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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Du Salvador comme écrivain je ne connaissais que Horacio Moyà dont je raffole . Avec ce livre cette fois-ci la rencontre est avec une écrivaine et une histoire assez étrange à l'anonymat total sur les personnages,les lieux, les pays et les événements. Assez déstabilisant au départ pour la lectrice ou le lecteur , et pas toujours facile à suivre par la suite vu que l'auteure se déplace continuellement dans le temps et entre les personnages. L'emploie du « elle » qui désigne ici chacune des protagonistes féminines rend la lecture difficile car souvent au premier abord on n'arrive pas tout de suite à réaliser de laquelle il s'agit, la mère, l'une des filles, l'amie... ?
«  le Pays » où se déroule l'histoire émouvante de trois générations de femmes est sans doute le Salvador. le récit prend des embranchements en France, où Paris est cité. Et la lutte armée dont il est question je suppose est l'interminable guerre civile qui ravagea le pays de 1979 à 1992. Mais dans l'anonymat tout ces repères revêtent un caractère universel qui pourrait correspondre à n'importe quel pays d'Amérique du Sud.

A travers le destin de ces femmes anonymes, principales victimes de la guerre et de ses conséquences, Hernandez nous transmet la lutte émouvante d'une ex-guérilla mère célibataire de cinq filles. Dans l'après-guerre, essayer de se réadapter à la vie est une tâche difficile aussi bien pour elle que pour cette nouvelle génération qui née en pleine violence et ayant subit maintes privations se retrouve dans la misère, dans un monde sans repères. Nombre d'entre eux furent aussi recueillis pendant la guerre par des religieux et vendus aux occidentaux, dans des conditions peu orthodoxes. Il est ici question de l'une d'entre eux , l'aînée des cinq filles de l'ex-guérilla, née alors qu'elle n'avait que quinze ans, en plein combat, que cette dernière va aller retrouver en Europe .......Quand aux hommes, une majorité de prédateurs, et quelques bons gars qui peinent à aider et à protéger ces femmes livrées à leurs destins de victimes.

Le tour de force de Hernandez est de réussir un roman d'une profonde humanité, malgré le style distancié et austère employé avec l'anonymat. Ma première incursion dans l'univers d'une écrivaine atypique déjà primée dans son propre pays mais dont c'est le premier livre à être traduit, et dont j'aimerais énormément découvrir le reste de l'oeuvre publiée.

