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Critique de paroles


Perplexe !
C'est ainsi que j'ai commencé la lecture de ce livre, reçu en cadeau par ma soeur.
Pourquoi écrire cette liste de souvenirs personnels, me suis-je d'abord posé comme question. Quelle est le but de cette longue litanie ? Sinon le fait de gaspiller papier et encre. Mon premier propos était sévère !

Et puis en me posant et en prenant vraiment le temps de parcourir cette longue liste de sentiments, émotions, petits bonheurs, je me suis dit finalement que j'avais ainsi beaucoup mieux cerné cette auteure qu'en lisant sa biographie. En fait cette longue liste révèle bien plus intimement Françoise Héritier que son curriculum vitae.
Et puis ce genre de propos a cet incroyable mérite, vous obliger à vous pencher sur vous-même pour scruter vos propres souvenirs et petits bonheurs, vous savez ceux que vous gardez au plus profond de vous. Ceux qui jalonnent votre vie, qu'on oublie vite car éphémères. Ces instantanés qui apportent sourires, légèreté et instants de grâce et de plénitude. Ces petits riens qui rehaussent le quotidien et qui mis bout à bout forment le sel de la vie.

Au final, j'ai bien aimé cette incursion dans le monde de cette anthropologue réputée. Elle a trouvé là une belle idée d'étude sur elle-même.
Et j'ai apprécié aussi le cheminement qui l'a conduite vers cet exercice : sur une carte postale reçue par un ami, elle remarque aussitôt que celui-ci note qu'il a « volé » une semaine de vacances. Cet ami, chirurgien de son état, a un emploi du temps surchargé et pas une minute à lui. Alors la réflexion germe...
« Il s'agit tout simplement de la manière de faire de chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s'accroît sans cesse, tout seul, et où l'on peut se ressourcer chaque jour. »

Et l'exercice est assez simple, tenez, je commence : écouter le chant des oiseaux au petit matin, observer les nuances de gris et blancs des nuages du ciel du Nord, respirer l'odeur de l'herbe fraîchement coupée, nager dans la mer quand il pleut, apercevoir les côtes anglaises du haut du Cap Gris-Nez, aller au théâtre admirer Cyrano de Bergerac et se prendre pour lui, fondre encore une fois devant une rediffusion du film Ghost, croquer sans vergogne dans une baguette juste sortie du four, renifler l'odeur de la bougie juste éteinte, s'allonger sur le carrelage frais quand il fait trop chaud, ne pas reconnaître sa voix dans un haut-parleur...

Est-ce vraiment tout cela que l'on vole au temps, ou bien est-ce tout cela qui forme notre personnalité, notre sensibilité ? Il faut se laisser aussi ce temps de formation (qui est bien autre que celui du choix professionnel) pour la construction de soi.
« Le souvenir n'est plus mais la mémoire sensuelle du corps parle toujours. Nous sommes un tissu muni de capteurs qui enregistrent des empreintes tenaces lesquelles nous servent de tuteurs pour nous diriger. »

Et vous ? Vous commenceriez par quoi ?
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