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Critique de Cancie


Si j'ai lu Où bat le coeur du monde de Philippe Hayat, c'est avant tout parce qu'il fait partie d'une sélection de six livres à lire et à élire pour le Prix des lecteurs des 2 rives organisé par ma médiathèque.
Je dois dire que j'ai été bluffée de bout en bout par la maîtrise avec laquelle l'auteur fait vivre ce personnage fictif Darius Zaken, qui deviendra le grand jazzman Darry Kid Zak. Il lui fait croiser tout un tas de personnages bien réels, et pas des moindres, comme Miles Davis, Chet Baker, Billie Hollyday ou Charlie Parker dit Bird.
Même si le roman débute à Paris en 2015 par le concert d'adieu que donne le grand jazzman Darry Kid Zak, la suite nous contera la vie de Darius à partir de 1935, depuis la Tunisie française en passant par l'Italie où nous assisterons au débarquement des Alliés jusqu'à cette Amérique ségrégationniste. Ces considérations historiques sont passionnantes et très instructives. J'ai d'ailleurs beaucoup appris sur l'histoire des juifs en Tunisie.
Le jeune Darius devient muet et gardera une boiterie toute sa vie à la mort de son père lynché sous ses yeux, victime d'une émeute visant la communauté juive dont il fait partie. Sa mère Stella se sacrifiera pour lui, essayant de l'empêcher de jouer de la clarinette pour qu'il se concentre entièrement à ses études. Darius a un don irrésistible pour cet instrument qui lui redonne voix et il lui faudra beaucoup de courage pour fuir l'amour dévorant de sa mère et satisfaire ses rêves : "Parfois, pour exister, il faut accepter de faire souffrir ceux qu'on aime."
Mais, paradoxalement, c'est la force extraordinaire de l'amour de cette mère dont il va devoir se séparer qui va lui permettre de devenir ce qu'il est devenu " … à cause d'elle il avait failli ne pas être, et, sans elle jamais il n'aurait été ".
C'est à la fois un roman d'initiation, d'émancipation et un roman musical où le jazz est un personnage à part entière et peut-être le plus important. Tout au long du roman on est emporté et bercé par le rythme du jazz et du swing.
Il n'est pas nécessaire d'être un mélomane averti pour apprécier ce roman, mais si on ne l'est pas, tel est mon cas, on peut alors y trouver quelques longueurs.
Ce que Philippe Hayat développe très bien, c'est la force que peut provoquer une passion. À l'exemple de Darius, si on a le courage d'aller jusqu'au bout, elle peut permettre de dépasser tout déterminisme social, culturel et religieux, de surmonter les épreuves et les obstacles et de choisir ainsi le cours de sa vie.
Coup de chapeau à l'auteur qui connaît superbement l'histoire du jazz et de cette musique afro américaine. Au travers de ce roman, il nous la fait partager de façon magnifique !
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