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Citations sur La crise de la conscience européenne, 1680-1715 (118)

Comment expliquer la querelle qui mit aux prises les deux prélats les plus illustres de l'Église de France, Bossuet et Fénelon ; qui les conduisit à échanger les reproches et les accusations ; à faire appel à Rome, jusqu'à ce que l'un d'eux fût condamné — si on ne reconnaît dans ce grand débat le cas particulier d'une tendance générale ? Le quiétisme fut l'une des formes de la poussée mystique qui, partout, ébranlait les murs des Églises établies, au nom du sentiment déchaîné.

Quatrième partie. Les valeurs imaginatives et sensibles
Chapitre VI. Ferveurs
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Plus ancienne encore, plus profondément enracinée, plus vulgaire, était la croyance aux sorciers. Êtres abominables : ils se rendent au Sabbat sur d'étranges montures ; ils festinent avec le Malin. Comme dit un contemporain, par leurs sortilèges ils empêchent un mari de caresser sa femme ; ils corrompent aussi les filles sages et vertueuses par un charme qu'ils mettent dans ce qu'elles doivent boire ou manger. Ils empoisonnent les bestiaux, ils font périr les biens de la terre, mourir les hommes en langueur, blesser les femmes grosses ; et cent autres maux... Il y en a d'autres encore plus méchants : ce sont les magiciens. Ils ont des conversations familières avec le Méchant Esprit ; ils le font voir à ceux qui en ont la curiosité sous telles figures qu'ils veulent. Ils ont des secrets pour faire gagner au jeu, et enrichir ceux à qui ils les donnent. Ils devinent ce qui doit arriver ; ils ont le pouvoir de se métamorphoser en toute sorte d'animaux et de figurer les plus horribles ; ils vont en certaines maisons faire des hurlements mêlés de cris et de plaintes effroyables, ils y paraissent tout en feux plus hauts que des arbres, traînant des chaînes aux pieds, portant des serpents dans la main ; enfin ils épouvantent tellement les gens qu'on est obligé d'aller chercher les prêtres pour les exorciser...

Deuxième partie. Contre les croyances traditionnelles
Chapitre 2. La négation du miracle
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L'évidence rationnelle : telle est la parfaite lumière à laquelle Malebranche aspire avec une ferveur mystique, car le mysticisme s'allie en lui au culte de la raison. D'une âme pieuse, il travaille à ce que la vie individuelle et cosmique, à ce que l'être tout entier, apparaissent comme la réalisation d'un ordre qui explique et qui contient la foi.

Deuxième partie. Contre les croyances traditionnelles
Chapitre I. Les rationaux
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C'est là qu'il faut l'imaginer, dans sa chambre de Rotterdam, ardent et frêle ; solitaire ; détaché de la vie des sens : on aperçoit bien chez lui de fortes affections familiales, mais aucun amour. Des livres en quantité ; jamais assez de livres. (...) les livres (...) représentent une pensée arrêtée, qu'on peut exactement saisir, qui ne fuit plus sous les prises ; ils excitent et provoquent l'esprit : on a devant soi un adversaire qui a disposé ses arguments pour une bataille rangée, quelle joie de lancer contre lui les troupes agiles des répliques, des arguments, des raisons ! A travers le livre on atteint l'auteur, on lui dit son fait, on lui montre sa misère. Mais la personne n'apparaît que comme la conséquence du livre : contre les livres Pierre Bayle mène ses grands combats. A partir d'ici, aucun événement ne compte dans sa vie qui ne soit d'ordre intellectuel : il lit, il écrit, il discute ; il trouve « dans l'étude autant de douceur et de plaisir que d'autres en trouvent dans le jeu et le cabaret ». La libido sciendi le tient : tout connaître, pour tout critiquer.

Première partie. Les grands changements psychologiques
Chapitre V. Pierre Bayle
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Le Roi de France ignore-t-il que la foi est une chose qui vient d'en-haut et qui ne dépend pas de la politique humaine ? que les voies de la contrainte ne sont propres qu'à faire des athées ou des hypocrites, ou à exciter en ceux qui sont sincères une fermeté et une persévérance qui se met au-dessus des supplices ? Ne comprend-il pas qu'en usant de tels procédés, il s'est mis hors la loi des États de l'Europe ? qu'en ayant scandaleusement violé la parole de ses prédécesseurs et la foi publique, on n'aura désormais confiance ni en ses promesses, ni en ses traités ?

Première partie. Les grands changements psychologiques
Chapitre IV. Hétérodoxie
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Les grands classiques sont stables. Les errants, ce seront Voltaire, Montesquieu, Rousseau ; mais on n'a pas passé des uns aux autres sans un obscur travail.

Première partie. Les grands changements psychologiques
Chapitre 1. De la stabilité au mouvement
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Quel contraste ! quel brusque passage ! La hiérarchie, la discipline, l’ordre que l’autorité se charge d’assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu’aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l’autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats. Les premiers sont chrétiens, et les autres antichrétiens ; les premiers croient au droit divin, et les autres au droit naturel ; les premiers vivent à l’aise dans une société qui se divise en classes inégales, les seconds ne rêvent qu’égalité. Certes, les fils chicanent volontiers les pères, s’imaginant qu’ils vont refaire un monde qui n’attendait qu’eux pour devenir meilleur : mais les remous qui agitent les générations successives ne suffisent pas à expliquer un changement si rapide et si décisif. La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d’un coup, les Français pensent comme Voltaire : c’est une révolution.
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La philosophie, guide de la vie. Tels sont, semble-t-il, les changements qui se sont opérés sous nos yeux ; telles sont les idées et les volontés qui, dès avant la fin du XVIIe siècle, ont pris conscience d'elles-mêmes et se sont unies pour constituer la doctrine du relatif et de l'humain. Tout est prêt : Voltaire peut venir.

Troisième partie. Essai de reconstruction
Chapitre VII. Vers un nouveau modèle d'humanité
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Les protestants s'appliquant à étudier le texte de la parole divine, à le débarrasser des interprétations accumulées par le temps, trouvaient qu'il n'était pas si simple. Ils reprochaient aux catholiques leur passivité à l'égard de la Bible ; les catholiques leur reprochaient leur audace. En fait, tout un travail d'exégèse s'était accompli de ce côté-là, comme le prouvaient les œuvres de Samuel Bochart, ministre et professeur à Caen, et de Louis Cappelle, ministre et professeur à Saumur.

Deuxième partie. Contre les croyances traditionnelles
Chapitre III. Richard Simon et l'exégèse biblique
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En somme, il n'y a rien de surnaturel dans toute cette histoire ; elle s'explique par l'ignorance des uns, par l'imposture des autres. Le surnaturel : voilà le recours le plus ordinaire de l'homme, et le plus faux, et le plus décevant. Nous courons à la cause, et nous passons par-dessus la vérité du fait ; d'où notre erreur ; et le remède tient dans une formule que nous devrions toujours avoir présente à l'esprit : Assurons-nous bien du fait avant que de nous inquiéter de la cause.

Deuxième partie. Contre les croyances traditionnelles
Chapitre 2. La négation du miracle
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