AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Walkyrie29


Ce roman jeunesse au format plutôt court est une très belle lecture. N'allons pas croire que sous prétexte que ce soit du jeunesse, cela manque de profondeur, bien au contraire, l'adolescent se retrouvera dans ce titre entre le mal être, la quête de soi et au final une renaissance possible, une vision précaire et formatée transformée pour quelque chose de plus humaniste et de plus sauvage aussi.

Amélia, 16 ans, est la fille unique de deux parents très occupés par leur vie professionnelle, l'un est un grand chirurgien, l'autre une magistrate parisienne. Perdue dans sa solitude et son mal être qu'elle alimente à coup de paquets de biscuits et autres sucreries, Amélia a quelques kilos en trop et ne manque de rien. Elle laisse vivre son adolescence des idées préconçues plein la tête et parfois ruminant sa rancoeur pour une mère et un père trop parfaits par des attitudes brusques et bourrues. Et puis tout change, le jour où sa mère reçoit une lettre de Mongolie. Il s'agit d'un courrier de la directrice d'un centre d'aide pour enfants que la mère d'Amélia aide financièrement depuis qu'elle y a fait un court séjour. de là naissent des discussions entre la mère et le père sur leur expérience humanitaire passée, leurs voyages, la mère est déstabilisée, le père lui est emballé et propose d'y retourner. Amélia, bien malgré elle, accepte de vivre l'expérience.

Amélia est une adolescente assez banale, elle est mal dans peau, traîne un léger surpoids, accuse le coup d'une peine de coeur, s'enferme dans une solitude que ses parents absents ignorent. Il y a un profond mal être dans ce personnage qui vit sa vie au jour le jour sans but dans son confort parisien, qui chaque jour se compare à ses parents à la quarantaine épanouissante, et plus particulière à cette mère belle et mince, dont elle est bien loin de ressembler. Elle n'était pas du tout prête à vivre l'expérience qui va se présenter à elle, au contraire, la Mongolie ça la faisait plutôt « chier » d'y aller, pas franchement la destination estivale rêvée ! Et pourtant, elle va se prendre une claque et de là, la jeune fille sera transformée, aura mûri, et comprendra certainement quelques signes d'un secret bien enfoui.

La Mongolie, pays à la culture riche, aux paysages froids et secs, des steppes à perte de vue, aux cheveux sauvages galopant dans le vent, aux habitants nomades aux yeux bridés et aux joues rougies par le froid sans oublié son thé salé. Cet aspect là est plutôt beau, humain et sain, dans les contrées sauvages du moins car à Oulan – Bator, l'influence occidentale n'a pas forcément eu des bienfaits, de même que la sédentarisation du peuple, qui vit la pauvreté, desservi par la drogue et l'alcool, la jeunesse y compris. C'est dans ce contexte citadin que l'association « The Shelter » vient en aide aux orphelins, aux enfants abandonnés à eux – mêmes dans les rues, aux enfants battus ou abusés qui trouvent un refuge promettant un repas chaud, un lit douillet, un minimum d'hygiène et une famille d'accueil. Amélia va se heurter à cet univers à milles lieux de ce qu'elle vit tous les jours à Paris, elle va s'attacher au petit Mukshuk au regard innocent mais déjà marqué, faire des rondes de nuit pour trouver ses jeunes errants, et ouvrir les yeux face à une réalité du monde qui lui était jusque là inconnue. Une expérience unique, dépaysante et bouleversante pour la jeune adolescente qu'elle vivra en compagnie des autres membres de l'association, Franck, homme dur mais aussi très impliqué, Simon, gentil et compréhensif, Oyenza, douce et maternelle et Bakar, forte et indépendante.

Une métamorphose pour elle et une prise de conscience aussi, ce roman a le mérite de proposer une lecture intelligente tout en simplicité. L'auteure a choisi, une thématique assez difficile en soit pour montrer que peu importe ce que l'on est ou croit être, ce n'est pas figé, que l'espoir est là, mais aussi que parfois on ne peut rien face aux horreurs du monde. Elle inculque les choses avec douceurs et un réalisme qui ne cache rien. L'auteure a une qualité d'écriture incroyable en cela, la lecture ne paraît pas innocente ou immature bien au contraire.

En bref, « Là où naissent les nuages » est une lecture qui associe émotion et humanité et qui vous dépaysera en vous offrant un sublime et généraux voyage au coeur de la pauvreté et de la culture Mongole. Magnifique !
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}