Les eaux-fortes de Léon Lhermitte

A peine descendu de wagon, il court prendre possession de la chambrette que les amis dont nous avons parlé ont mise à sa disposition, et se présente chez le directeur de l'Ecole de Dessin, M. Belloc, déjà prévenu, comme nous l'avons dit. Dès le lendemain " le nouveau " s'installait et reprenait, ab ovo, avec méthode et par principes, ce qu'il avait appris et deviné d'instinct, passant successivement du dessin d'ornement à la plante vivante, du dessin figuré au dessin d'après la bosse et à l'étude d'après le modèle. Les professeurs attitrés, Amédée Faure, Ruprich-Robert, Gault de Saint Germain, passaient, selon les jours, dans les ateliers et corrigeaient les travaux, appuyant leurs rapides indications de quelques brèves observations. Il y avait, de plus, un cours du « dessin par la mémoire», créé, depuis peu de temps, par Lecoq de Boisbaudran, dont les méthodes étaient alors fort préconisées par la jeunesse.

Dès son entrée dans la vie parisienne, il a su naviguer sans heurt au milieu des écueils, et, plus tard, il saura les tourner avec les souplesses, les ménagements nécessaires à l'homme qui touche à plusieurs mondes, voire le monde officiel. Il est devenu l'homme aimable qu'il promettait, ouvert, d'accès facile, de belle humeur, bruyamment démonstratif, mais qui ne se livre pas. C'est un exubérant, maître de soi, d'esprit largement compréhensif dans le domaine des idées, mais un régulier qui se défie des intrusions de l'art dans la vie réelle.