Résumé
Août 1744. Sur le chemin de la guerre, le roi Louis XV se voit forcé de faire halte à Metz, terrassé par la maladie. Ses médecins exercent sur lui de nombreuses purges et saignées qui l'épuisent et achèvent pratiquement de le tuer. On le force à confesser publiquement ses péchés, on lui administre les derniers sacrements et on quitte sa cour, l'abandonnant à son triste sort. Et pourtant, le roi ne meurt pas de la dysenterie qui le touche, car un stratagème est monté pour qu'il puisse être soigné par un médecin juif, convaincu que les purges et les saignées aggravent l'état du roi. Isaïe Cerf Oulman guérit le roi en toute discrétion, cachant sa véritable identité à la France entière, si ce n'est une poignée de proches du roi. C'est un héros national qui doit demeurer secret pour ne pas faire scandale auprès de l'Église… Deux cent ans plus tard, pendant l'été 1944, la communauté juive n'est pas mieux acceptée dans le pays, au contraire. Les descendants du mystérieux “empirique” qui a sauvé le roi sont envoyés dans des camps de concentration où beaucoup d'entre eux trouveront la mort.
Commentaire
Les deux récits historiques de ce roman sont contés à l'occasion d'un hommage rendu au Panthéon à l'un des ancêtres de l'auteur. Cet illustre monument devait être une basilique construite sur ordre de Louis XV pour remercier le Seigneur de sa guérison, à laquelle est consacrée la première partie de l'histoire. Puis, la seconde, datée de 1944. En fin de roman, l'auteur conclut par des informations sur les recherches qu'il a entrepris sur sa famille. La première histoire est plutôt intéressante et cocasse, avec de petits airs rabelaisiens. le second récit n'est pas inintéressant, mais le style immersif et XVIIIème siècle du premier récit confronté à l'histoire narrée par la grand-mère, incarnée pendant qu'elle raconte ses souvenirs, donne un trop grand contraste de genre et de style. Je ne suis pas convaincue que le lectorat appréciant un style de récit sera également sensible à l'autre.
Quant au tout début du roman, où la famille se rend au Panthéon, il ne m'a pas happé dans l'histoire.
Structure du récit : 2/5 : le roman débute au Panthéon, où l'on raconte l'histoire de 1744 (pendant laquelle plus aucune référence n'est faite au cadre spatio-temporel du Panthéon, on est complètement immergé dans l'histoire), puis dans la deuxième partie c'est la grand mère qui raconte ses souvenirs de 1944, le mode de récit est donc différent. Ensuite, l'auteur raconte ses découvertes comme dans un carnet de bord. Tout cela reste compréhensible même si les styles sont biens différents.
Personnages : 3/5 : On entre dans la profondeur d'aucun personnage, qu'il s'agisse de l'auteur ou de sa grand-mère. Je pense que ce n'était pas tellement le sujet, mais cela ne rend pas ces “personnages” particulièrement attachants. Les personnages du premier récit m'ont plus touché par leur dévouement à sauver la vie du roi.
Style : 3/5 : le style est clair et compréhensible, malgré un langage un peu XVIIIème siècle rendu nécessaire par le premier récit, ce qui est agréable. Il y a quelques descriptions de repas qui sont intéressantes. Je pense aussi aux essais de style des premières pages du roman, où il y a beaucoup de métaphores, qu'on ne retrouve plus ensuite. Dans les premiers chapitres, le mot “Metz” est utilisé 1 à 5 fois par page.
Intérêt de l'histoire : 4/5 : L'histoire se déroulant en 1744 est assez cocasse, et l'idée d'attacher ces deux histoires également. C'est interloquant de penser que les histoires ne sont espacées que de quelques générations seulement. Les noms de familles auxquels on s'est habitué dans le récit de guérison du roi réapparaissent dans les registres des déportations, c'est dissonant et cela interroge sur la place des Juifs en France. L'idée de filiation est intéressante.
Globalement, j'ai bien aimé la première histoire, la deuxième entre moins dans le style de mes lectures habituelles. Je dirai que c'est le risque de cet ouvrage, mais si vous êtes ouverts à cette idée, l'ouvrage n'est pas iné-inintéressant !
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