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Critique de Seraphita


Jessica ne roule pas sur l'or. Maquilleuse à New-York, elle passe ses journées à se déplacer d'un client à un autre, traînant derrière elle sa lourde mallette. Chez une cliente, elle tombe par hasard sur une annonce : un psychiatre de renom, le Dr. Shields, recherche des jeunes femmes pour une étude scientifique sur l'éthique et la morale ; la prestation sera grassement payée et l'anonymat garanti. Jessica se rend à l'entretien et son profil intéresse le médecin puisqu'il lui propose de poursuivre l'étude avec une expérimentation sur le terrain. Jessica hésite, puis accepte, les considérations pécuniaires prenant le pas sur toute forme de raisonnement. L'emprise ne fait que commencer...

« Anonymat garanti » est un redoutable thriller écrit par deux américaines, Greer Hendricks et Sarah Pekkanen.

L'intrigue est bien construire, en 3 grandes parties subdivisées en chapitres assez brefs. Les auteures décrivent minutieusement la mécanique d'emprise qui va ronger peu à peu Jessica, mettant sa santé mentale en péril. Car le docteur Shields s'avère être une redoutable manipulatrice, fine connaisseuse de la nature humaine, de ses travers et des moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à ses fins. On est vite pris – happé – dans ce thriller diabolique où les protagonistes avancent le plus souvent masqués, où le Dr. Shields a toujours un coup d'avance sur ses adversaires. Car un autre personnage va entrer dans la danse : le mari de la psychiatre, lui-même psychiatre. Et Jessica de se demander quelle partition elle peut bien jouer dans la relation de couple malsaine que les deux thérapeutes nouent.

Le style est plutôt soigné. Les chapitres alternent les voix narratives, celle de Jessica en première personne du singulier, et celle de la psychiatre, rapportée comme si elle s'adressait à Jessica, livrant ses analyses froides. L'utilisation du pronom personnel indéfini et de la voix passive rajoute à cette dimension clinique et désincarnée et souligne encore plus la personnalité machiavélique de la psychiatre : « Des lambeaux de serviettes cocktail déchiquetées jonchent la table, indice d'une angoisse contenue. On les rassemble. le verre gazeuse encore intact est enfin goûté. »

La tension dramatique, instillée dès le départ, ne se relâche jamais ; elle va même croissant. D'autant que l'ombre du sujet n°5 plane à un moment donné, son fantôme tout du moins puisque le sujet n°5 s'est suicidé. Il y a un côté très jouissif à basculer d'un point de vue narratif à un autre pour appréhender les analyses de chacun et une peur permanente pour Jessica, une jeune femme plus forte qu'il n'y paraît et qui possède une grande ténacité... jusqu'au bout.

Le final est à l'image du thriller - excellent - et il signe une oeuvre sans faute, magistralement conduite de bout en bout. Ce thriller psychologique sans véritables effusions de sang, tout en coups fourrés et manipulations psychiques perverses vous fera trembler, sans nul doute !
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