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Critique de Cathy74


C'est bien parce que c'est Hemingway que j'ai lu Les vertes collines d'Afrique. Un de ces livres qui s'invitent chez vous via les boites à livres. Attirée par son titre apaisé et apaisant, je décidai de l'adopter pour quelques jours. J'avoue ma déconvenue lorsque je découvris sur la quatrième de couverture que le fil rouge de l'histoire était la chasse. Et plus encore, la chasse sportive. Celle qui consiste à ramener des trophées plus qu'à se nourrir. Je feuilletais l'ouvrage, un vieux Folio imprimé en 1978, et me dis qu'après tout, il s'agissait du témoignage d'une époque, une capsule d'espace-temps révolu, un ouvrage écrit par un maître écrivain. Décision prise, je sortis les vertes collines de leur abri et les emmenait chez moi.
Je n'étais pas au bout de mes surprises. Un récit dénué d'intrigue, voilà ce qui m'attendait. La préface dissipait toute idée de roman. Il s'agissait pour l'auteur « d'écrire un livre absolument sincère pour voir si l'aspect d'un pays et un exemple de l'activité d'un mois pouvaient, s'ils sont présentés sincèrement, rivaliser avec une oeuvre d'imagination ». Bref, il s'agissait d'une rédaction sur un Safari effectué par Hemingway. Tope-là.
Eh bien, rien de rien, je ne regrette rien. Envoûtée par les descriptions de l'Afrique aux vertes collines, émue par la rencontre des chasseurs blancs avec le peuple Masaï, captivée par les discussions au coin du feu, divertie par la place de la femme européenne dans cet univers de chasseurs blancs et noir, tous alignés sur le même objectif, rapporter le plus beau trophée, je ne m'ennuyais pas une seule seconde.
La personnalité de l'auteur transcende le sujet. Un exemple ? Bien que chasseur invétéré et vantard, il perçoit le drame écologique qui se prépare sur ces terres épargnées, où peuvent encore cohabiter l'humain et les espèces animales sans trop de dommages pour ces dernières. C'est une prise de conscience plutôt exceptionnelle à l'époque où fut écrit ce livre. En 1935, année de l'édition des Vertes collines d'Afrique, le « Dust Bowl » tempêtes de poussières dues au manque d'adaptation des pratiques agricoles en zones sèches, est à l'origine dès le début des années 30 d'un immense exode rural et d'une catastrophe humaine et écologique. La modernité de l'écriture d'Hemingway est frappante. En quelques phrases il décrit la malédiction humaine « Nos ancêtres sont allés en Amérique parce que c'était alors l'endroit où aller. C'avait été un bon pays et nous en avions fait un foutu gâchis et j'irais maintenant ailleurs comme nous avions toujours eu le droit d'aller ailleurs et comme nous l'avions toujours fait. » Comment mieux résumer la pression exercée sur les écosystèmes ?
En 1954, Hemingway reçoit le Prix Nobel de la littérature pour l'ensemble de son oeuvre. En 2023, sommes-nous encore capables de comprendre la puissance de son message ? A titre personnel, j'en suis certaine, tant il résonne en nous par son universalité. Il suffit seulement de lire, lire encore, relire si besoin, jusqu'à se fondre dans le texte.
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