Un grand merci aux Éditions Metaillé et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre très intéressant.
#Defrichecoupebrule#NetGalleyFrance
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D'abord il y a "elle", ancienne combattante, ex-guerillera dans les montagnes d'un pays d'Amérique centrale. Rendue à la vie civile après des accords de paix et le passage par un camp de réinsertion, elle retrouve une vie "normale" de femme veuve dans un système patriarcal, dans un contexte post-guerre civile, dans des conditions économiques précaires, à la merci des hommes qui ne respectent pas les femmes, même celles qui se sont montrées aussi braves qu'eux à la guerre.
Il y a "elle" aussi, sa mère qui l'a regardée partir à la guerre avec son père adoré et ses frères, avec fierté, fatalisme et la peur de ne jamais les revoir. Il aura fallu longtemps, après la signature des accords de paix, pour qu'elle arrive enfin à croire que la guerre était bel et bien terminée, et que les accords n'étaient pas une ruse, un faux-semblant pour mieux écraser les perdants.
Il y a encore "elle", cinq fois, les filles de la guerillera. L'aînée, qui lui a été enlevée à la naissance, retrouvée au bout du monde 20 ans après ; la deuxième qui fait ce qu'on attend d'elle dans ce pays : se marier, faire le ménage et des enfants ; la troisième, qui se rêve médecin et s'inscrit à l'université en raclant le moindre centime dans les fonds de poche et de tiroir ; la quatrième, ingrate, qui se révolte parce que privée de tout à cause de sa soeur ; la cinquième, la plus jeune, qui n'a pas connu la guerre, qui danse et qui rit sa joie de vivre comme la petite fille qu'elle est.
Et il y a enfin toutes les autres "elle", tante, ex-camarade de combat, mère adoptive, membre d'association, tutrice à l'université, celle qui aide, qui accueille, conseille, tend la main, qui écoute, qui sauve.
Toutes ces "elles" sont anonymes, elles n'ont pas de prénom, aucun nom propre dans ces 300 pages, sauf celui de la ville de Paris. Des femmes anonymes, mais pas invisibles, pas insipides, pas passives, quoi qu'en pensent certains hommes. Elles se battent pour assurer le présent, se protègent pour construire l'avenir, se transmettent ou pas leur courage et leur ténacité. Elles ont fort à faire, tant les prédateurs sont nombreux, qui en veulent à leur argent, leur terre, leur corps, leur vie. Elles veulent être indépendantes, dignes, libres sans rien devoir à personne, sans négocier ni se soumettre, quitte à serrer les dents et la ceinture.
Cette anonymisation rend parfois la lecture un peu laborieuse, par moments on ne sait plus trop de qui on parle, mais elle fait toucher à l'universel au travers de ces destins particuliers. "Elle" ou une autre, c'est la même solidarité, la même lutte pour la famille, l'avenir.
Avec son écriture brute et puissante, sans pathos, "Défriche coupe brûle" est un bel hommage à ces femmes, combatives envers et contre tout.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Histoire de trois générations de femmes, dans un espace-temps dont les contours restent flous, exceptée l'évocation de Paris – même si l'on comprend facilement qu'il y est question du Salvador, et de la guerre civile qui y a éclaté entre 1979 et 1992 -, Défriche coupe brûle nous fait nous confronter à une narration tout aussi floue, du fait du mélange des temporalités, mais aussi du fait de l'imprécision complète existant entre les femmes évoquées, chacune étant la mère, la fille, la soeur… sans avoir une identité à part entière qui faciliterait leur reconnaissance, et donc la compréhension du récit. Est-ce une façon, non seulement d'insister sur le fait que cette histoire est celle, finalement, de toutes les femmes, donnant au roman un caractère fabuleux – au sens de fable -, bien que le récit des évènements soit tout sauf extraordinaire, mais plus encore de symboliser la place de la femme dans la société, qui n'est qu'une mère, une soeur parmi d'autres, et n'a aucune raison d'être identifiée autrement ?

Dans tous les cas, le roman nous conte les violences faites aux femmes, qu'elles soient d'ordre physique, moral, ou sociétal, avec beaucoup de force, de réalisme, d'empathie, et ce par un mélange paradoxal de descriptions de scènes de la vie quotidienne on ne peut plus communes – même lorsqu'il est question des rebelles cachés dans la montagne pendant la guerre, et dont l'une des femmes fera partie – et d'explorations fouillées des sentiments et sensations qui donnent corps et profondeur à chaque femme du récit. Violences subies, en temps de guerre comme en temps de paix, autant en lien avec leur féminité qu'avec leur maternité, violences qui peuvent, au travers des scènes quotidiennes racontées, paraître pour certaines, elles aussi, banales, comme faisant partie des meubles de la condition féminine. Violences qui font d'elles des êtres subalternes malgré la place centrale qu'elles occupent, et dans la société, et dans la famille, qu'elles ont parfois occupée aussi pendant la guerre. Et c'est ce qui, à mon sens, rend le propos si fort dans ce roman : les choses nous sont racontées dans leur plus parfaite banalité, ne les rendant qu'encore plus indignes et inacceptables.

Ces générations de femmes, que Claudia Hernandez choisit de nous conter, ce sont des combattantes, chacune à sa manière, en ce qu'elles refusent la condition qui leur est imposée, en ce qu'elles prennent, métaphoriquement ou non, les armes, pour reprendre leur juste place dans la société patriarcale qui veut les reléguer le plus bas possible. Ce sont des femmes qui se construisent sans l'homme, et qui de fait détonnent et scandalisent au sein de cette société patriarcale. Finalement, bien qu'elles n'aient pas d'identité à proprement parler au début du roman, elles la gagnent au fur et à mesure, en même temps que le lecteur parvient de plus en plus facilement à les distinguer comme des individus à part entière, grâce à ces postures de combattantes, envers et contre tout. Et c'est particulièrement réussi.

