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Critique de Christlbouquine


Août 1744, Louis XV agonise dans la ville de Metz, frappé par un mal que ses médecins ne parviennent pas à soigner. Il faut dire qu'entre les saignées et les lavements, le roi a peu de chance de se rétablir. Alors que tout semble perdu, que médecins et courtisans ont déserté la chambre du roi, le maréchal de Belle-Isle, par ailleurs Gouverneur de la ville de Metz, va jouer le tout pour le tout. Grâce à un habile subterfuge, il va réussir à ce qu'Isaïe Cerf Oulman, médecin juif, parvienne jusqu'au chevet du roi et le sauve d'une mort certaine. Et cela dans le plus grand secret car jamais un juif, fut-il médecin, ne devrait avoir accès au roi. Deux-cents ans plus tard, Henry Klotz, descendant de ce grand médecin et héros de 14-18 agonise au camp de Drancy.

Dans ce roman très intelligemment mené François Heilbronn tisse les liens entre les époques et les générations. Il nous dresse tout d'abord le portrait d'un médecin brillant et précurseur qui a compris que pour guérir, un patient n'a pas besoin d'être vidé de son sang et que des précautions d'hygiène sont primordiales. Il nous raconte aussi l'histoire sociale et politique de l'époque qui met à l'écart la population juive en la reléguant dans des quartiers spécifiques, en leur interdisant de se mélanger au reste de la population. Il nous dit aussi l'intelligence d'un homme, le maréchal de Belle-Isle, dont l'esprit curieux et éveillé lui a permis de comprendre les qualités d'un médecin juif, de passer outre les préjugés, et de sauver le souverain de la France.

C'est de ce médecin éclairé qu'est issue la famille d'Henry Klotz. Dans cette famille, les hommes ont versé leur sang pour la France. D'ailleurs, Emile Hayem, lui aussi descendant d'Isaïe, a son nom gravé sur l'une des colonnes du Panthéon en tant qu'écrivain mort au champ d'honneur. Mais cela ne suffit malheureusement pas, en ce XXème siècle en proie aux pires atrocités pour sauver une famille, un peuple.

Dans ce récit à la fois familial et historique, l'auteur fait le pont entre ces deux siècles à travers un monument bien connu : le Panthéon. Louis XV avait en effet promis d'édifier un monument à la gloire de Dieu s'il réchappait de sa maladie à Metz. Les vicissitudes de l'histoire française ont transformé son église dédiée à Sainte-Geneviève en un lieu pour accueillir les grands hommes. Un lieu chargé d'histoire où en 1927, les descendants d'Isaïe Cerf Oulman se sont recueillis en mémoire de leurs combattants morts lors de la première guerre mondiale. Avant d'être disséminés par la barbarie.
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