La montagne et les alpages à broder au point de croix

Les thèmes des découpages

Les découpages suisses décrivent dans toute leur simplicité la vie à la montagne, le rythme des saisons, les fêtes et les traditions populaires.

Ils sont très souvent organisés autour d'axes de symétrie verticaux et horizontaux. En bas de la composition, on voit le village, ses chalets, ses habitants et leurs activités. Un bal, une lessive qui sèche, une voiture lourdement chargée tirée par un cheval, un personnage qui puise de l'eau, un autre qui porte un panier, des animaux domestiques ou de basse-cour, un portail ... Voici autant de possibilités de sujets.

Au centre du tableau, siège généralement un somptueux bouquet, monochrome ou multicolore à l'instar d'un feu d'artifice. On y trouve aussi très souvent un cœur et, un peu partout, des arbres de vie stylisés et des oiseaux.

Lorsque l'on remonte dans la composition en empruntant un chemin sinueux et escarpé qui nous mène tout en haut du tableau, on longe un troupeau de vaches ornées de grosses cloches, sagement alignées les unes derrière les autres, attentives aux ordres du chien et du vacher qui les guident vers les hauts pâturages. On croise de petits animaux - renards, lièvres, écureuils - et on passe sous d'innombrables sapins.

Des formes géométriques viennent renforcer la structure de l'ensemble.
Mais bien sûr, tout est ici histoire de variation et chaque composition est unique.

L'art du découpage suisse

L'art du découpage existe depuis des millénaires.
En Chine, il se perpétue depuis la nuit des temps. En Europe, les Vénitiens furent les premiers à s'y initier. En Allemagne, l'exemple le plus ancien qui soit parvenu jusqu'à nous date de 1612.

En Suisse, il semble que les découpages les plus anciens remontent au XIIe siècle. Au XIXe siècle, il n'était pas rare de réaliser des images qui associaient découpage, peinture et calligraphie. On les offrait à l'occasion d'un baptême, d'un mariage ou comme lettre d'amour.

C'est Johann-Jakob Hauswirth (1809-1871) qui est tenu pour le père du découpage suisse. Il vivait au Pays-d'Enhaut et ses découpages sont d'une rare beauté. Dans le papier qu'il transformait en véritable dentelle, il a découpé puis collé quantité de scènes de la vie quotidienne dans les montagnes.
Il a traité des sujets intemporels, les mêmes que mettaient en œuvre les peintres naïfs, les graveurs sur bois ou les brodeuses : arbres de vie, animaux et personnages dans leur quotidien, habitations, bouquets et ornements géométriques.

Puis d'autres artistes sont apparus : Louis Saugy (1871-1953), Christian Schwizgebel (1914-1993) ou encore David Regez (1916-1984). Le travail contemporain d'Anne Rosat est connu dans le monde entier. Elle est l'unique artiste suisse à avoir réalisé un dessin pour le célèbre carré Hermès.