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Critique de Meygisan


C'est par hasard que je suis tombé sur cette bd au rayon nouveautés de ma bibliothèque favorite et je n'ai pas hésité une seconde avant de la prendre sous mon bras. La raison principale est qu'il s'agit d'une autre adaptation en bd d'une nouvelle de Stefan Wul, apparemment prévue en deux tomes. D'ailleurs à l'heure où j'écris ces mots, il semblerait que le second tome soit déjà sorti. Et donc je vais m'empresser de suggérer son achat aux responsables de la bibliothèque.
Oui car cette bd vaut vraiment le détour avant tout parce qu'elle ne peut que vous prendre aux tripes, ce qui fut mon cas. On se laisse embarqué dans ce survival sans s'en rendre compte. D'une part par le scénario qui joue la carte de l'émotion en permettant au lecteur de s'attacher au jeune graçon, Claudi ou à Max, un contrebandier ami de la famille, qui va mettre tout en oeuvre pour le secourir. D'autre part grâce aux graphismes qui vous plongent immédiatement dans l'ambiance sauvage et dangereuse de la planète Perdide. Les dessins sont dynamiques, efficaces et le trait de Adrian Delgado expriment toute la tension qui se dégage de l'histoire et des situations dangereuses dans lesquelles l'auteur place ses personnages, et notamment son personnage principal, le jeune Claudi. Car ne nous y trompons pas, ce n'est pas le contrebandier aux allures d'Han Solo la vedette mais bien le petit.
Certains diront que l'histoire est convenue, qu'il n'y a pas de surprises. Certes! Mais ce n'est pas dans cette matière qu'il faut chercher ce qui rend ce récit à la fois tendre et tragique mais bien dans le sort du gamin, laissé à l'abandon, seul sur une planète hostile. C'est carrément le combat d'un gamin innocent, sans défense qui doit survivre aux dangers de la planète elle même, déjà responsable de la mort de ses parents. Leur mort est d'ailleurs terriblement tragique et horrible. Quoi de pire que de mourir des mains de Dame nature elle même. Comme si l'hostilité de la planète était entièrement tournée vers ces humains, comme un refus de l'y accueillir... Ces éléments font immédiatement échos aux bd de Léo ( cycle d'Aldébaran)... La nature sauvage, indomptable, pratiquement humanisée, considérée et présentée comme un personnage à part entière, qui lutte elle même pour sa survie contre l'envahisseur...
Bref on ne peut que s'attacher au sort de ce gamin qui affronte l'hostilité et les dangers mortels avec pour seules armes son innocence, sa naïveté et sa jeunesse. C'est un bébé face à un monstre gigantesque. Son simple contact avec l'extérieur réside dans une sorte d'oeuf, un appareil de communication hyper sophistiqué, fabriquée et offert par sa mère. Cet oeuf lui assure un lien avec Max ( même s'il le prend pour un jouet, un robot) qui lui prodigue bon conseil et avertissement ainsi que réconfort. L'histoire est d'autant plus tragique lorsque cet objet est détruit et rompt ainsi toute possibilité de liaison mais également de repérage. La tragédie ne s'arrête pas là car tout au long du récit, Max devra subir des épreuves comme si l'univers tout entier se liguait contre lui pour l'empêcher de retrouver le garçon. Entre les obstacles liés à la navigation dans l'espace et le couple qui l'accompagne mais qui lui procure l'argent dont il a besoin pour réparer son vaisseau, tout va de travers pour ce contrebandier empli de volonté et de bonnes intentions. Max est un homme au grand coeur, ses actions le prouvent et son engagement sans aucune hésitation concernant Claudi révèle un homme profondément attaché au garçon et à sa famille. Inutile dans dire plus, de s'appesantir sur sa psychologie ou de l'approfondir, ses actes parlent pour lui. En cela il trouvera un allié dans le personnage d'un vieillard qui aurait vécu sur Perdide, et donc au faît de la faune et de la flore qui peuple la planète, un guide providentiel dont l'attachement ( ou le sens paternel s'éveillant petit à petit au contact du garçon, lui aussi ayant vécu une tragédie du même ordre sur cette même planète; on devine assez aisément pourquoi l'identification se fait aussi facilement, ce qui rend le récit encore plus fort et cohérent) devient évident et incontournable.
N'ayant pas (encore!) lu l'original de Stefan Wul, je ne pourrais dire quelles sont les libertés prises par Régis Hautière ( s'il y en a!), si son récit est fidèle ou non, mais ce n'est pas important car cette bd se suffit à elle même.
Je finirai par les graphismes en ajoutant qu'ils parlent d'eux mêmes. le style du dessinateur est particulier mais je lui ai trouvé la justesse nécessaire à ce récit. Leur dynamisme et leur profondeur illustrent parfaitement les situations. Quelques cases existent sans avoir besoin de textes, les pages 11 ou 17, par exemple, montrent des cases dépourvues de texte, dans lesquelles, seules les émotions suggérées par les visages suffiront au lecteur à deviner ce qui se passe hors champ. On dirait même presque une figure de style. En effet, la réalité, trop dure, est cachée aux yeux du lecteur, à l'image de cette maman qui tente de mettre son fils hors danger mais en lui maquillant la vérité horrible qui se déroule sous ses yeux, y compris sa propre disparition, qu'elle maquille en jeu....
Vivement le second tome....
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