrement nommé « Numièr Zeïsch » (Numéro six), un jeune migrant qu'il a capturé dans la forêt. Les chapitres du livre sont organisés de telle façon que l'on alterne entre le point de vue de l'homme, et celui de l'enfant. À mesure de la lecture, nous découvrons les cruels jeux mis en place par le garde forestier, qui se fait appeler « le maître », pour manipuler l'enfant, le briser, et en faire son digne successeur (Successeur de quoi ? On se pose encore la question). À partir de là, un pseudo jeu psychologique se met en place entre l'homme et l'enfant, chacun essayant de se manipuler, l'un pour sa survie, et l'autre par pur plaisir sadique. le corps du roman repose sur ces jeux psychologiques sordides, imposants alors une ambiance sombre et ignoble du début jusqu'à la fin du livre.

Ce n'est pas un roman à mettre entre toutes les mains, clairement.

Si la forme est intéressante : l'organisation des chapitres, l'usage particulier de la ponctuation, ou l'évolution du personnage de l'enfant, il n'en reste pas moins que l'intrigue est faible, et manque de fond. La fin de l'histoire est mal amenée, (voire bâclée), et surtout cousue de fil blanc. le dénouement n'arrive que par une pirouette de l'auteur, mal exécutée, où celui-ci clôt l'intrigue grâce à un vague souvenir du garde forestier, mentionné dans les premiers chapitres du livre. de plus, nous avons du mal à comprendre où l'auteur veut nous amener. À plusieurs reprises, nous avons l'impression qu'il essaye de nous faire pleurer pour le garde forestier, allant même jusqu'à se demander si celui-ci ne mériterait pas, au fond, un peu d'amour.

« L'ogre est-il aimable ? Y a-t-il seulement une place pour un peu d'amour dans la vie de l'ogre? »

Quel malaise ...

Ce roman, qui se veut proche de la structure d'un conte, ne l'est que par facilité, voire par flemme intellectuelle. Une position qui permettrait, plus ou moins, de justifier le manque de profondeur de l'intrigue, peut-être ?

Ce livre aurait pu être "juste" un mauvais roman, bien que la forme puisse être intéressante, s'il ne mettait pas en scène des faits de violence, de maltraitance, de viol, et de pédophilie que l'auteur semble plus ou moins expliquer/justifier à la fin du roman. L'auteur semble mobiliser ces concepts pour donner de la forme à son histoire, masquer la faiblesse de l'intrigue par l'horreur et l'immonde, pour retenir les lecteurs captivés par la violence suggérée ou clairement décrite. Choquer pour retenir le lecteur ? Choquer pour vendre davantage ? Quelles qu'en soient les raisons, l'intrigue est mal amenée, mal construite, mal traitée, et mal conclue. Nous sortons de cette lecture confus.e.s, d'autant plus que l'auteur semble nous inviter à ne pas juger trop durement le garde forestier.

Traiter de tels sujets demande une véritable intelligence, un fond à l'intrigue, sinon, il ne s'agit que d'une érotisation de l'immonde et du macabre.

En somme, un roman à l'intrigue pauvre et à l'ambiance immonde. Et ceci, sans intelligence, pour aucune raison valable, si ce n'est vous choquer.

Gardez vos 21 euros.







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La littérature est un grand espace de liberté où chacun peut s'exprimer sans limites.
Pourtant il est des sujets qui peuvent prêter à controverse et je me suis demandé, en lisant ce roman de Michel Hauteville, s'il était acceptable d'écrire cela.
En tout cas, le lire fut difficile pour moi.
Dans un futur qui semble proche, et dans une région appelée Quaraqorom, des populations démunies de migrants affluent en masse et des miliciens tentent de les arrêter à leur arrivée sur les côtes.
Et s'ils ne se font pas interpeller, ils ont toutes les chances de tomber sur ces « forestiers » qui vivent reclus dans les bois, au sein d'une communauté où seuls les rapports de force prévalent et où tout semble permis.
Gundrup est un de ceux-là, un pirate pour lui, mais un ogre pour ses malheureuses poies. En chasseur hors pair, il traque les migrants dans la forêt pour manger les adultes et asservir les enfants.
Gün Aïdrinn est le sixième enfant qu'il séquestre après avoir perdu les cinq précédents. A à peine 10 ans, le petit garçon en tombant entre les griffes de ce prédateur devient son esclave, subissant les humiliations, les coups et les viols.
L'enfant des forêts est un traité de manipulation mentale d'une violence insoutenable et j'ai eu bien du mal à le terminer. Avec une ambiance terrifiante et une tension permanente, je l'ai lu en apnée du début à la fin. S'il m'a fait penser à Des noeuds d'acier, il a cette grande différence avec le roman de Sandrine Collette, c'est que les victimes ici sont des enfants et pour moi, ça ne passe pas du tout.
Personnellement, je n'en conseille pas la lecture mais pour se faire un avis sur ce qui est acceptable ou pas en littérature, peut-être faut-il néanmoins s'y plonger.
Âmes sensibles s'abstenir.
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Si vous avez aimé My absolute darling de Gabriel Tallent, La dernière maison avant les bois de Catriona Ward et/ou Résine d'Ane Riel, alors sans doute aimerez-vous L'enfant des forêts, de Michel Hauteville.

🌳 Une masure isolée au coeur d'une forêt obscure.
🔪 Un homme chasse… d'autres hommes. Et séquestre des enfants, qu'il dresse pour lui servir d'esclaves, y compris sexuels.
Le dernier en date, qu'il nomme Gün-Aïdrinn, a “du potentiel”.
Un potentiel qu'il va contre toute attente mettre à profit pour tenter de déjouer le cruel dessein de son geôlier…

Écrits à la première personne, les chapitres font entendre alternativement les voix (ou plutôt les pensées) de l'ogre et de l'enfant.

Les personnages se livrent à un véritable jeu de dupes, entre domination et soumission, haine et mépris, terreur et horreur.

Dialectique du maître et de l'esclave ?

L'enfant des forêts n'est assurément pas un livre à mettre entre toutes les mains. Âmes sensibles s'abstenir. Amateurs de feel good, passez votre chemin.

Mais si vous n'avez pas peur d'être bousculé, si vous appréciez les romans noirs avec une dimension psychologique intéressante et bien menée, alors cette lecture est pour vous !

À paraître le 31 août aux éditions le tripode.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
si seulement tu étais mort ¡ que ça hurle en moi parfois tellement fort que j'ai honte d'avoir pu penser ça la seconde d'après / mais face à cette situation toxique comment ne pas être envahi par de telles pensées ¿
comment ¿
la rage me conduit à de tels excès
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-Il te faudra apprendre à toucher le cœur de l’animal à coup sûr…
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mais quitte-t-on jamais sa mauvaise conscience¿
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Celui-ci sert à attraper les enfants, comme toi. Sans les abîmer car ce sont viandes de commerce. Ou corps à plaisir si je m'en attribue un.
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Voilà tout le drame de ma vie. L'abandon. La perte de ce à quoi je tiens le plus. L'infidélité. La solitude du trahi. La chair privée d'une chair à laquelle se réchauffer. Bah ! L'existence est un gouffre d'amertume.
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