Je remercie les éditions Métailié et NetGalley pour cette nouvelle découverte.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Ce que j'ai ressenti:

« Quand elles ressortirent, son coeur battait très fort. »

Et moi, j'aimerai vous parler d'elles. Elles n'ont pas de noms. Elles sont mères, femmes, soeurs, tantes, filles…Elles sont meurtries, fortes et déterminées. Elles sont guerrières, étudiantes, tristes. Elles sont au foyer, reliées, absentes. Elles se démènent dans un monde d'hommes, toutes résistent. Elles transmettent, cuisinent, subissent. Et tour à tour, on entend leurs souvenirs, leurs espoirs, leurs projets d'avenir. Certaines connaîtront la guerre, d'autres l'après-guerre, mais le sentiment d'injustice reste sur leurs destins comme un mauvais karma. Elles et chacune d'elle prise dans la masse destructrice de cette société patriarcale qui les broie comme du grain. Qu'importe les sacrifices, les luttes ou les exploits qu'elles ont fait, elles ne seront jamais considérées. Mais elles ont un coeur qui bat très fort, à nous lecteur, de les entendre, ces battements…Pour Elles…

« le passé était un luxe que seuls pouvaient s'offrir ceux qui n'avaient pas été obligés de tirer. »

Trois générations de femmes vont se succéder dans ce roman, mais on ne connaîtra ni les noms ni les lieux de cette guerre. La guerre prend tous les possibles, les avenirs et les histoires. La guerre arrache tout sur son passage, mais quand il est temps de reconstruire c'est souvent, en défaveur du peuple qui a combattu ardemment. Les terres sont confisquées, redistribuées, morcelées, brûlées…Même en temps d'après-guerre, la violence sévit encore et la peur reste présente dans tous les esprits. Défriche Coupe Brûle, c'est comme son titre, des actions plus que des histoires romancées. Les noms et les lieux pourraient tout aussi bien être inter-changés que cela n'y changerai pas, c'est l'horreur et la douleur des gens que l'on reçoit à plein feu.

« La femme lui offre son aide sans condition. »

Toutefois, il y a un certain espoir à voir ces femmes se battre, pour leur avenir, leur famille, leurs terres. Et c'est ce qui m'aura touchée dans ce roman. Elles s'adaptent et veulent se créer un espoir, en prenant leurs vies en main, tout en restant unies jusqu'au bout. Elles sont femmes, mères, filles, tantes, soeurs, et ces mots veulent dire quelque chose dans leur coeur, malgré toute la brutalité du monde, elles ont une force en elles qui les maintient, ensemble. C'est un très beau premier roman que je vous recommande!


Ma note Plaisir de Lecture 9/10

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Une guerre civile sanglante a embrasé le Salvador entre 1979 et 1992, avec ses trop célèbres "escadrons de la mort." Les séquelles sont douloureusement présentes aujourd'hui dans un pays toujours marqué par la violence. Même s'il n'est jamais nommé dans Défriche coupe brûle, le premier roman de Claudia Hernandez, c'est bien du Salvador dont elle parle, même si son propos peut être facilement élargi à de nombreux pays d'Amérique latine. Les personnages du livre, féminins pour la plupart, n'y ont pas de nom : elles sont mère ou fille (les deux à la fois pour certaines) et représentent trois générations. Celle que l'on suit de manière préférentielle a accompagné son père dans les montagnes et a participé activement à la guerre, du côté du peuple rebelle. Elle pourrait être une héroïne de mélodrame, elle dont la première fille a été "vendue" à son corps défendant à une mère adoptive française. Sa quête pour la retrouver, à la fin du conflit, fournit parmi les plus belles pages du roman qui en compte beaucoup. Cette guerrière a eu 4 autres filles, aux aspirations différentes dont le destin nous est révélé également. Les histoires se mêlent et s'il est parfois difficile de savoir qui est qui, vu l'absence de noms et de prénoms, la puissance narrative et l'extrême densité du livre maintiennent sans faute en alerte. Oui, la guerre est finie au Salvador mais les temps restent hostiles pour toutes ces femmes magnifiées par la plume de Claudia Hernandez. A la fois étouffant et lumineux, Défriche coupe brûle révèle un talent brut de conteuse qui s'ajoute aux grands noms de la littérature latino-américaine.
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Des femmes sans nom mais avec une grande histoire. Tel est le point de départ de ce récit touchant. Après une guerre qui a ravagé le pays, le lecteur aura l'occasion de suivre le quotidien de ces battantes, celles qui ont lutté pour leurs familles, comme celles qui ont lutté pour leur partie. Des femmes en reconstruction et qui ne cesseront jamais de se battre.

