Ces dernières années, Daniel avait quasiment perdu le contact avec son frère. Comme lui, Max avait habité à l’étranger, à Londres d’abord, puis dans d’autres villes où, d’après ce que savait Daniel, il avait fait des affaires.
Depuis toujours, la vie de Max ressemblait à une montagne russe, une suite de succès et d’échecs dont il était seul responsable. Lorsqu’il se lançait dans un projet, il pouvait faire montre d’une ingéniosité impressionnante doublée d’une énergie presque surhumaine. Puis, alors que le succès était enfin là, il s’en désintéressait subitement d’un haussement d’épaules, laissant derrière lui des clients et des collaborateurs désemparés, qui se cassaient le nez sur des lignes téléphoniques coupées et des bureaux désertés.
Leur père dut le tirer d’embarras plus d’une fois. Le pauvre homme en avait vu de toutes les couleurs et peut-être était-ce, justement, le souci causé par cet enfant terrible qui le fit s’écrouler, un matin, sur le sol de la salle de bains, victime d’une crise cardiaque qui mit fin à ses jours.
- Le drame de la plupart des êtres humains, c’est qu’ils ont plus de sentiments qu’ils n’en ont besoin.
- Vous voulez donc anéantir leurs sentiments ?
Le cerveau possède des neurones spécifiques, les neurones miroirs, dont la fonction est de refléter les sentiments de nos semblables. Ce miroir joue un rôle important dans la cognition sociale et le processus d’empathie.
Le monde a besoin de gens dynamiques, capables de supporter la concurrence, qui ont du cran. Fini, l’État-providence. Vous devez vous battre seul. Et la plupart des gens ne sont pas assez forts ; ils sombrent. Des chômeurs, des loques, des épaves, qui font vivre les psychologues, les producteurs d’alcool, l’industrie pharmaceutique
La sensibilité exacerbée de l’être humain est un vestige d’un autre âge. Tout comme les poils sur le corps. L’homme n’en a plus besoin, et il est donc libre de s’en débarrasser.
La culpabilité engendre la souffrance, qui elle-même engendre la culpabilité. C’est le cercle vicieux. Alors je dis : il faut le rompre ! Extirper la culpabilité.
Le drame de la plupart des êtres humains, c’est qu’ils ont plus de sentiments qu’ils n’en ont besoin.
La majorité des psychopathes ne sont pas seulement dépourvus de conscience. Il leur manque aussi la patience, la persévérance et la maîtrise de soi. Dans la plupart des situations : ils ne valent rien. Un défaut qu’ont souvent eu à déplorer divers parrains mafieux et chefs terroristes. Ils rêvent de trouver un psychopathe maniable. Insensible, mais d’une loyauté à toute épreuve. Intrépide, mais qui sait faire preuve de prudence si nécessaire. Intelligent, mais dépourvu de créativité autonome. En bref : un robot.
Les sentiments tels que la compassion, l’amour et la sollicitude m’étaient étrangers. J’en entendais pourtant parler constamment. Pour moi, il s’agissait de concepts aussi familiers que la jungle africaine, par exemple.
...je ne supporte plus tous ces gens qui gagnent de l’argent sur la souffrance. Psychothérapeutes, pharmaciens et autres faiseurs de miracles. Prêtres, écrivains et artistes. Tous ceux qui se nourrissent de l’être sensible et de son âme souffrante !