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Critique de Clubromanhistorique


Emprisonné depuis cinq ans à la forteresse de Dragsholm (Danemark), James Hepburn, affaibli et tremblant de fièvre, retrace sa vie et les événements qui l'ont conduit dans cette cellule. Mais qui était cet homme ?


James Hepburn et son amour fou pour Marie Stuart
Rien ne prédestinait ce fils d'une noble famille écossaise à finir ainsi sa vie au fin fond d'une cellule au Danemark. Quatrième comte de Bothwell et Lord Grand-Amiral d'Écosse, c'est un fidèle, comme son père de Marie de Guise. Il fait la connaissance de Marie Stuart lors d'un séjour en France et la retrouve quelques années plus tard en Écosse. Reine de France ou reine d'Écosse, peu importe, il tombe éperdument amoureux de cette femme dès leur première rencontre. Il se met alors à son service et défend sa cause bien qu'il soit protestant.
Malgré son caractère fougueux, rude, inconstant et parfois irréfléchi, son intelligence, son courage et sa loyauté font de lui un précieux allié et lui permettent de déjouer nombre de complots et de trahisons. Mais considéré par les nobles écossais comme un parvenu, une tête brûlée, il fait l'objet de nombreuses cabales et est même soupçonné d'être responsable de la mort de Lord Darnley, le deuxième mari de Marie Stuart. Tour à tour calomnié, dénoncé, exilé, il finit toutefois par épouser Marie Stuart. Mais aveuglé par cet amour, il est trop tard lorsqu'il s'aperçoit de la trahison dont Marie Stuart et lui-même sont les victimes.
À travers les flash-back de James Hepburn cloîtré dans sa cellule, on découvre la vie de cet homme, son enfance dans les landes écossaises, sa jeunesse à Paris, ses aventures amoureuses, sa rencontre avec Marie Stuart, son rôle politique… Catherine Hermary Vieille réhabilite ici la mémoire d'un homme longtemps décrit comme un aventurier sans foi ni loi. Elle restitue aussi merveilleusement bien l'amour qui unit James Hepburn à la reine, et qui les conduisit à leur perte.


Un bon dosage entre histoire et roman
Le personnage principal de ce roman est certes James Hepburn, mais, à travers ce personnage, c'est toute l'histoire de l'Écosse qui défile sous nos yeux, une contrée réputée ingérable mais aux sublimes paysages de légendes.
Au XVIe siècle, l'Écosse doit faire face à plusieurs menaces : guerre entre catholiques et protestants, rivalités entre clans, désir d'annexion de l'Angleterre alors dirigée par la reine Elizabeth Ire. le pays est alors dirigé par la reine catholique Marie Stuart. Mais ce pays est-il gouvernable par une jeune femme si jeune et ne connaissant pratiquement pas l'Écosse ? En effet, Marie Stuart, fille de Marie de Guise et de Jacques V d'Écosse, a vécu toute sa jeunesse en France, où elle épousa le roi François II. Ce n'est qu'à sa mort qu'elle regagna l'Écosse, découvrant alors un pays divisé et désorganisé. Son mariage avec un proche cousin, lord Darnley, est un échec et, à sa mort, elle se remarie avec James Hepburn, le héros de ce roman.
Tout en retraçant l'histoire de l'Écosse, ce roman met en avant deux destins tragiques, celui de Marie Stuart et celui de James Hepburn, des personnages historiques certes, mais qui, sous la plume de Catherine Hermary Vieille, prennent véritablement vie. Ces personnages de chair et de sang nous font partager toutes leurs émotions et pensées.


Une construction intéressante
Mené à la troisième personne du singulier par un narrateur omniscient, ce roman est bâti sur l'alternance de chapitres consacrés à la vie passée de James Hepburn et à sa condition actuelle de prisonnier. On passe ainsi successivement du passé au présent et du présent au passé sans aucune difficulté.
Même si la situation de James Hepburn nous semble désespérée, il nous est impossible de ne pas avoir un petit espoir qu'il soit un jour libéré, tant sa détention nous semble injuste et bien trop pénible. Mais il sombre peu à peu dans la folie et commence alors pour lui une longue agonie, abandonné de tous, n'ayant aucune nouvelle de Marie Stuart, elle-même détenue en Angleterre.


Une fin tragique
Espérant pouvoir recruter une armée à l'étranger afin de remettre Marie sur le trône, James Hepburn fuit l'Écosse où sa tête est mise à prix et gagne la Scandinavie. Arrêté lors d'un contrôle de navigation, il est emprisonné dans des conditions effroyables (froid, humidité, sorties interdites, mauvaise alimentation…) à la forteresse de Dragsholm, au Danemark.
Au bout de cinq ans d'emprisonnement, James Hepburn est mort le 14 avril 1578, sans jamais avoir pu revoir Marie Stuart, qui fut elle-même exécutée le 8 février 1587 sur ordre de la reine Elizabeth Ire.
À ce jour, malgré les multiples requêtes des descendants de James Hepburn, les autorités danoises refusent toujours de procéder à un test ADN pour authentifier les restes de leur ancêtre et le rapatriement de son corps en Écosse. Quelle injustice pour cet homme qui aimait plus que tout son pays, l'Écosse !


Un petit bémol
Vu la précision du récit – lieux, personnages – et la complexité des faits historiques, le roman aurait gagné en profondeur s'il avait été accompagné d'une présentation du contexte historique, d'une carte de l'Écosse, d'une chronologie et d'un arbre généalogique. C'est une période que je connais plutôt bien, mais un lecteur n'ayant aucune connaissance relative à l'Écosse et à l'Angleterre de cette période pourrait se sentir un peu perdu au début du roman.
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