C'est un très beau récit que j'ai découvert ici. Il est vrai que le système narratif m'a énormément surprise au départ, puisqu'ici il n'y a aucun prénom pour différencier les personnages féminins, aucun nom de ville mentionné, à part celui de Paris. Je dois dire que ce procédé m'a parfois déroutée mais que j'ai également trouvé que c'était cela qui octroyait la force nécessaire à ce récit.

Ici, c'est une histoire féminine et une véritable ode à la femme que nous propose l'auteure. J'ai été très touchée en suivant l'histoire de chacune d'elles. Si le personnage principal est l'une d'elles, le récit ne se focalisera pas uniquement sur ce personnage, mais également sur sa famille, composée de filles également.

On assiste à la reconstruction du personnage principal qui devra se battre pour ses filles. D'une part, on découvre comment la jeune femme doit survivre en pleine guerre. Ensuite, c'est la manière dont elle devra aller de l'avant une fois la guerre finie qui est abordée. C'est d'une grande intensité émotionnelle.

La plume de l'auteure est particulière. Avec des phrases longues, l'auteure déroule son intrigue. Pourtant, malgré cette longueur, j'ai trouvé que la lecture était vraiment fluide. Il est vrai qu'il faut rester très concentré afin de pas perdre le fil, de par le manque de prénoms. le style est percutant. Avec des mots simples, l'auteure sait maintenir l'attention du lecteur tout au fil des pages.

Un très belle histoire qui est une véritable ode aux femmes, servi par une narration particulière et originale. C'est une très belle découverte.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Quel livre ! Une vraie découverte culturelle et historique sur le Salvador que je ne connaissais pas du tout. La narration est originale, j'avoue que cela m'a déroutée parfois, car les personnages ne sont jamais nommés mais appelés par leur position dans la famille par rapport à l'héroïne (ex : la mère, la fille, la mère de la mère...). L'histoire est dure et relate la condition des femmes, en temps de combats puis lorsque la paix est décrétée... mais il leur reste tant de combats à mener... l'auteure nous montre un bel exemple de résilience et de détermination, une force de caractère malgré les épreuves... tout en idéalisant pas du tout ses héroïnes mais en les montrant au contraire sans fards.

Un livre intéressant et instructif, même si la traduction parfois alourdit le texte et que la tournure des phrases est curieuse...
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Quand la fiction décrit si bien la réalité.... Les éditions Métailié nous offre ce roman du Salvador qui se déroule dans la période après le conflit du pays, ou d'un autre dans la région, dont on ne parle plus, alors que les conséquences sont encore présentes. L'auteure met en scène des femmes principalement, qui essaient de se reconstruire, après avoir subi tant d'exactions qu'il nous est impossible d'imaginer qu'elles puissent reprendre le fil d'une vie quotidienne. L'auteure, qui a interrogé plusieurs femmes pour écrire ce texte, ne nomme pas ses héroïnes. Son écriture particulière permet également une distanciation nécessaire pour réaliser que l'oppression des femmes là-bas est aussi un combat universel. le contexte géopolitique met en relief une littérature que l'on a trop peu l'occasion de lire.
Merci à NetGalley et aux éditions Métailié.
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Un roman atypique, notamment par sa forme avec l'absence quasi totale de nom propre (le seul mentionné étant Paris), que ce soit pour les personnages ou les lieux. Je craignais que cela n'entrave ma lecture, mais finalement cela amène une sorte de poésie au roman, même si je me suis un peu perdue entre les personnages à 2-3 reprises.
C'est une lecture exigeante mais qui en vaut la peine, dépeignant une femme forte qui se bat pour sa famille. Un livre qui mérite d'être découvert!
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