AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bdelhausse


Jean-Pol Hecq est montois. Et il a grandi avec les histoires que l'on raconte à la veillée. Surtout celle de Saint George sauvant les soldats britanniques lors de la première guerre mondiale. Plus encore, il aime ce terroir, ces paysages mêlant charbonnages et pâturages, l'odeur du feu de bois et la simplicité des gens du crû. Quand être Borain ne rimait pas dans l'esprit des gens avec "barakis"...

L'auteur nous offre un étrange roman, un roman de l'étrange.

Max vient dans le Borinage pour y retrouver la trace d'un cousin dont il sait peu de choses. Il a l'air peu sûr de lui. Hésitant, suscitant le trouble, troublant l'ordre public. Nous sommes en 1927. Freud commence à faire parler de lui. La psychiatrie, la psychanalyse sont à un tournant de leur développement. La pratique des thérapies "de choc" est remise en question.

Le Borinage attire, car Van Gogh est passé par là. L'ombre de Verhaeren plane. On croise Stefan Zweig. Des communistes aussi. Non loin de là, en Allemagne, ce pays qui a envahi la Belgique neutre en 1914, on ne va pas tarder à préférer un nouveau dictateur à la gauche radicale.

Peu à peu, l'enquête de Max Jelgersma prend une tournure personnelle. Plus chaotique, aussi. le lecteur se perd. Il aura beau jeu d'accuser Jean-Pol Hecq de s'emmêler les pinceaux... alors que l'auteur le mène en fait en bateau...

Jean-Pol Hecq réalise un petit tour de force en mélangeant réalité et fiction. Jelgersma est un psychanalyste de Leyde, il a existé. La Bataille de Haelen a bien eu lieu. de nombreux personnages croisés par Max aussi. La fin se profile à quelques dizaines de pages du terme. Bien amenée. Au passage, l'auteur taille un habile costume à Saint Georges et introduit la légende du Car d'Or, lequel a failli en 1914, annonçant une période trouble comme il se doit (tout comme en 1803 en en 1940)...

Cependant, l'ensemble n'est pas très convaincant. Il manque un rythme. Un équilibre. Je trouve, c'est très subjectif, que cela aurait fait une longue nouvelle, plutôt qu'un roman de 170 pages. Ou alors, on aurait pu concevoir de donner de l'ampleur au récit en l'étoffant davantage. Mais en l'état, on a 120 pages très lentes, pesantes, avec des micro-événements, des détails infinitésimaux, anecdotiques, quasi impressionnistes, et une trentaine de pages menées comme une charge de cavalerie... tiens, cette bonne vieille cavalerie qui joue un rôle si important dans le roman...

De même, le fait de baser le récit uniquement sur les notes prétendûment trouvées (ressort abondamment utilisé dans le roman gothique) par l'auteur fait long feu. Même si cela peut donner une certaine atmosphère, cela finit par plomber le récit en l'empêchant de se renouveler, de se "redynamiser".

Cela dit, je n'ai pas été insensible à l'attachement de Jean-Pol Hecq pour ses racines. Nous avons besoin de racines. Les siennes sentent bon le terroir, la goutte, la potée et le charbon.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}